Le Nouvel Économiste

“La peinture et le sexe ont des choses en commun”

Devant des légumes à Mayfair, la peintre britanniqu­e parle de Marcel Proust, du “désir ardent” de peindre, et explique en quoi la maternité l’a amenée à rejoindre la “race humaine”

- JACKIE WULLSCHLAG­ER, FT

Juste après avoir terminé la Slade art school, Cecily Brown est arrivée deuxième au concours John Jones Open. Le prix consistait en un billet d’avion pour NewYork. C’était en 1994, l’essor du groupeYoun­g British Artists (YBA) était à son apogée. Cecily Brown, peintre gestuelle, non conceptuel­le, ne revint jamais. Elle revient si peu à Londres que lorsque je lui ai proposé de choisir un lieu pour déjeuner, elle ne savait pas où aller. “Je n’attache de valeur sentimenta­le à aucun endroit. Le premier endroit auquel j’ai pensé est un indien végétarien dans Drummond Street, où j’allais étudiante quand j’étais fauchée, mais ils ne prennent pas de réservatio­ns.” Finalement, elle a choisi un restaurant où elle n’est jamais allée : HIX Mayfair, dans l’hotel Brown lambrissé d’acajou, tellement vieille Angleterre – Agatha Christie était une habituée. La galerie Thomas Dane est au coin de la rue ; Cecily Brown est à Londres pour une exposition solo dans cette galerie, qu’elle appelle son “retour aux sources”. Légère, mince, aux allures de jeune fille – elle a 46 ans – en veste polaire noire et jean, les cheveux noirs en queue-de-cheval et des traits anguleux mais délicats et mobiles, d’immenses yeux marron, elle entre nerveuseme­nt et rit avec surprise parce que l’endroit est décoré d’oeuvres de YBA (Young British Art) mythiques. Le néon rose deTracey Emin‘ I LovedYou More Than I Can Love’ au-dessus de la cheminée ; le papier peint d’Angus Fairhurst

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