Henri Audier, administrateur du CNRS
“Catastrophe programmée”
“Aggraver la pénurie de scientifiques qui se profile, c’est programmer le suicide d’une nation. La France et l’Europe vont manquer cruellement d’ici à quelques petites années de scientifiques, d’ingénieurs, d’universitaires, de chercheurs du secteur public ou privé. Depuis cinq ans, nombreux sont ceux qui ont tiré la sonnette d’alarme, individuellement ou collectivement, de l’Académie des sciences aux syndicats. Cette catastrophe programmée est confirmée par deux rapportspp de l’Inspectionp générale de l’Éducation nationale et de la recherche (IGENR), qui viennent d’être publiés à la Documentation française. La Commission européenne ne dit pas autre chose quand elle constate qu’au regard des États-Unis et du Japon, il manque 700 000 scientifiques en Europe, et donc de l’ordre de 100 000 en France. Or c’est en ce début de siècle que se joue la qualité de notre recherche et de notre enseignement supérieur pour les trente ans qui viennent. Près de la moitié des scientifiques va devoir être remplacée en dix ans, du fait des départs en retraite. Passer de 2 % à 3 % du PIB pour la recherche implique d’accroître fortement le potentiel humain public et privé. Il faudra faire son deuil d’une politique de l’innovation ou du développement d’industries à forte valeur ajoutée, si on ne possède pas, pour ce faire, les gens formés par la recherche.../...”