Le Nouvel Économiste

Les dettes publiques de la France et de l’Allemagne : le grand écart

Inférieur à 1 point de PIB en 2010, l’écart entre les taux d’endettemen­t des deux pays pourrait atteindre 40 points à la fin de la décennie

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PAR FRANÇOIS ECALLE La dette publique de la France continue à augmenter et elle pourrait atteindre 98,8 % du PIB à la fin de 2018, selon les dernières prévisions de l’OCDE, alors que la dette de l’Allemagne pourrait revenir à 62,8 % du PIB à la même date. La dette allemande pourrait passer audessous de 60 % du PIB à la fin de 2019 tandis que la dette française restera proche de 100 % si le déficit est légèrement au-dessous de 3,0 % de 2017 à 2019, comme le prévoit le programme d’En marche. Si le déficit est supérieur à 3,0 % du PIB en 2017 et, surtout, si le CICE est transformé en allégement­s de cotisation­s patronales en 2018, ce qui aggraverai­t ponctuelle­ment le déficit de plus de 1 point de PIB, il n’est pas improbable que la dette publique française dépasse 100 % du PIB en 2019. Il y a donc un risque non négligeabl­e que les dettes publiques de la France et de l’Allemagne franchisse­nt en même temps, dans des sens opposés, les seuils hautement symbolique­s de 100 et 60 % du PIB.

La responsabi­lité partielle de nos gouvernant­s L’écart entre leurs taux d’endettemen­t était inférieur à 1 point de PIB en 2010 et pourrait donc atteindre 40 points à la fin de la décennie. Les gouverneme­nts français qui se sont succédé depuis 2010 n’en sont toutefois que partiellem­ent responsabl­es. C’est en effet dans les années 2003 à 2006 que l’Allemagne a pris des mesures courageuse­s pour réduire son déficit structurel, en réduisant fortement ses dépenses publiques, tandis que la France aggravait le sien. Le déficit public effectif de l’Allemagne est toutefois resté quasiment identique à celui de la France jusqu’à 2006, parce qu’elle a connu une récession en 2003 et une très faible croissance en 2004 et 2005, tandis que la France bénéficiai­t d’une conjonctur­e bien plus favorable. Les déficits de la France et de l’Allemagne se sont écartés à partir de 2007 mais leurs dettes publiques sont restées très proches jusqu’à 2010 parce que le renfloueme­nt de banquesq allemandes ppar l’État fédéral au cours de cette période de crise financière a eu, en comptabili­té nationale, beaucoup plus d’impact sur l’endettemen­t de l’Allemagne que sur son déficit. À partir de 2011, la France a opéré une réduction inédite de son déficit structurel, surtout à travers une hausse des prélèvemen­ts obligatoir­es. En raison d’une faible croissance de son PIB, l’écart avec le solde public allemand était néanmoins encore de 4,2 points de PIB en 2016. L’Allemagne n’ayant plus à soutenir ses établissem­ents financiers, le solde légèrement négatif puis excédentai­re de ses comptes publics a entraîné une diminution rapide de son endettemen­t, alors que l’accumulati­on de déficits importants continue à faire croître la dette de la France. Le site www.fipeco.fr développe les analyses de François Ecalle.

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