Nicolas Hulot somme EDF d’accélérer la transition vers les énergies renouvelables
Pour le ministre français de l’Environnement – qui a reçu le FT –, le fournisseur d’électricité doit changer de modèle, et vite.
Nicolas Hulot,, le ministre françaisç de l’Énergie et de l’Environnement, a demandé à EDF de lui présenter un plan précis pour passer de l’énergie nucléaire à l’énergie renouvelable. La France envisage de changer la gouvernance de EDF, fournisseur historique d’électricité, pour que le groupe recentre son action...
Nicolas Hulot,, le ministre françaisç de l’Énergie et de l’Environnement, a demandé à EDF de lui présenter un plan précis pour passer de l’énergie nucléaire à l’énergie renouvelable. La France envisage de changer la gouvernance de EDF, fournisseur historique d’électricité, pour que le groupe recentre son action sur les énergies renouvelables. Le gouvernement d’Emmanuel Macron veut en finir avec la dépendance de la France à l’énergie nucléaire, socle de sa politique énergétique depuis cinquante ans. Nicolas Hulot a déclaré au ‘Financial Times’ que le premier producteur d’énergie français doit effectuer une transition vers des
“C’est compliqué quand l’opérateur, EDF, ne fournit pas son scénario-maison pour atteindre ces objectifs” dit-il. “Aujourd’hui, ce qui change, c’est que j’ai demandé un plan précis à EDF.”
énergies de compatibles l’environnement avec au la protection lieu de “résister”. Le processus pourrait nécessiter une modification de la structure du groupe et comprend le projet de fermeture d’ici quinze ans de 25 réacteurs nucléaires sur les 58 qu’il exploite en France. “C’est compliqué quand l’opérateur, EDF, ne fournit pas son scénariomaison pour atteindre ces objectifs”
dit-il. “Aujourd’hui, ce qui change, c’est que j’ai demandé un plan précis à EDF.” “Tout est sur la table, nous sommes en phase de discussions, y compris à propos de la gouvernance” a déclaré M. Hulot lors de cet entretien avec le Financial Times. Il insiste sur le fait que cela n’implique pas nécessairement de changer l’équipe de direction actuelle. “EDF a deux priorités : gérer le parc nucléaire d’un côté, et les énergies renouvelables de l’autre. L’architecture actuelle d’EDF est-elle la bonne pour faire face aux challenges du XXIe siècle ? Une réflexion est en cours.” Les déclarations de M. Hulot, militant écologiste et opposant souvent virulent à l’énergie nucléaire, mettent EDF au pied du mur, même si le ministre a accordé au ggroupep – dont l’État français possède 85 % des parts – plus de temps pour réduire la production d’électricité nucléaire. Le cours de l’action EDF a perdu 10 % lundi 13 novembre après l’annonce de la baisse de ses objectifs de bénéfices et de trésorerie. La consommation est en recul et la remise en marche de certains réacteurs nucléaires vieillissants a connu des retards. La semaine dernière, M. Hulot a déclaré que la France a l’intention de réduire la proportion d’électricité à base d’énergie nucléaire de 75 à 50 % de la consommation totale d’ici à 2035, au lieu de 2025. Pour M. Hulot, cette décision est “pragmatique” : elle tient compte des objectifs de réduction des émissions de CO2 et des 200 000 emplois que représente le nucléaire. Mais M. Hulot a souligné lors de cet entretien qu’il attend maintenant d’EDF qu’il fixe des étapes concrètes pour réduire la production d’électricité issue du nucléaire en termes absolus. EDF a conduit le pari français d’après-guerre sur l’énergie nucléaire, et fournit la France en électricité peu chère et à basses émissions de carbone depuis des décennies. Aujourd’hui, le groupe se débat avec un endettement important et des dépassements de budgets sur la construction de réacteurs nucléaires en France, en Finlande et au Royaume-Uni. “EDF peut se régénérer avec les énergies renouvelables… Son intérêt n’est pas de suivre la politique de l’autruche, mais celle de la girafe, de voir loin” dit M. Hulot. “Demain, la norme ne doit plus être l’énergie nucléaire mais l’énergie renouvelable. C’est une révolution totale de notre modèle.” M. Hulot, qui présentait une émission populaire sur les sports d’aventure et la nature dans les années 1990, apporte un style totalement différent à un gouvernement dominé ppar les technocrates pro-business. Âgé de 62 ans, il admet être obsédé par le kitesurf. Son père fut chercheur d’or au Venezuela. M. Hulot a conseillé différents gouvernements des deux bords sur les politiques environnementales, mais il a décliné des ministères sous les présidents Chirac, Sarkozy et Hollande. Aujourd’hui, il dit être souvent “impatient” et “exaspéré”, et rappelle que son pragmatisme n’ira pas jusqu’à franchir
“des lignes rouges”. Il n’hésiterait pas à quitter le gouvernement en un clin d’oeil, menace dont il a souvent fait part à la presse. Depuis sa nomination par Emmuel Macron en mai dernier, Nicolas Hulot a annoncé un plan pour interdire la vente de voitures à essence et diesel, assorti d’aides financières pour les ménages modestes, et la fin de la production de pétrole et de gaz naturel en métropole et dans les territoires d’outre-mer d’ici à 2040. C’est un geste surtout symbolique, car la France ne produit que 1 % de sa consommation d’hydrocarbures. Dans son bureau du XVIIIe siècle sur le boulevard Saint-Germain, M. Hulot a rappelé son combat quotidien contre “l’inertie monstrueuse” qui règne dans les couloirs du pouvoir à Paris et à Bruxelles. L’activiste contre le changement climatique a été l’ambassadeur français du climat durant les négociations qui ont permis les historiques Accords de Paris pour réduire le réchauffement climatique. Il regrette que les États membres de l’UE ne témoignent plus “du même enthousiasme et de la même unanimité” sur cette question. Les ministres de l’Environnement du monde entier se rencontrent cette semaine à Bonn en Allemagne pour discuter de la mise en oeuvre des Accords de Paris. M. Hulot estime que la décision de Donald Trumpp de retirer les États-Unis de ce processus peut se comparer à “faire un doigt d’honneur aux victimes du réchauffement climatique” et qu’il “envoie le mauvais message” au moment où les scientifiques annoncent que les engagements sur la réduction des émissions ne vont pas assez loin pour contenir l’augmentation des températures à 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle. “Nous entrons dans une phase très dangereuse, le réchauffement climatique global pourrait devenir irréversible” dit-il. Le ministre français a reconnu être préoccupé par la Pologne, qui tire 90 % de son électricité de centrales à charbon et se montre réticente à respecter ses objectifs de réduction d’émissions, alors qu’elle accueillera le très important Sommet sur le climat de l’ONU, l’an prochain. “La Pologne est prisonnière de ses propres contradictions” dit-il. “Nous n’avons pas d’autre option, nous tous, que d’augmenter nos engagements.” M. Hulot avait fait campagne sans succès lors de l’élection présidentielle de 2012. Il dit ne tirer “aucun
plaisir” de sa position de pouvoir et confie qu’il oublie les frustrations fréquentes de son rôle en se souvenant de ses plongées sous-marines avec les baleines lors des tournages de son émission de télévision ‘Ushuaia’. Il porte un pendentif en forme de queue de baleine en argent autour du cou, gage de son amour pour ces mammifères. Une grande photo en noir et blanc d’un Nelson Mandela méditatif sous un portrait géant du Mahatma Gandhi l’aide à garder son calme. Pour l’instant, le ministre français, en tête des sondages de popularité, dont on annonce souvent la démission imminente, reste en place. Mais si l’on se fie au t-shirt marqué du logo “School of Kite Surf” qu’il porte sous sa chemise ouverte, les vagues de la côte bretonne où vivent son épouse et ses enfants ne sont jamais loin de son esprit. “Symboliquement, cela signifie que reprendre mon ancienne vie serait aussi facile que d’enlever ma chemise” dit-il.
“EDF peut se régénérer avec les énergies renouvelables… Son intérêt n’est pas de suivre la politique de l’autruche, mais celle de la girafe, de voir loin” dit M. Hulot. “Demain, la norme ne doit plus être l’énergie nucléaire mais l’énergie renouvelable. C’est une révolution totale de notre modèle”