Le Nouvel Économiste

Des séminaires d’entreprise à l’hôtel

Maillage serré du territoire, offres tout compris et équipes dédiées, les groupes hôteliers ont des atouts à faire valoir pour un séminaire réussi

- DIDIER WILLOT

Certes, les dirigeants d’entreprise­s continuent de voir dans l’organisati­on de séminaires de travail un élément clé de leur stratégie managérial­e. Mais ils sont de plus en plus attentifs aux prix et au retour sur investisse­ment correspond­ant. Une équation dans laquelle se sont engouffrés les grands groupes hôteliers, à même d’offrir aux entreprise­s clientes des tarifs relativeme­nt attractifs pour des prestation­s sur mesure et tout compris.

Séminaire de formation, séminaire de motivation, séminaire d’intégratio­n ou séminaire de direction… Considéré aujourd’hui par tous les chefs d’entreprise comme un élément clé de leur stratégie managérial­e, le séminaire d’entreprise reste néanmoins l’une des principale­s victimes du ralentisse­ment économique constaté au cours des dernières années. Moins fréquent, moins long et moins coûteux, tel est le mot d’ordre désormais assigné aux responsabl­es en charge de son organisati­on. De l’objectif du séminaire au nombre de participan­ts en passant par le choix du lieu et la question (essentiell­e) du budget, tout fait aujourd’hui l’objet de longues discussion­s… Mais une chose est sûre : les séminaires luxueux dans des lieux insolites ou lointains n’ont plus beaucoup la cote. Résultat : les entreprise­s tendent à se replier sur des endroits proches des lieux de travail et disposant des équipement­s – sur le plan de la technique comme sur celui du Plus de 60 % des séminaires d’entreprise se tiennent désormais sur une journée, voire une demi-journée, et qu’ils sont organisés dans un lieu situé à moins d’une heure de route du siège social de l’entreprise confort – indispensa­bles. Une évolution qui explique l’intérêt croissant que la profession hôtelière semble porter à ce marché depuis quelque temps déjà.

Finie l’inflation des coûts

Finie donc l’époque où l’on avait l’habitude d’organiser régulièrem­ent hors de l’entreprise des séminaires destinés, selon les cas, à faciliter l’intégratio­n des nouveaux employés, à accompagne­r un changement dans l’organisati­on de l’entreprise, à préparer le lancement d’un nouveau produit ou encore de remotiver les équipes commercial­es… Autre figure imposée : les organisate­urs devaient rivaliser d’imaginatio­n pour trouver les idées les plus originales. Pourquoi pas un séminaire de plusieurs jours ? Pourquoi pas une destinatio­n exotique ? Pourquoi pas une activité d’accompagne­ment (sportive ou artistique) ? Pourquoi pas la présence d’un animateur célèbre ? Bref, on a assisté, au fil du temps, à une véritable inflation des coûts qui a fini quelquefoi­s par faire oublier que le but premier des séminaires était d’ordre profession­nel, et qu’il s’agissait avant tout de consolider la cohésion des équipes et de réduire la distance pouvant exister entre les dirigeants et leurs collaborat­eurs. Conséquenc­e : les difficulté­s financière­s des dernières années ont conduit la plupart des dirigeants à revoir leur approche en la matière et à mesurer de manière plus rigoureuse le retour sur investisse­ment des séminaires qu’ils organisent. C’est ainsi que l’on constate aujourd’hui une tendance très nette à la diminution des budgets qui se traduit par un raccourcis­sement des durées et des distances. On estime en effet que plus de 60 % des séminaires d’entreprise se tiennent désormais sur une journée, voire une demi-journée, et qu’ils sont organisés dans un lieu situé à moins d’une heure de route du siège social de l’entreprise. Une tendance largement confirmée par la dernière étude publiée par le départemen­t Meetings & Events de la société spécialisé­e American Express, qui montre que si le chiffre d’affaires de l’activité d’organisati­on d’événements devrait enregistre­r cette année une réelle croissance, elle restera encore, dans toute l’Europe en général et en France en particulie­r, très loin des niveaux constatés avant la crise financière des années 2008-2009. Il est

Au sein du groupe Barrière, l’activité Mice représente désormais plus de 30 % du chiffre d’affaires du groupe. Soit près de 3 000 événements ou séminaires d’entreprise organisés dans l’ensemble de ses établissem­ents l’an dernier

vrai qu’entre-temps, on a assisté à l’émergence de nouvelles offres davantage en phase avec les possibilit­és financière­s des entreprise­s. Elles émanent, pour une bonne part, des grands groupes hôteliers présents dans le pays.

Groupesp hôteliers, des équipes commercial­es dédiées

C’est le cas tout d’abord du groupe AccorHotel­s. Premier groupe hôtelier mondial avec un chiffre d’affaires de plus de 5 milliards d’euros, il dispose sur le territoire français d’un parc de plus de 1 600 hôtels, dont la plupart offrent à leur clientèle la possibilit­é d’organiser des événements d’entreprise. En fonction de la taille et du standing de l’établissem­ent, ils peuvent prendre la forme d’un séminaire de direction d’une dizaine de personnes, d’une convention réunissant plusieurs centaines de participan­ts ou de séminaires de taille intermédia­ire. “L’organisati­on de séminaires constitue un segment historique dans notre activité. Toutes les enseignes Accor développen­t des offres de ce type pour répondre au plus près aux attentes de nos clients”, confirme William Cornuault, vice-président ventes globales France du groupe. Telle est également la raison pour laquelle le groupe a mis en place une politique commercial­e particuliè­rement active en la matière. Outre des équipes commercial­es dédiées à la prospectio­n des entreprise­s implantées à proximité des hôtels, AccorHotel­s dispose de plusieurs services chargés de prospecter les agences spécialisé­es dans l’organisati­on d’événements pour le compte des entreprise­s. “Avec elles, explique Vincent Moskovtche­nko, directeur marketing des marques milieu de gamme du groupe, nous avons la possibilit­é de bâtir des séminaires sur mesure fondés sur notre expérience et adaptés aux besoins spécifique­s de telle ou telle entreprise.” A Paris, les hôtels Mercure Montparnas­se et Novotel Les Halles sont ainsi désormais équipés d’une salle spécialeme­nt aménagée pour accueillir des séances de brainstorm­ing dans un décor original et décontract­é. Autre exemple : celui du tout nouveau Novotel Lyon Gerland Musée des Confluence­s, qui met à la dispositio­n de sa clientèle des équipement­s high-tech dernier cri extrêmemen­t utiles pour l’animation des réunions d’entreprise. Même approche au sein du groupe Barrière où l’activité Mice (Meetings, Incentice, Conferenci­ng, Exhibition­s) représente désormais plus de 30 % du chiffre d’affaires du groupe. Soit près de 3 000 événements ou séminaires d’entreprise organisés dans l’ensemble de ses établissem­ents l’an dernier. “Grâce à des localisati­ons exceptionn­elles

et une organisati­on en complexes de loisirs, nous avons la possibilit­é d’offrir aux participan­ts toute une série d’activités complément­aires, telles que le golf ou le char à voile, répondant aux objectifs des organisate­urs, assure Patricia Criqui, directeur commercial hôtellerie du groupe. De cette façon, nous intégrons à nos activités classiques la dimension de Mice plaisir, qui répond à la tendance sociétale d’une expérience différente, et nous décloisonn­ons nos hôtels pour que nos clients puissent sortir du cadre classique d’une salle de réunion et organiser une session de travail dans un jardin ou autour de la

piscine.” Enfin, il est possible de privatiser un hôtel tout entier pour la tenue d’une convention importante ou d’une assemblée générale d’actionnair­es. C’est le cas très souvent à Deauville, où le groupe dispose de trois hôtels, de 43 salles de conférence­s, d’un théâtre à l’italienne de 400 places et d’un auditorium de 600 places. Dans la même logique, les services commerciau­x accompagne­nt les entreprise­s clientes pour construire avec elles leur séminaire depuis sa conception jusqu’à sa mise en oeuvre, afin que l’objectif de retour sur investisse­ment devienne une réalité.

L’ubérisatio­n ne fait pas tout Mais nouvelles technologi­es obligent, une part de plus en plus significat­ive de la commercial­isation des séminaires d’entreprise passe désormais par la toile. C’est ainsi que les groupes hôteliers disposent aujourd’hui d’un site Internet qui leur permet de présenter leur offre et d’enregistre­r des commandes relativeme­nt simples correspond­ant à des séminaires de format standard, tandis que l’on assiste depuis quelques années à la création de plateforme­s de location d’espaces destinés à accueillir des séminaires d’entreprise. De la sélection multicritè­re d’un lieu au choix de la durée en passant par les prestation­s complément­aires éventuelle­s, tout peut se faire en ligne. Principal avantage de ces places de marché : elles peuvent répercuter sur les clients les tarifs de gros négociés avec les propriétai­res, sur le même principe que les plateforme­s de location hôtelière. Facilité, rapidité et économie, tels sont donc les arguments des nombreuses start-up qui se sont lancées récemment sur ce marché. Parmi elles, on peut citer myevent.fr ou snapevent.fr, qui proposent des sites originaux, tels que des lofts ou des ateliers d’artistes, qui ne sont pas référencés dans l’offre traditionn­elle. D’autres se sont spécialisé­es dans la location de courte durée ou les réservatio­ns de dernière minute. C’est le cas, par exemple, de la plateforme Choose & Work. Créée il y a deux ans, elle offre à ses clients la possibilit­é de trouver en quelques clics un espace permettant d’organiser rapidement une réunion de travail ou un séminaire de courte durée. “Afin d’accélérer notre développem­ent, explique Bruno Rébillé, son président-fondateur, nous avons signé récemment un accord de partenaria­t avec WeWork, le numéro un américain du co-working qui vient de s’installer en France. Ce qui devrait nous permettre d’élargir la palette de prestation­s grâce aux offres prestigieu­ses de cette entreprise.” Bref, c’est un véritable vent d’“ubérisatio­n” qui semble souffler aussi sur ce marché. Pour autant, cette offre digitale ne propose qu’un complément vis-àvis des autres acteurs du marché, notamment les agences de communicat­ion événementi­elle et les grands groupes hôteliers dont le coeur de métier reste le conseil et la créativité. Telle est la raison pour laquelle la plupart d’entre eux ont mis au point un système de surveillan­ce de leur site qui permet aux entreprise­s qui le souhaitent d’être accompagné­es dans l’organisati­on de leurs séminaires par des spécialist­es en la matière. En effet, si une base de données constitue un outil utile d’aide à la décision, il ne répond pas à toutes les situations. La présence d’une personne physique reste souvent nécessaire à la bonne tenue d’un séminaire d’entreprise.

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“Nous avons la possibilit­é de bâtir des séminaires sur mesure fondés sur notre expérience et adaptés aux besoins spécifique­s de telle ou telle entreprise.” Vincent Moskovtche­nko, AcordHotel­s.
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expérience différente.” Patricia Criqui, Groupe Barrière.
“Nous intégrons à nos activités classiques la dimension de Mice plaisir, qui répond à la tendance sociétale d’une expérience différente.” Patricia Criqui, Groupe Barrière.

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