Le Nouvel Économiste

Comment compenser un manque à gagner de 8 milliards ?

Quatre solutions possibles, une probable

- FRANÇOIS ECALLE

Le président de la République a confirmé que la taxe d’habitation (TH) sera totalement supprimée. Or les prévisions de finances publiques du programme de stabilité qui vient d’être publié n’intègrent manifestem­ent que l’exonératio­n de 80 % des ménages, dont le coût sera d’environ 10 Mds€ pour les administra­tions publiques. La suppressio­n totale de la TH réduira les recettes publiques...

Le président de la République a confirmé que la taxe d’habitation (TH) sera totalement supprimée. Or les prévisions de finances publiques du programme de stabilité qui vient d’être publié n’intègrent manifestem­ent que l’exonératio­n de 80 % des ménages, dont le coût sera d’environ 10 Mds€ pour les administra­tions publiques. La suppressio­n totale de la TH réduira les recettes publiques de 8 Mds€ supplément­aires et, arithmétiq­uement, il y a seulement quatre solutions pour la financer.

Quatre solutions pour une même équation

La première consiste à relever de 8 Mds€ le déficit public prévu dans le programme de stabilité. Ce serait très imprudent car la dette publique est encore de presque 90 % du PIB en 2022 dans ce programme. En outre, la réduction du déficit y est surtout conjonctur­elle, c’est-à-dire imputable à une croissance non durable de l’activité économique. Alors que nous serons encore loin en 2022 de l’équilibre structurel – corrigé des fluctuatio­ns de la conjonctur­e – des comptes publics, cette solution conduirait à aggraver le déficit public structurel.

La deuxième consiste à faire 8 Mds€ d’économies supplément­aires en 2022 et c’est la plus vertueuse, mais elle n’est pas crédible. En effet, les objectifs de maîtrise des dépenses publiques inscrits dans le programme de stabilité sont déjà ambitieux, et il n’est pas du tout certain qu’ils puissent être réalisés.

La troisième solution consiste à financer ces 8 Mds€ grâce à une progressio­n des recettes publiques plus forte que prévu dans le programme de stabilité. Elle est bien trop risquée. En effet, si le Haut Conseil des finances publiques juge la prévision de croissance du gouverneme­nt réaliste pour 2018 et atteignabl­e pour 2019, et si les recettes fiscales pourraient augmenter un peu plus fortement que prévu en 2018, le Haut Conseil considère que ces prévisions sont optimistes pour les années 2020 et suivantes.

La dernière solution, la seule qui soit réaliste et prudente, consiste à augmenter d’autres prélèvemen­ts obligatoir­es. Si les impôtsp ppeuvent être répartisp différemme­nt entre l’État et les collectivi­tés locales et entre les différente­s catégories de collectivi­tés, par exemple en transféran­t la taxe foncière des départemen­ts aux communes, il restera toujours nécessaire au bout du compte d’augmenter de 8 Mds € des prélèvemen­ts obligatoir­es autres que la TH.

Il ne s’agit pas de créer un nouvel impôt puisqu’il suffit de relever le taux de prélèvemen­ts qui existent déjà. La pression fiscale n’augmentera globalemen­t pas puisque ces hausses d’impôts compensero­nt la suppressio­n de la taxe d’habitation. Elles pourraient toucher uniquement les 20 % de ménages ayant les plus hauts revenus, qui ne devaient pas être exonérés de TH. Il suffit pour cela d’augmenter l’impôt sur leurs revenus. Cette quatrième solution est donc compatible avec les propos tenus par le président.

Le site www.fipeco.fr développe les analyses de François Ecalle.

Il ne s’agit pas de créer un nouvel impôt puisqu’il suffit de relever le taux de prélèvemen­ts qui existent déjà. La pression fiscale n’augmentera globalemen­t pas puisque ces hausses d’impôts compensero­nt la suppressio­n de la taxe d’habitation

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