Avocats disrupteurs
Une nouvelle génération d’avocats tente d’inventer les nouvelles pratiques d’une nouvelle relation client
Droit & juridique
Comme d’autres secteurs de l’économie et les professions libérales, de nouvelles applications et modus operandi ont fait évoluer le quotidien des avocats. Cependant, sur le fond, le métier semble sensiblement le même qu’il y a dix ou quinze ans pour Sophie Amar, fondatrice d’Amar Legal, cabinet spécialiste du droit social. “Parler de nouvelle génération d’avocats est plutôt un effet de mode, de marketing. Il est vrai que tout est numérique grâce au cloud et à la dématérialisation des postes de travail, qui créent une forme de nomadisme de la profession. En revanche, le travail n’a pas changé.”
De nouveaux acteurs
incontournables du secteur de droit ont en parallèle changé la
donne. “Les legaltechs [qui proposent des services juridiques en ligne, ndlr] prennent en charge des
tâches à faible valeur ajoutée. Elles vont nous contraindre de changer
nos pratiques”, complète Sophie Amar qui ne se sent pas menacée par leurs activités. Benjamin Chouai et Fabrice Epstein ont créé Saul Associés après des expériences fructueuses
dans divers grands cabinets. Pour eux, la transition est bel et bien engagée. Sur leur site Internet, ils vantent leurs qualités d’“avocats modernes”. “Il s’agit d’un avocat proche de ses clients, réactif et disponible”, argue Benjamin Chouai. Leur cabinet propose plusieurs approches nouvelles. D’abord, des abonnements ou “packs” de prestations destinés à des clients qui “prennent des risques”, de jeunes entreprises dynamiques par exemple. Par ailleurs, exit la verticalité des rapports hiérarchiques classiques dans ce cabinet à taille humaine. “Le modèle de l’avocat junior et senior a un peu vécu et ne fonctionne plus. Nos clients connaissent nos jeunes collaborateurs qui s’investissent pour eux dans un type de dossier”, poursuitLa responsabilisation de toute une équipe est l’enjeu central face à des clients qui confient aux cabinets leurs intérêts, et pas seulement une affaire. Quant à Sabah Boumelsa, avocate d’affaires durant dix ans en France et à l’étranger, elle a profité du “split” de son dernier cabinet pour ralentir la cadence, et poser un regard critique sur son métier pour mieux se/le réinventer. Elle crée le cabinet “Rêveability” en 2014, “un cabinet d’avocat d’affaires nouvelle génération” dans la capitale. “Je voulais changer la manière de communiquer des cabinets traditionnels et avoir un nom qui ait un sens. Selon moi, nous sommes là pour accompagner des rêves, des projets.” Face à des clients frileux quant aux tarifs d’un marché “opaque”, l’avocate propose des “legal box”. Des box RGPD ou visant les acteurs de l’économie collaborative peuvent intéresser des plateformes en ligne pour
“Les legaltechs [qui proposent des services juridiques en ligne] prennent en charge des tâches à faible valeur ajoutée. Elles vont nous contraindre de changer nos pratiques”