Le Nouvel Économiste

La conformité de dernière minute au RGPD

À 15 jours de l’entrée en applicatio­n du RGPD, les entreprise­s sont loin d’être conformes. Quelques mesures pour prouver sa bonne foi, à défaut de sa conformité effective

- SOPHIE SÉBIROT

Dans deux semaines, tous les organismes, publics comme privés, traitant des données personnell­es des citoyens européens devront être conformes au Règlement général sur la protection des données (RGPD). Si la situation est déjà bien avancée pour certaines structures, d’autres voient arriver l’échéance avec angoisse car leur mise en conformité est loin d’être acquise. Recommanda­tions de dernière minute pour être conforme a minima, avant le début d’une nouvelle ère en matière d’utilisatio­n et de protection des données personnell­es.

C’est un fait : en dépit de la multitude de conférence­s, webinars et autres publicatio­ns destinées à aider les organisati­ons à être conformes le jour J, ces dernières ne seront pas toutes ni totalement conformes au RGPD le 25 mai prochain. Loin s’en faut. Selon une étude Forrester, début 2018, “Il ne faut pas que le RGPD soit source d’angoisse : Il n’est jamais trop tard pour se mettre en conformité, car il s’agit d’un chantier colossal”

seulement 26 % des entreprise­s européenne­s étaient conformes au RGPD. “Pour certaines entreprise­s, les dernières recommanda­tions à mettre en oeuvre sont plutôt les premières”, note Me Gérard Haas, avocat et fondateur du cabinet Haas et

avocats. “Nous avons assisté à une période d’attentisme de la part de certaines sociétés qui n’ont pas pris la mesure de l’ampleur du chantier

de la mise en conformité”, confirme Patrick Tisser, consultant manager chez NTT Security. Un autre point tout aussi avéré est qu’il est impossible pour une société d’être à 100 % conforme au RGPD en quelques semaines. Des mesures de dernière minute s’imposent donc pour démontrer la bonne foi et la volonté des organisati­ons d’y être conforme. “Pour les retardatai­res, il convient de prioriser les actions et d’éviter d’agir dans l’urgence au risque de mal faire”, insiste Raphaël Brun, manager en charge du projet RGPD chez Wavestone. Me Haas dédramatis­e : “Il ne faut pas que le RGPD soit source d’angoisse : il n’est jamais trop tard pour se mettre en conformité, car il s’agit d’un chantier colossal”.

La check-list de dernière minute

Si la CNIL n’attend pas une conformité à 100 % des entreprise­s, il importe néanmoins d’être conforme sur les points majeurs du texte, au

risque de sanctions graves. “La première question qu’une entreprise doit se poser est dans quelle mesure elle est concernée par le RGPD. À partir de là, il convient de mettre en place des mesures adéquates”, fait remarquer Paul-Oliver Gibert, expert pour les Assises de la sécurité et président de l’AFCDP (Associatio­n française des correspond­ants à la protection

des données personnell­es). La check-list de dernière minute devrait comporter les points suivants : “désigner un pilote, même si la structure n’est pas dans un contexte où elle en aurait l’obligation ; effectuer le recensemen­t des traitement­s de données personnell­es et s’interroger sur des grands thèmes tels que la minimisati­on des données collectées, les modalités d’informatio­ns de recueil du consenteme­nt, l’identifica­tion des cas de recours aux sous-traitants ; mettre en oeuvre de mesures visant à assurer la sécurité de données et documenter l’ensemble des actions menées, dans l’optique de démontrer la conformité à tout moment”, fait valoir Dominique Soulier, membre du conseil d’administra­tion du Clusif (Club de la sécurité de l’informatio­n français).

Désigner un DPO ou un chef de projet

La désignatio­n d’un DPO (Délégué à la protection des données) fait partie des mesures à même de démontrer la volonté d’une entreprise d’être conforme au

RGPD. “La nomination d’un DPO est conseillée car elle constitue une marque de respect du RGPD. Il s’agit donc d’un acte important pour bien commencer sa mise en conformité”, souligne Paul-Olivier Gibert. Pour les grands groupes, NTT Security

préconise la nomination de DPO

relais pour chaque filiale. “La mise en place d’un chef de projet est idéale, mais toutes les structures ne peuvent se le permettre pour des raisons de ressources humaines ou financière­s”, note Marco Pasqualott­o, directeur juridique et affaires réglementa­ires de Hub One. Pour les PME, Raphaël Brun recommande de désigner un DPO externe : “il décryptera le RGPD en leur indiquant ce qui est vraiment important, les accompagne­ra et leur évitera d’engager des dépenses qui ne sont pas indispensa­bles”.

Disposerp d’un registre g de traitement des données

CNIL comme experts le répètent à l’envi : disposer d’un registre de traitement des données est primordial. “À compter du 25 mai, la charge de la preuve concernant la protection des données personnell­es pèsera sur les entreprise­s. Les organisati­ons doivent documenter tout ce qu’elles vont mettre en place pour protéger les données personnell­es comme sensibles”,

explique Marco Pasqualott­o. “L’une des premières choses à faire est de cartograph­ier les données, puis de définir un plan d’action et mettre en oeuvre une démarche qualité”, précise Me

Haas. “Il est important de savoir quelles données sont collectées, pourquoi, pour combien de temps et d’appliquer le principe de minimisati­on

des données”, explique Darine Fayed, responsabl­e juridique de la société d’emailing Mailjet.

Le consenteme­nt des clients

La protection des données personnell­es imposée par le RGPD nécessite de recueillir le consenteme­nt des clients pour les utiliser. “Lorsque l’on dispose du consenteme­nt des personnes, il est important

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 ??  ?? “La première question qu’une entreprise doit se pposer est dans qquelle mesure elle est concernée par le RGPD. À partir de là, il convient de mettre en place des mesures adéquates.” Paul-Oliver Gibert,AFCDP.
“La première question qu’une entreprise doit se pposer est dans qquelle mesure elle est concernée par le RGPD. À partir de là, il convient de mettre en place des mesures adéquates.” Paul-Oliver Gibert,AFCDP.

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