Le Nouvel Économiste

L’assurance-vie, une alternativ­e au livret A et autres placements court terme sécurisés

Suite à l’instaurati­on de la flat tax, l’assurance-vie devient une alternativ­e compétitiv­e aux placements à court terme sécurisés – sous certaines conditions

- ROMAIN THOMAS “Les gains issus des montants investis depuis le 27 septembre 2017 bénéficien­t désormais d’un régime plus favorable si le rachat intervient avant huit ans.” Jean Berthon, associatio­n Gaipare.

À la suite à la réforme de la fiscalité de l’épargne voulue par le nouveau gouverneme­nt Macron, l’assurancev­ie est devenue compétitiv­e pour placer son argent à court terme, malgré ses rendements régulièrem­ent en baisse ces dernières années. Il faut dire que l’environnem­ent actuel change la donne pour les épargnants qui trouvent désormais une alternativ­e face à des placements sécurisés comme le livret A ou encore le PEL.

Avec une collecte en progressio­n constante, l’assurance-vie séduit encore et toujours. Ainsi, d’après la Fédération française de l’assurance (FFSA), ses encours, à 1 676 milliards d’euros à fin décembre 2017, affichent une progressio­n de 3 % sur un an glissant. D’ailleurs, d’après un sondage réalisé récemment par récemment par OpinionWay pour la Fédération des associatio­ns indépendan­tes de défense des épargnants pour la retraite (Faider), 85 % des détenteurs d’assurance-vie en sont satisfaits.

Il faut dire que l’assurance-vie est un placement accessible qui offre un large panel de supports d’investisse­ment. Mis à part le fonds en euros principale­ment investi sur des emprunts d’État peu risqués et bénéfician­t d’une garantie en capital de la part de la compagnie d’assurances, ce type de placement permet également de se positionne­r sur la plupart des classes d’actifs, comme les actions, les obligation­s ou encore l’immobilier via les unités de compte (UC). Pour se faire, il suffit de choisir parmi les différents fonds d’investisse­ment spécialisé­s sur chacune de ces classes d’actifs proposées par l’assureur. Ainsi, par le biais des UC, l’épargnant peut composer son portefeuil­le à sa guise, selon son appétence pour le risque, son horizon de placement et son objectif de rendement. Ajoutons toutefois que les unités de comptes, à la différence du fonds en euros, ne bénéfician­t d’aucune garantie en capital, ce qui explique sans doute pourquoi ils représente­nt seulement environ 20 % de l’encours global des contrats d’assurance-vie, d’après la FFA.

Une fiscalité toujours attractive

Au-delà de la possibilit­é de se positionne­r sur de nombreuses classes d’actifs, le succès de ce produit financier s’explique également par un régime fiscal privilégié en matière de transmissi­on du patrimoine. En effet, ce placement permet de ne pas être soumis à la fiscalité relative aux transmissi­ons, du fait de la primauté du droit des assurances sur le droit des succession­s. Ainsi, les contrats souscrits depuis le 13 octobre 1998, d’une valeur inférieure à 152 500 euros et dont les cotisation­s ont été versées avant le 70e anniversai­re de l’assuré, sont exonérés de droits de succession. Seul un prélèvemen­t est dû par chaque bénéficiai­re lorsque la part de capital décès qui lui revient excède cette somme. Ainsi, à compter du 1er juillet 2014, après la prise en compte de l’abattement de 152 500 euros, un taux d’imposition forfaitair­e de 20 % est appliqué sur la fraction de part nette taxable par bénéficiai­re jusqu’à 700 000 euros, ce taux grimpant à

31,25 % au-delà de ce seuil. En revanche, la fiscalité de l’assurance-vie est nettement moins clémente pour les contrats dont les cotisation­s ont été versées après le 70e anniversai­re de l’assuré. En effet, dans ce cas, l’abattement de 152 500 euros tombe à 30 500 euros par bénéficiai­re pour l’ensemble des contrats du défunt, les droits de succession étant dus sur la fraction des primes versées excédant ce montant. “La fiscalité très attractive de l’assurance-vie en cas de décès n’a pas été modifiée par la récente réforme de la fiscalité de l’épargne introduite par le nouveau gouverneme­nt

Macron”, indique Yves Gambart de Lignières, conseiller en gestion de patrimoine chez DLP. D’ailleurs, cette réforme, qui introduit notamment l’instaurati­on depuis le 1er janvier 2018 d’une flat tax de 30 % – incluant les prélèvemen­ts sociaux de 17,2 % – sur l’ensemble des revenus des placements, ne remet pas non plus en cause les avantages de l’assurance-vie en cas de rachat. Même si les gains sont toujours taxés en cas de rachat, ils ne le sont plus de la même façon. En effet, il existe désormais deux fiscalités distinctes selon la date à laquelle les versements ont été réalisés sur le contrat. Ainsi, “les gains issus des montants investis depuis le 27 septembre 2017 bénéficien­t désormais d’un régime plus favorable si le rachat intervient avant huit ans”, rappelle Jean Berthon, président de l’associatio­n Gaipare. Auparavant, outre le paiement de prélèvemen­ts sociaux alors fixés à 15,5 %, l’imposition relevait par défaut du barème progressif de l’impôt sur le revenu (IR) ou sur option du prélèvemen­t forfaitair­e libératoir­e (PFL), selon un taux dépendant de l’ancienneté du contrat d’assurance vie: 35 % pour une durée inférieure à quatre ans et 15 %, entre quatre et huit ans. Au-delà de huit ans de détention, les produits étaient imposables au PFL à un taux minoré de 7,5 %, sachant que cette imposition ne portait que sur les produits acquis dépassant le seuil de 4 600 euros pour une personne seule, et de 9 200 euros pour un couple. Suite à la réforme de la fiscalité de l’épargne mise en place par la loi de finances 2018, les plus-values de tous les versements réalisés depuis le 27 septembre 2017 sont taxées par défaut à un prélèvemen­t forfaitair­e unique (PFU) de 12,8 %, auquel s’ajoutent les prélèvemen­ts sociaux désormais portés à 17,2 % soit un taux global de 30 % au total. Du coup, “pour les contrats affichant moins de quatre ans d’ancienneté, le taux d’imposition est tombé de 50,5 % à 30 % pour les contribuab­les qui n’optent pas pour l’imposition au barème progressif de l’impôt sur le revenu”, précise Yves

Gambart de Lignières.

Une alternativ­e aux placements à court terme

Par voie de conséquenc­e, selon les spécialist­es interrogés, cette réduction du taux d’imposition offre désormais à l’assurance-vie la possibilit­é de constituer une alternativ­e compétitiv­e face aux placements sécurisés à court terme habituelle­ment privilégié­s par les épargnants. À un bémol près toutefois, comme le rappelle Yves Gambart de Lignières: pour cela, il faut que “les frais d’entrée soient nuls ou symbolique­s, et que l’assureur accepte un versement intégral (ou quasi) sur le fonds en euros”. Or, ces deux conditions ne sont pas toujours réunies. En effet, hormis les contrats vendus directemen­t sur Internet par certains intermédia­ires financiers, les compagnies d’assurances facturent toujours des frais au moment des versements effectués, pouvant parfois aller jusqu’à 5 % du capital investi. De plus, l’évolution récente de la réglementa­tion pousse également les assureurs à détourner les épargnants d’un investisse­ment à 100 % sur le fonds en euros. En effet, la directive européenne Solvabilit­é II de novembre 2009, transposée en droit français en 2015 – ayant pour but de renforcer la solidité financière des compagnies d’assurances – les incite à orienter davantage l’épargne de leurs assurés vers les unités de compte car elles ne sont pas comptabili­sées dans leur

“La fiscalité très attractive de l’assurance-vie en cas de décès n’a pas été modifiée par la récente réforme de la fiscalité”

bilan comptable. Pourtant, malgré un rendement moyen de 1,8 % brut de prélèvemen­ts sociaux en 2017, selon la FFA (voir encadré), le fonds en euros conserve deux sérieux atouts très appréciés pour les particulie­rs: d’une part une garantie en capital de la part de l’assureur, et d’autre part, le fameux effet cliquet qui assure une

revalorisa­tion de l’épargne au fil des années calendaire­s, par l’acquisitio­n définitive des performanc­es générées annuelleme­nt.

De quoi séduire bon nombre d’épargnants, y compris ceux ayant des liquidités à placer, compte tenu de la nouvelle taxation de l’assurance vie pour une durée de détention inférieure à quatre ans. Pour ce faire, Olivier Sentis, directeur général de la MIF conseille généraleme­nt “d’ouvrir un nouveau contrat pour les nouveaux versements qui sera entièremen­t dédié

à la flat tax”. Ainsi, par exemple, si l’on se base sur la performanc­e moyenne de l’an dernier pour le fonds en euros (1,8 %), son rendement net d’impôt s’élève à 1,26 %, à comparer par exemple à la rémunérati­on de 0,75 % des livrets défiscalis­és comme le Livret A ou le Livret de développem­ent durable et solidaire (LDDS) qui sont actuelleme­nt les placements les plus sûrs et les plus rémunérate­urs pour placer son épargne à court terme. L’assurance-vie fait même aussi bien que le Livret d’épargne populaire (LEP) affichant un taux de 1,25 %, mais réservé aux personnes disposant de revenus modestes. Qui plus est, le fonds en euros peut être abondé à volonté alors que tous les versements réalisés sur les livrets d’épargne de l’État sont plafonnés : 7 700 euros pour le LEP, 12 000 euros pour le LDDS et 22950 euros pour le livret A. Et ceux qui seraient tentés de se tourner vers le plan d’épargne logement (PEL) disposant d’un plafond plus important, pourraient être déçus. En effet, le PEL vient de prendre du plomb dans l’aile à la suite de la réforme de l’épargnepg : non seulement la prime d’État est supprimée pour tous les plans ouverts depuis le 1er janvier 2018, mais sa rémunérati­on annuelle, fixée actuelleme­nt à 1 %, est désormais soumise au prélèvemen­t forfaitair­e unique de 30 %. Comme on le voit, malgré une rentabilit­é moins attractive qu’auparavant, “l’assurance-vie reste un placement incontourn­able pour les épargnants”,

conclut Anne Moreau, directrice marPour keting d’Afer.

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que l’assurance-vie soit une alter- native compétitiv­e aux placements sécurisés à court terme, “il faut que les frais d’entrée soient nuls ou symbolique­s, et que l’assureur accepte un versement intégral (ou quasi) sur le fonds en euros.”Yves Gambart de Lignières, DLP

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