L’effondrement du journal imprimé
La suppression de la déclaration d’impôt papier, la fin des tickets restaurants, l’extinction de l’argent liquide, alors pourquoi pas celle du journal imprimé? Depuis le déboulé de l’Internet au milieu des années 90, la question de la mise à la retraite de la matière de base de l’information est régulièrement posée. À mesure que se développe le digital, l’élément papier est de moins en moins indispensable. L’ordinateur et l’Internet y sont pour beaucoup, le smartphone et les réseaux mobiles enfoncent le clou. L’information du monde entier tient désormais dans le creux de nos mains. Alors a-t-on encore besoin du papier? Coup d’oeil dans le rétroviseur : les supports radios et télévisions n’ont pas remplacé le support presse. Alors pourquoi donc le numérique y parviendrait-il ? Certains se sont risqués à envisager la fin de la presse imprimée : une enquête diffusée sur Arte en 2015 évoquait l’extinction des journaux pays par pays en s’appuyant sur une étude d’un chercheur. Quelques dates de disparition: 2022 en Australie, 2024 en Espagne, 2029 en France, 2030 en Allemagne, 2017 aux États-Unis... A priori raté. Pourtant, la dynamique n’est pas en faveur du papier. Le papier est affaibli par la concurrence des écrans. Plus le temps passe, plus la structure de coûts de l’imprimé souffre de la comparaison avec le numérique. Distribution et fabrication représentent jusqu’à 55 % des coûts dans la presse quotidienne (PQN) et 60 % dans la presse magazine*. Pour y faire face, les éditeurs – en particulier de PQN – ont créé des modèles d’entreprise caractérisés par des économies d’échelles. Chaque hausse de la diffusion permettant d’amortir sur un plus grand nombre d’exemplaires les coûts fixes engagés. Seul problème: la tendance actuelle est à la baisse de la diffusion papier donc à l’augmentation du coût moyen de l’exemplaire. Ainsi, moins le lecteur lit un journal papier, plus cet imprimé coûte cher à fabriquer et distribuer. Ces dernières années, les journaux ont compensé cette mécanique infernale en augmentant les prix de vente des produits. Viendra un jour où les éditeurs feront face au “mur” industriel du papier. C’est à ce moment-là que le papier disparaîtrait. Ou a défaut deviendra un produit de luxe.