Les acheteurs de la grande distribution constatent cependant qu’ils ont de moins en moins d’allocations de grands crus
Chaque année, lors des foires aux vins de septembre, les enseignes de la grande distribution (GD) communiquent via leurs catalogues et leurs sites Internet sur les grands crus du Bordelais qu’ils mettent en vente. Pourtant, officiellement, bien peu de châteaux acceptent de vendre leurs précieuses bouteilles en grandes surfaces. Question d’image ! Mais alors comment la GD fait-elle pour s’en procurer ? C’est simple : les châteaux du Bordelais n’ont pas vraiment leur mot à dire car ils ne vendent en général pas en direct, mais par la place de Bordeaux. Ce sont donc les négociants bordelais qui servent d’intermédiaires entre eux et leurs clients. “Les négociants vendent à la GD car ce sont leurs clients pour les autres vins, ceux qui ne sont pas des grands crus, mais dont ils ont de gros volumes à écouler, révèle le journaliste Hakim Bendaoud. Donc pour pouvoir vendre leurs vins moins cotés, ils doivent concéder quelques grands crus à la GD.”
Et qu’en pensent les grands crus ? “Ils ne sont pas ravis de voir leurs bouteilles dans les rayonnages, mais ils y trouvent leur compte, explique Hakim Bendaoud. Ça leur permet d’avoir de la visibilité, ils ont besoin qu’on connaisse leur marque ; la ligne rouge, c’est que le produit ne soit pas galvaudé.” Les acheteurs de la grande distribution constatent cependant qu’ils ont de moins en moins d’allocations de grands crus. Car la concurrence se fait vive entre l’export, la vente en ligne, les cavistes… L’offre est imitée, alors que la demande n’a jamais été aussi soutenue. Problème : cette baisse des allocations a un impact sur les clients finaux. Si les enseignes de la GD communiquent sur les grands crus qu’ils vendent en foires aux vins à des prix raisonnables (en faisant très peu de marge, 3 %, voire 0 %), en réalité, un client aura bien du mal à mettre la main dessus. “Il n’y a pas assez de bouteilles pour que chaque magasin en ait. Et elles sont souvent pré-vendues lors des soirées de promotion organisées par les magasins qui sont arrivés à capter quelques caisses”, prévient Hakim Bendaoud.