Le financement discret
L’affacturage confidentiel, un moyen de sécuriser sa trésorerie en toute discrétion et en préservant la relation clients
Les entreprises françaises sont de plus en plus nombreuses à faire appel à des solutions d’affacturage. Il faut dire que cette technique financière offre bien des avantages aux entreprises à la recherche de liquidités immédiates. Néanmoins, elle présente le risque de dégrader les relations avec leurs clients. C’est la raison pour laquelle certaines entreprises se tournent vers l’affacturage confidentiel qui permet notamment d’éviter cet écueil.
Affacturage classique, notifié, confidentiel, inversé, importexport… les entreprises n’ont aujourd’hui que l’embarras du choix pour financer et sécuriser leurs créances client. Et elles ne s’en privent pas, si l’on en croit les statistiques publiées par l’Association française des sociétés financières (ASF). L’an dernier, plus de 43 000 entreprises en France ont eu recours à cette technique financière. D’ailleurs, selon Éric Turbot, directeur général délégué au commerce chez BNP Paribas Factor, “l’affacturage est aujourd’hui la première technique de financement court terme des entreprises françaises, devant le découvert”.
Il faut dire que l’affacturage représente un outil idéal pour financer sa trésorerie. En effet, ce dispositif permet à une société de céder ses créances client à un organisme financier spécialisé, appelé affactureur ou “factor”. Elle récupère ainsi immédiatement de la trésorerie, charge ensuite à cet organisme d’en assurer le recouvrement. Or, rappelons-le, la trésorerie est une préoccupation constante du chef d’entreprise car bien souvent, les problèmes surgissent lorsqu’elle vire dans le rouge. C’est notamment le cas lorsque les retards de paiement et les impayés se multiplient. Or, d’après une étude publiée récemment par l’ANCR, le syndicat national des cabinets de recouvrement de créances et de renseignements commerciaux, si les délais de paiement étaient respectés, la trésorerie libérée s’élèveraient à 12 milliards d’euros par an dans l’Hexagone. Qui plus est, selon la société d’information financière Altares, les comportements de paiement se sont dégradés sensiblement au cours du premier semestre 2018, les retards de règlement repassant au-dessus du seuil de dix jours.
Le couteau suisse du recouvrement
Face à une telle situation, l’affacturage apparaît donc comme une aubaine. En effet, comme l’indique Thierry Duval, directeur général de Duval & Associés, “cette technique de financement est ouverte à tous les segments de chiffre d’affaires”. Autre avantage à prendre en compte, les solutions d’affacturage peuvent également proposer d’autres types de services, comme la prévention du risque d’impayés ou encore la gestion administrative du compte client : relance, recouvrement amiable, pré contentieux ou contentieux des factures, gestion des règlements, etc. Elles sont également en mesure d’aider les sociétés dans leur
Avant d’avoir recours à l’affacturage, il est conseillé d’avoir préalablement connaissance des caractéristiques de ses factures pour mieux cerner ses besoins
développement à l’international à travers la formule de l’affacturage import-export.
Les dirigeants sont de plus en plus nombreux à avoir saisi tout l’intérêt de recourir à l’affacturage. Ainsi, d’après l’ASF, sur les seuls six premiers mois de l’année 2018, le montant des créances prises en charge par les sociétés d’affacturage a progressé de 9,9 % par rapport au premier trimestre de l’an dernier. Quoi qu’il en soit, avant d’avoir recours à l’affacturage, il est conseillé d’avoir préalablement connaissance des caractéristiques de ses factures, c’est-à-dire d’être en mesure de déterminer précisément non seulement leur volumétrie, mais aussi le montant et le délai moyen de leurs créances client par exemple. Il s’agit d’éléments précieux pour cerner précisément leur besoin, et notamment pour réaliser une pré-sélection parmi toutes les offres proposées sur le marché. Reste ensuite à étudier dans le détail le coût et les modalités du contrat. Comme le rappelle Françoise Palle-Guillabert, délégué général de l’ASF, “les services du factor sont rémunérés à travers deux composantes principales : la commission d’affacturage (ou de service) et la commission de financement”. La première correspond aux opérations de gestion (enregistrement et suivi des factures, relance des débiteurs et traitement des litiges, lettrage des paiements et leur remise en banque, restitution des éléments de comptabilité clients), tandis que la seconde repose sur un taux de référence bancaire calculé en fonction du montant et de la période de financement demandés. Au global, “le coût de l’affacturage est compris dans une fourchette allant de 0,15 % à 3 % du chiffre d’affaires confié”, précise Thierry Duval.
La solution de l’affacturage confidentiel
Mais au-delà de son coût, l’inconvénient pour une entreprise d’avoir recours à cette technique de financement est le risque de voir se dégrader les relations avec ses clients. Raison pour laquelle certains se tournent vers une variante de l’affacturage classique proposant davantage de souplesse et de transparence : l’affacturage confidentiel. En faisant ce choix, la société conserve la maîtrise totale de la gestion de son poste clients, ces derniers n’étant pas informés de l’existence d’un quelconque contrat d’affacturage. Dans le principe, l’entreprise cède toujours ses créances commerciales à un factor, mais c’est elle qui garde en interne la relance et l’encaissement des factures, contrairement à la formule de l’affacturage classique.
Ainsi, “l’affacturage confidentiel permet de recevoir un financement anticipé de ses factures, tout en gardant la discrétion vis-à-vis de ses clients”, indique Éric Turbot. De quoi éviter aux chefs d’entreprise de mettre en péril leur relation client-fournisseur. Précisons toutefois qu’en cas d’insolvabilité d’un de ses débiteurs, la société est protégée, puisque les contrats d’affacturage confidentiels incluent également une assurance-crédit. Si l’un des clients dépose son bilan par exemple, la société est donc indemnisée par le factor.
Toutefois, cette forme d’affacturage n’est pas offerte à toutes les entreprises. En effet, la plupart du temps, “ce type de contrat est réservé aux sociétés disposant d’une organisation interne efficace dans la gestion de ses comptes clients” précise Thierry Duval. Elles doivent donc avoir une infrastructure suffisante leur permettant de disposer d’équipes dédiées au recouvrement des créances. Pour s’en assurer, il arrive que certaines sociétés d’affacturage décident de faire appel à des cabinets d’audit pour vérifier l’efficacité du recouvrement et la qualité des créances avant de s’engager. Autre condition exigée par les sociétés de factoring pour mettre en place un contrat d’affacturage confidentiel : leur chiffre d’affaires annuel TTC doit être conséquent et se chiffrer au minimum à plusieurs millions d’euros. “Seules les entreprises structurées avec un historique comptable et une certaine santé financière y sont éligibles”, ajoute Olivier Burdeyron, dirigeant d’Affactassur. Le plus souvent, les factors mettent en place ce genre de contrat pour les entreprises travaillant de préférence avec des grands comptes ou des établissements publics. En dessous d’un certain seuil de chiffre d’affaires, les factors peuvent en revanche proposer d’autres prestations, comme l’affacturage semi-confidentiel, aussi appelé affacturage notifié non géré, ou affacturage délégué. Seule différence avec l’affacturage confidentiel : le client est informé que la facture a été remise à un factor, mais il paie toujours l’entreprise en direct. Qu’il s’agisse d’affacturage confidentiel ou semi-confidentiel, le secteur d’activité de l’entreprise n’entre pas en ligne de compte dans la décision de l’affactureur ; il peut aussi bien s’agir d’une société ayant une activité domestique ou au contraire d’une structure souhaitant se développer principalement à l’international. En revanche, “l’affacturage confidentiel s’adresse aux entreprises évoluant dans le monde du BtoB”, précise Olivier Burdeyron.
Dans le principe, l’entreprise cède toujours ses créances commerciales à un factor, mais elle garde en interne la relance et l’encaissement des factures, contrairement à la formule de l’affacturage classique
En dessous d’un certain seuil de chiffre d’affaires, les factors peuvent proposer d’autres prestations, comme l’affacturage semiconfidentiel