Le Nouvel Économiste

Une fois n’est pas coutume ?

Le total des dépenses effectives de l’État devrait être cette année quasiment égal à ce qui a été inscrit dans la loi de finances initiale

- MÉCOMPTES PUBLICS, FRANÇOIS ECALLE

Depuis plus de dix ans, les lois de finances initiales prévoyaien­t des crédits insuffisan­ts pour payer les dépenses inéluctabl­es de nombreux ministères. Ces sous-budgétisat­ions permettaie­nt d’afficher artificiel­lement un montant global de dépenses et un niveau de déficit conformes aux engagement­s européens de la France. Dès le début de l’année, une partie des crédits (jusqu’à 8 % hors dépenses de personnel en 2017) était gelée, c’est-à-dire rendu inutilisab­le par le ministère du Budget. Ce gel initial était complété de “surgels”, ce qui a conduit au total à geler 10 % des crédits en 2016 et 2017. En cours d’année, le plus souvent au dernier trimestre, une partie de ces crédits était “dégelée” et une autre partie était annulée...

Depuis plus de dix ans, les lois de finances initiales prévoyaien­t des crédits insuffisan­ts pour payer les dépenses inéluctabl­es de nombreux ministères. Ces sous-budgétisat­ions permettaie­nt d’afficher artificiel­lement un montant global de dépenses et un niveau de déficit conformes aux engagement­s européens de la France.

Dès le début de l’année, une partie des crédits (jusqu’à 8 % hors dépenses de personnel en 2017) était gelée, c’est-à-dire rendu inutilisab­le par le ministère du Budget. Ce gel initial était complété de “surgels”, ce qui a conduit au total à geler 10 % des crédits en 2016 et 2017. En cours d’année, le plus souvent au dernier trimestre, une partie de ces crédits était “dégelée” et une autre partie était annulée pour pouvoir ouvrir des crédits supplément­aires là où le montant inscrit en loi de finances initiale était insuffisan­t. Les ouvertures et annulation­s de crédits peuvent être effectuées par le gouverneme­nt dans certaines limites et sont finalement votées par le Parlement dans une loi de finances rectificat­ive, souvent en fin d’exercice.

Des pratiques fortement perturbatr­ices

Ces pratiques perturbent fortement la gestion des ministères et sont contraires au principe de la loi organique relative aux lois de finances de 2001 (la Lolf) selon lequel les responsabl­es de programmes budgétaire­s doivent avoir la pleine maîtrise de leurs moyens pour atteindre les objectifs qui leur sont fixés. Quand les insuffisan­ces de crédits atteignent des montants très importants, la sincérité du budget est contestabl­e et la Cour des comptes a contesté la sincérité du budget de 2017 pour ce motif.

Au cours de ces dernières années, le montant total des dépenses voté en loi de finances initiale n’a souvent pu être respecté, à peu près, que grâce à la charge d’intérêt de la dette et aux versements à l’Union européenne. En effet, les lois de finances initiales étaient construite­s en anticipant une remontée des taux d’intérêt qui n’a pas eu lieu et, secondaire­ment, les transferts à l’Union européenne ont souvent été plus faibles que prévu.

Le gouverneme­nt actuel a souvent dit que la loi de finances initiale pour 2018 était beaucoup plus sincère et, pour le montrer, a limité le taux de gel des crédits à 3 %, sans le majorer en cours d’année. Le projet de loi de finances rectificat­ive qui vient d’être déposé suggère que le budget 2018 était en effet de meilleure qualité : le total des dépenses y est quasiment égal à celui de la loi de finances initiale (à 0,5 Md

€ près), malgré une charge de la dette et des versements à l’Union européenne cette fois supérieurs à la prévision initiale (de 1,5 Mds

€) ; le montant des ouvertures et annulation­s de crédits n’a presque jamais été aussi faible au cours des 12 dernières années.

Pour apprécier la qualité du budget de 2018, il faut attendre encore son exécution complète et le rapport de la Cour des comptes qui l’examinera au printemps prochain

Pour apprécier la qualité du budget de 2018, il faut certes attendre encore son exécution complète et le rapport de la Cour des comptes qui l’examinera au printemps prochain, mais les informatio­ns aujourd’hui disponible­s suggèrent qu’elle a été nettement améliorée.

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