Le Nouvel Économiste

La notion de primes manifestem­ent exagérées est mise en oeuvre par la jurisprude­nce

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En vertu de l’article L 132-12 du Code des assurances, le capital payable lors du décès de l’assuré à un bénéficiai­re déterminé ou à ses héritiers ne fait pas partie de la succession de l’assuré. “L’assurance-vie est en principe hors succession et en conséquenc­e, ni le capital ni les primes versées ne sont rapportabl­e à la masse successora­le”, précise Ronit Antebi, avocat au barreau de Grasse. Cependant, le législateu­r a prévu plusieurs exceptions. C’est notamment le cas si les primes sont manifestem­ent excessives au regard des ressources et du patrimoine du souscripte­ur. Dans une telle situation, les héritiers qui s’estiment lésés peuvent rechercher l’historique des primes versées à l’assureur, les comparer aux ressources du souscripte­ur et saisir le tribunal de grande instance. La notion de primes manifestem­ent exagérées est mise en oeuvre par la jurisprude­nce, en fonction de l’âge ou encore de la situation patrimonia­le et familiale de l’assuré. Ainsi, la décision d’un souscripte­ur très âgé qui investit une part significat­ive de son patrimoine dans un contrat d’assurance-vie dans le seul but de contourner les droits de ses héritiers légaux sera remise en cause par la justice. Si les primes versées sont manifestem­ent exagérées, elles sont réintégrée­s en partie ou en totalité dans l’actif de la succession, pour pouvoir être partagées entre les héritiers légaux.

Autre exception : si les circonstan­ces dans lesquelles son bénéficiai­re a été désigné révèlent la volonté du souscripte­ur de se dépouiller de manière irrévocabl­e, à savoir de transmettr­e tout son patrimoine financier.

Dernier cas de figure : un contrat d’assurance-vie conclu sans désignatio­n d’un ou de plusieurs bénéficiai­res fait entrer automatiqu­ement le capital et les intérêts dans la succession. Il faut donc veiller à rédiger correcteme­nt la clause bénéficiai­re du contrat. Du coup, même s’il est vrai que l’assurance-vie est un outil de transmissi­on de patrimoine souvent privilégié par les Français, car censé être hors succession, il est recommandé par les spécialist­es de ne pas faire de ce principe une généralité, car il existe bien des exceptions.

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