L’Algérie va devoir affronter la période la plus difficile de son histoire
La baisse des cours pétroliers a été catastrophique pour son économie
La France, depuis l’indépendance algérienne, a toujours adopté une attitude ambivalente à l’égardg de la vie ppolitiqueq du ppays.y Étonnamment, malgré une présence française de plus de 130 ans en Algérie, et la présence sur le territoire national de presque 4 millions de résidents d’origine algérienne, dont 2 millions de binationaux, Paris a su démontrer à l’égard de ce pays une capacité surprenante de désintéressement. Or, ignorer l’Algérie n’est possible ni d’un point de vue historique, ce pays ayant fait partie de la France pendant plus d’un siècle, ni d’un point de vue géopolitique, surtout à un moment où l’Algérie va devoir affronter la période la plus difficile de son existence depuis son indépendance. Surtout à un moment où l’entente politique en Algérie, qui est fonction d’une alliance trilatérale entre la présidence, l’armée et les milieux d’affaires, est mise à mal. Aucun candidat ne dispose d’une chance véritable à moins d’être adoubé par cette alliance triangulaire. D’ailleurs, la vie parlementaire est divisée entre deux groupes majoritaires, le Front de libération national (FLN) et le Rassemblement national démocratique, tous deux attachés à la pérennité du système de pouvoir en place. Or, au mois d’avril prochain, ce pays va devoir choisir son prochain président. Le président actuel, Abdelaziz Bouteflika, 81 ans, est particulièrement amoindri et ce depuis 2013, suite à un AVC. Malgré un état de santé fragile, et c’est un euphémisme, il est candidat à sa propre succession pour un cinquième mandat. En effet, alors que la loi électorale limite désormais, et ce depuis 2016, l’exercice du mandat présidentiel à deux mandats, cette loi n’a pas d’effet rétroactif et le président Bouteflika demeure sous l’emprise de la loi de 2008 qui lui permet d’être candidat indéfiniment. Le remplacement, en septembre dernier, de 26 gouverneurs de province, jouissant de larges pouvoirs en matière électorale, semble d’ailleurs aplanir le chemin en vue d’une telle candidature. Cependant, la démission du chef du parti FLN, Djamel Ould Abbes, partisan de la réélection du président Bouteflika à la demande de ce dernier, semble quelque peu semer le trouble. Rappelons que pas plus tard que le 28 octobre dernier, il déclarait que la candidature du président Bouteflika à un cinquième mandat était demandée par l’ensemble des cadres du parti, et ce à l’échelle nationale. Cependant, il serait erroné de considérer que les Algériens sont bloqués dans le temps et l’espace politique avec cette probable cinquième candidature du président Bouteflika. Ce dernier est perçu davantage comme un symbole d’unité nationale et le garant aussi bien de la paix sociale que de la stabilité des institutions, que comme un gestionnaire au quotidien. Surtout pendant cette période trouble où la stabilité du pays est menacée aussi bien sur un plan interne qu’externe.
Economie déclinante
La baisse des cours pétroliers a été catastrophique pour l’économie algérienne. Il convient de rappeler que l’exportation des hydrocarbures représente 96 % des exportations du ppays,y pplus de la moitié de son pproduit intérieur brut et 65 % du budget de l’État. Alors que le pays se classe parmi les cinq premiers producteurs de gaz et dans les 15 premiers producteurs de pétrole, les presque 1 000 milliards de dollars de recettes d’exportations d’hydrocarbures depuis le commencement du troisième millénaire n’ont globalement servis qu’à acheter la paix sociale par le truchement de subventions pour les produits de première nécessité et les rémunérations des employés du secteur public. Autant dire que l’industrie du pays est à la traîne. La transposition des mesures d’austérité, conséquence inéluctable de la baisse des recettes pétrolières, ne manquera pas d’accroître le courroux de la population qui s’appauvrit. Presque 15 % de la jeunesse éduquée est sans emploi et d’après la Banque mondiale, l’inflation, à presque 6 %, que connaît l’Algérie, risque d’acculer vers la pauvreté 4 millions d’Algériens.
L’Algérie, avec une superficie de 2 381 741 km2, quatre fois plus celle de la France, est, depuis le démembrement du Soudan, non seulement le pays africain et arabe le plus grand mais également et sans conteste le pays le plus menacé. En effet, à cause d’une politique française particulièrement contestable, les pays voisins que sont la Libye et le Mali sont devenus des foyers particulièrement instables abritant différents groupes terroristes islamistes qui y pullulent, et qui ne pensent qu’à jeter leur dévolu sur l’Algérie. L’armée algérienne, la plus puissante du continent africain, ne peut pas, de par des restrictions constitutionnelles, quitter les frontières nationales du pays, et ne saurait donc efficacement combattre ce fléau.
En dépit du symbole de stabilité que représente le président Bouteflika, le temps de répondre favorablement à la chanson de 1982 du groupe Clash, “Should I stay or should I go” est peut-être arrivé.