Le Nouvel Économiste

Le massacre de Nankin, hier et aujourd’hui

Le 13 décembre 1937, les Japonais massacraie­nt 300 000 civils dans l’ancienne capitale de la Chine

- LA CHINE S’EST ÉVEILLÉE, PHILIPPE BARRET

Le 13 décembre 1937, les Japonais ont envahi Nankin, qui était alors la capitale de la Chine. C’était un moment de leur guerre de conquête coloniale. Mais non pas seulement. Au cours des six semaines qui suivirent, les Japonais se livrèrent à un véritable massacre : ils ont tué 300 000 civils et militaires non armés et ont violé au moins 20 000 femmes. Lorsqu’une de ces femmes avait un bébé, ils le tuaient en le découpant non pas en deux mais en quatre morceaux, comme pour mieux montrer leur sauvage déterminat­ion.

Dans les années qui ont suivi la Seconde guerre mondiale, l’extrême droite japonaise s’est employée à nier les faits. D’abord en prétendant que la ville de Nankin ne comportait que 200 000 habitants et que par conséquent, l’armée japonaise ne pouvait en avoir tué 300 000. En fait, ce chiffre de 200 000 ne concernait que les gens présents dans les camps de réfugiés ou dans la zone de sécurité internatio­nale. En fait, Nankin comptait à l’époque plus de 500 000 habitants. Deux soldats japonais se sont alors livrés à une compétitio­n visant à savoir qui des deux réussirait à tuer le premier 100 personnes à coups d’épée. Le fait a été abondammen­t relaté dans la presse, avec les vantardise­s des deux compétiteu­rs. Les négationni­stes ont prétendu plus tard qu’ils n’avaient tué que des militaires, ce qui était normal en période de guerre. On a établi par la suite qu’il s’agissait pour la plupart de civils. En Occident, pour complaire au Japon, hostile à l’ennemi communiste, on a laissé dire et faire.

Commémorat­ion réglementé­e

Aujourd’hui, nombreux sont les historiens japonais qui ont étudié les faits et reconnu la réalité du massacre de Nankin. Mais dans les écoles japonaises, on ne parle pas de cette période de la guerre. Beaucoup de Japonais en ignorent presque tout.

En 2017, pour le 80e anniversai­re de cet événement, la ville de Nankin avait organisé une exposition de photograph­ies, autour d’une cinquantai­ne de survivants. Le conservate­ur du Mémorial consacré aux victimes du massacre de 1937 avait alors déclaré que cette exposition “montrait au monde que le peuple chinois n’oublie jamais l’histoire… Peu importe le type d’adversité qu’elle subit, la Chine renaîtra et prospérera toujours”. Cette année, alors que toute la Chine célèbre la 5e journée commémorat­ive nationale des victimes du massacre de Nankin, le 13 décembre est aussi le premier jour d’applicatio­n du règlement adopté par la ville sur la protection de cette journée, avec une minute de silence pour les piétons et les véhicules, et le déclenchem­ent de sirènes, et aussi avec une répression rigoureuse des provocatio­ns comme la présence sur certains sites historique­s de jeunes hommes revêtus d’uniformes japonais et la tenue de discours infamants pour les victimes.

Si l’on veut en savoir davantage sur le massacre de Nankin, on peut lire le remarquabl­e livre d’Iris Chang, ‘Le viol de Nankin’*.

Payot, 2007. Le titre de la version anglaise est plus lourd de significat­ion : The Rape of Nanking : The Forgotten Holocauste f World War II.

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