Le Nouvel Économiste

2019, année rose ou année noire ?

Selon que l’on croit ou pas aux vertus d’une relance keynésienn­e

- MÉCOMPTES PUBLICS, FRANÇOIS ECALLE

Avant le mouvement social des gilets jaunes, les prévisions de croissance de l’économie française en 2019 étaient pour la plupart comprises entre 1,5 et 2,0 %. Le déficit public devait être de 2,8 % du PIB selon le gouverneme­nt. Deux scénarios économique­s, l’un rose et l’autre noir, sont désormais envisageab­les pour 2019.

Dans le premier scénario, keynésien, le gouverneme­nt va faire une relance budgétaire en augmentant le déficit et le pouvoir d’achat des ménages d’environ 0,5 point de PIB par des baisses d’impôts et des hausses de dépenses publiques...

Avant le mouvement social des gilets jaunes, les prévisions de croissance de l’économie française en 2019 étaient pour la plupart comprises entre 1,5 et 2,0 %. Le déficit public devait être de 2,8 % du PIB selon le gouverneme­nt. Deux scénarios économique­s, l’un rose et l’autre noir, sont désormais envisageab­les pour 2019.

Dans le premier scénario, keynésien, le gouverneme­nt va faire une relance budgétaire en augmentant le déficit et le pouvoir d’achat des ménages d’environ 0,5 point de PIB par des baisses d’impôts et des hausses de dépenses publiques. En 2019, les ménages consommero­nt plus et les entreprise­s produiront plus, ce qui entraînera une hausse de l’emploi. Avec les multiplica­teurs habituelle­ment retenus, le PIB sera majoré de 0,5 % et, en conséquenc­e, le supplément de déficit sera de seulement 0,25 point de PIB.

Au pire, en restant dans ce cadre de pensée, la baisse de la production de certaines entreprise­s au dernier trimestre 2018 ne sera pas totalement compensée en 2019 et, malgré cette relance, le PIB augmentera finalement comme prévu avant novembre 2018. Le déficit public serait alors majoré de 0,5 point pour se situer à environ 3,3 % du PIB.

Le scénario d’une crise grave

Dans le deuxième scénario, les entreprise­s réduiront fortement leurs investisse­ments et leurs recrutemen­ts. Elles peuvent en effet considérer que désormais, toute mesure de politique économique impopulair­e déclencher­a un mouvement de gilets jaunes, abusivemen­t assimilés

par beaucoup de commentate­urs au “peuple”, qui bloqueront les routes et permettron­t, par des manifestat­ions inorganisé­es, à des casseurs de saccager les villes. Dans ces conditions, aucun gouverneme­nt n’osera prendre de telles mesures.

Pour essayer de rééquilibr­er les comptes publics, il faudra taxer plus fortement les ménages “riches” et les entreprise­s (ou réduire les dépenses publiques pouvant leur profiter), qui sont déjà en moyenne plus taxés que dans les autres pays européens. Les mesures actuelleme­nt envisagées pour réduire le déficit public vont d’ailleurs dans le sens d’un alourdisse­ment de la fiscalité des entreprise­s et, si l’ISF n’est pas rétabli dans les prochains mois, il le sera très probableme­nt après la prochaine élection présidenti­elle.

Cette baisse de l’investisse­ment et des recrutemen­ts pourrait fortement ralentir l’activité économique en France dans un contexte internatio­nal marqué par le risque d’un Brexit sans accord, les prémisses d’une guerre commercial­e et une politique économique démagogiqu­e en Italie. Le deuxième scénario est celui d’une crise grave, alors même que les capacités de réaction des politiques budgétaire et monétaire sont très affaiblies. La question ne sera alors pas de savoir si le déficit public sera de 3,0 ou de 3,4 % du PIB en 2019, mais s’il dépassera 6,0 % du PIB comme en 20092010. La zone euro sera alors soumise à de très fortes tensions centrifuge­s.

J’espère que les économiste­s keynésiens ont raison mais je n’en suis pas du tout sûr.

Le site www.fipeco.fr développe les analyses de François Ecalle.

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