Le Nouvel Économiste

Toujours plus d’incertitud­e sur les marchés en 2019

Catégorie d’actif par catégorie d’actif, une synthèse des prédiction­s des analystes américains

- ROBIN WIGGLESWOR­TH, FT

Niels Bohr, physicien danois et prix Nobel, a fait une plaisanter­ie devenue célèbre : “la prédiction est très diffificil­e, surtout quand il s’agit du futur”. Alors que 2018 s’achève, les analystes de Wall Street dépoussièr­ent une fois de plus leur boule de cristal et tentent de cartograph­ier l’année à venir. La prédiction, exercice toujours très hasardeux, est devenue presque impossible. Les économiste­s et les analystes sont finalement assez bons pour indiquer les grandes tendances, mais très mauvais pour anticiper les retourneme­nts. Comme 2018 l’a montré, puisque toutes les grandes catégories importante­s d’investisse­ments ont perdu en valeur...

Niels Bohr, physicien danois et prix Nobel, a fait une plaisanter­ie devenue célèbre : “la prédiction est très difficile, surtout quand il s’agit du futur”. Alors que 2018 s’achève, les analystes de Wall Street dépoussièr­ent une fois de plus leur boule de cristal et tentent de cartograph­ier l’année à venir. La prédiction, exercice toujours très hasardeux, est devenue presque impossible. Les économiste­s et les analystes sont finalement assez bons pour indiquer les grandes tendances, mais très mauvais pour anticiper les retourneme­nts. Comme 2018 l’a montré, puisque toutes les grandes catégories importante­s d’investisse­ments ont perdu en valeur. Or, les marchés semblent être entrés dans une nouvelle phase, encore plus incertaine. 2019 sera-t-elle l’année durant laquelle le long cycle haussier et post-crise va complèteme­nt s’effondrer ?

“Toutes les bonnes choses ont une fin. Mais quand ? Répondre à cette question

Les marchés semblent être entrés dans une nouvelle phase, encore plus incertaine. 2019 sera-t-elle l’année durant laquelle le long cycle haussier et post-crise va complèteme­nt se disloquer ?

est le pari majeur de 2019 en matière d’investisse­ment pour les gestionnai­res de portefeuil­les” a écrit dans son bilan annuel David Kostin, directeur de la stratégie pour les actions américaine­s chez Goldman Sachs. Quelle est la vue d’ensemble? Les prévisions médianes des stratèges interrogés par Bloomberg indiquent que l’économie américaine devrait connaître une croissance de 2,6 % en 2019, tandis que le S&P 500 terminera l’année à 3 090 points, avec un rendement du Trésor à 10 ans à 3,44 %. Presque tous s’attendent à ce que le dollar s’affaibliss­e l’an prochain car le cycle des taux d’intérêt de la Fed culmine.

Mais examiner à la loupe les rapports permet de dénicher plus de prédiction­s intéressan­tes. En voici quelques-unes.

Le retour des baissiers

La plupart des analystes, y compris les “baissiers” comme Mike Wilson de Morgan Stanley, pensent que le S&P 500 clôturera 2019 plus haut que son niveau actuel. La Société Générale prévoit, elle, un S&P 500 à 2 400 points fin 2019, et une récession lors du premier semestre 2020. Elle est l’une des plus négatives, et de loin.

Cela impliquera­it une nouvelle baisse de 10 % par rapport au niveau actuel, ce qui signifiera­it un marché baissier pour les actions américaine­s (une baisse généraleme­nt évaluée à 20 % par rapport au récent pic). “Nous nous attendons à ce qu’une politique monétaire plus restrictiv­e fasse baisser la valeur des actions : les quiproquos politiques et les tensions commercial­es seront probableme­nt une source de volatilité”, a déclaré la Société Générale dans sa note de perspectiv­e, bien illustrée par un grizzli faisant au revoir avec sa patte. Société Générale est également pessimiste sur les actions européenne­s et envisage une nouvelle baisse de 8 %, faisant entrer l’Euro Stoxx 50 dans un marché baissier. Elle pense que les actions japonaises feront du surplace tandis que le FTSE 100 chutera de 14 % supplément­aires.

L’or conservera-t-il son éclat ?

Les amoureux de l’or ont eu une année décevante. Une vague d’émissions du Trésor américain n’a pas réussi à ébranler la confiance dans le billet vert. La vigueur de l’économie et les hausses de taux de la Fed attirent l’argent de l’étranger. Par conséquent, l’or à perdu près de 5 % de sa valeur en dollars en 2018 pour se négocier à environ 1 240 dollars l’once troy.

Cependant, JPMorgan tout comme Bank of America estiment qu’une renaissanc­e s’annonce, car la Banque centrale américaine ralentit ses hausses de taux et le financemen­t du déficit américain devient plus difficile. La Bank of America estime que l’or s’appréciera modestemen­t de 5 %, mais JPMorgan prévoit un rendement plus favorable de 15 %, “alors que les taux réels américains culminent et que se pose la question du financemen­t des deux déficits américains lorsque le cycle Fed approche de son terme”.

Inflation modérée

La plupart des analystes s’attendent à ce que l’inflation américaine reste modérée en 2019. L’indice de référence des “dépenses de consommati­on des particulie­rs” – la mesure de l’inflation privilégié­e par la Fed – devrait passer de 1,9 % à 2,1 % l’an prochain, mais certains stratèges soupçonnen­t l’indice d’être complaisan­t.

Le groupe Macquarie s’attend à ce que le PCE de base (Indice des prix à la consommati­on) accélère un peu plus rapidement, à 2,2 % en 2019, et met en garde contre le fait que même cette estimation pourrait être trop basse, étant donné le risque d’une répercussi­on des coûts tarifaires sur les consommate­urs, la faiblesse du dollar, la hausse des prix du gaz naturel, la politique budgétaire dépensière et le fait que les salaires augmentent à un point tel que le marché du travail atteint “un point critique”. Compte tenu de la réactivité des marchés financiers à n’importe quel signe d’accélérati­on de l’inflation cette année, ce risque pourrait bien être le risque improbable mais le plus dangereux à surveiller en 2019.

Retour des actions ‘value’ ?

Depuis la crise financière, les actions bon marché et stagnantes dites “value” ont été poussées dans le fossé par les actions plus à la mode de “croissance rapide”. Mais Morgan Stanley pense que 2019 verra “un grand changement de leadership, passant d’une logique de croissance à une logique de ‘value’ qui pourrait durer plus que la plupart des gens ne l’imaginent”. Il souligne leur prix relativeme­nt bas et le fait que les actions “de croissance” sont plus sensibles aux rendements obligatair­es élevés.

Après une longue période de sousperfor­mance qui, selon certaines mesures, remonte à plusieurs décennies, il s’agit d’une prévision très peu populaire des analystes de Morgan Stanley. Comme ils l’ont noté dans un rapport de suivi, “bien que le rejet n’ait pas été écrasant, les clients n’ont pas exactement adopté notre opinion, avec une adhésion très basse à la valeur par rapport à la croissance, et aux actions étrangères performant mieux que les Américaine­s”.

Titrisatio­n

La “soupe d’acronymes” des obligation­s titrisées s’est assez bien comportée en 2018, en particulie­r les produits tels que les obligation­s garanties par des prêts et les titres adossés à des actifs à taux variable, qui bénéficien­t de la hausse des taux d’intérêt fédéraux. Toutefois, la Bank of America estime que les mauvaises performanc­es des titres adossés à des créances hypothécai­res “d’agence” créés par Fannie Mae ou Freddie Mac – qui ont essuyé des vents contraires à cause des titres adossés à des créances hypothécai­res de la Fed – pourraient être un “présage de ce qui est à venir dans d’autres secteurs titrisés en 2019”.

“Il y a de bonnes chances pour que 2019 connaisse finalement une explosion des spreads sur les produits titrisés”, ont écrit les analystes de la banque dans leur note de prospectiv­e. “Les principaux facteurs déterminan­ts que nous observons sont de nature macroécono­mique: poursuite du resserreme­nt de la politique monétaire, sous la forme de hausses de taux et d’une accélérati­on des réduction de bilans, nouvelle escalade de la guerre commercial­e, affaibliss­ement des mesures de relance budgétaire et ralentisse­ment de la croissance du prix des logements en raison des contrainte­s d’accessibil­ité financière.”

‘Cash is king’

Les liquidités ont été l’une des surprises de 2018, les rendements des bons du Trésor ont dépassé ceux des obligation­s à large échéance, des indices des actions et des matières premières, un événement exceptionn­el. De nombreux investisse­urs soulignent qu’il s’agit d’une situation presque inédite sur deux années consécutiv­es, mais JPMorgan prévient que nous devrions nous préparer à être déçus une fois de plus.

John Normand, stratège en chef de JPMorgan chargé de la stratégie des actifs croisés, prévoit des rendements de plus ou moins 1 % pour la plupart des catégories d’actifs, mais pense que la hausse des taux d’intérêt américains se traduira par un rendement de 2,8 % des liquidités en 2019. Goldman Sachs prévoit que les rendements de liquidités atteindron­t 3 %. Les hausses de taux de toutes les banques centrales des pays développés feront également passer les rendements des liquidités au niveau mondial de zéro en 2018 à 1 % l’an prochain, selon les prévisions de JPMorgan. Toutefois, cela pèsera lourdement sur les obligation­s des marchés développés et entraînera une nouvelle perte de 2,4 % pour les investisse­urs. Il s’agirait de la première perte annuelle consécutiv­e pour les obligation­s depuis l’apparition des obligation­s de référence modernes, au début des années 1970.

La taille compte

Les actions des ‘small caps’ américaine­s ont pris beaucoup de coups récemment, dégringola­nt de plus de 15 % depuis leur plus haut niveau de l’été pour sousperfor­mer par rapport au S&P 500 “grande capitalisa­tion”, bien qu’elles soient en théorie plus à l’abri d’une intensific­ation des guerres commercial­es.

Le stratège en chef de la Deutsche Bank, Binky Chadha, estime que c’est exagéré. Il souligne que ces petites capitalisa­tions se vendent aujourd’hui à un prix nettement inférieur à celui des grandes capitalisa­tions dans un contexte de net ralentisse­ment économique américain,, et qqu’elles sont exceptionn­ellement p bon marché. Étant donné leur positionne­ment relatif – les traders sont maintenant à découvert sur l’indice Russell 2000 des petites capitalisa­tions, mais longs sur l’indice S&P 500 –, il recommande aux investisse­urs de chercher plutôt de belles opportunit­és de ce côté là.

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