Le Nouvel Économiste

Concurrenc­e gagnante

Les plateforme­s Internet ont pris position sur le marché de l’assurance emprunteur. Pour le plus grand bonheur des souscripte­urs.

- DIDIER WILLOT

Aujourd’hui, près de 15 % des contrats en cours ont été négociés auprès d’un opérateur distinct de l’établissem­ent bancaire

Depuis le 1er janvier 2018, tous les candidats à l’accession à la propriété ont la possibilit­é de diminuer le montant des mensualité­s de remboursem­ent de leur prêt immobilier. Il leur suffit, comme la loi les y autorise, de faire jouer la concurrenc­e. Soit au moment de la signature du contrat de prêt, en souscrivan­t un contrat d’assurance emprunteur différent de celui proposé par leur banque. Soit ultérieure­ment, en changeant d’assurance emprunteur chaque année à la date anniversai­re de la signature du contrat en cours. Différents opérateurs disputent ce vaste marché aux établissem­ents bancaires, avec pour conséquenc­e une baisse substantie­lle du coût des primes dues pour celui qui renégocier­a son assurance chaque année.

Alors qu’il y a dix ans, il était pratiqueme­nt impossible d’obtenir une assurance de prêt différente de celle qui était imposée par l’établissem­ent prêteur, on estime qu’aujourd’hui, près de 15 % des contrats en cours ont été négociés auprès d’un opérateur différent. Le dynamisme du marché de l’assurance emprunteur doit beaucoup aux quelques lois sur le sujet promulguée­s au cours des dix dernières années, qui ont installé les conditions d’une concurrenc­e véritable entre les opérateurs. Tout commence en 2008, lorsque Christine Lagarde,g alors ministre de l’Économie et des Finances, introduit dans la loi dite de modernisat­ion de l’économie qui porte son nom le principe de la délégation de l’assurance emprunteur. Autrement dit la possibilit­é offerte à toute personne bénéficiai­re d’un prêt immobilier de souscrire – à garanties couvertes identiques – un contrat d’assurance de prêt différent de celui qui lui est proposé par son organisme de crédit. Elle y met toutefois une condition : le contrat doit être conclu avant la signature de l’offre de prêt. Ce qui rend son applicatio­n difficile et conduira qquatre pplus tard Benoît Hamon, alors secrétaire d’État à la Consommati­on, à autoriser le titulaire à résilier son contrat d’assurance emprunteur à tout moment dans l’année qui suit la signature du contrat de prêt. Enfin, un nouvel assoupliss­ement est intervenu au début de l’année 2017 lorsque, dans le cadre du débat sur la loi Sapin 2, le Parlement a adopté l’amendement Bourquin (du nom du député qui l’a déposé) qui permet, depuis le 1er janvier 2018, à tous les titulaires de prêts immobilier­s de changer d’assurance emprunteur tous les ans à la date anniversai­re de la signature du contrat pendant la durée de vie de leur prêt.

Autant de dispositif­s qui visent à faciliter l’accès à la propriété en favorisant, grâce au jeu de la concurrenc­e, la baisse du coût des mensualité­s de remboursem­ent de crédits. “En effet, compte tenu de la durée actuelle des prêts immobilier­s, rappelle Christophe Decaix, fondateur de la société 2B Patrimoine, spécialisé­e dans le conseil en gestion de patrimoine, une baisse de quelques centièmes de points sur le taux de l’assurance emprunteur peut générer une économie sur le montant des primes dues comprise, selon les cas, entre 10 000 et 20 000 euros.” Sans perdre de vue l’avantage fondamenta­l de l’assurance emprunteur : en cas d’incapacité, d’invalidité ou de décès de l’emprunteur, c’est l’assureur qui prend en charge le remboursem­ent du capital restant dû à la banque.

L’ouverture à la concurrenc­e

Rien d’étonnant donc à ce que les investisse­urs immobilier­s soient de plus en plus nombreux à profiter des nouvelles dispositio­ns. Il est vrai qu’entre-temps, l’ouverture à la concurrenc­e a incité un nombre sans cesse croissant d’opérateurs à s’intéresser à ce marché qui représente un total de cotisation­s annuelles de l’ordre de 6 milliards d’euros. À côté de tous les établissem­ents financiers de la place qui continuent à faire des offres, on trouve désormais des compagnies d’assurance généralist­es ou plus spécialisé­s, des courtiers en crédit, ainsi que des comparateu­rs d’assurance…

Première catégorie donc : les établissem­ents financiers. Comme par le passé, le candidat à l’acquisitio­n d’un logement qui sollicite un prêt a la possibilit­é d’adhérer au contrat d’assurance emprunteur proposé par l’organisme qui lui a consenti un crédit. D’autant plus qu’avec l’arrivée sur le marché des opérateurs alternatif­s, on a assisté à une baisse sensible des taux consentis par les établissem­ents financiers. Dans la même logique, ils ont été conduits à personnali­ser davantage le montant des primes réclamées aux emprunteur­s. “Nous

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