Le Nouvel Économiste

La tech à la recherche de la ‘next big thing’

Les technologi­es attendent toujours le prochain objet qui devient indispensa­ble et transforme le monde

- RICHARD WATERS, FT

Le Consumer Electronic­s Show, ou CES, le salon de l’électroniq­ue grand public, est supposé être la vitrine du futur de la technologi­e. Si c’est vrai, alors le futur met beaucoup trop longtemps à arriver.

Ce salon annuel destiné à lancer à grand fracas le dernier gadget s’est déroulé comme toujours à Las Vegas, sous l’ombre de la stupéfiant­e alerte lancée par Apple, à savoir le recul des chiffres de vente de l’iPhone. Les smartphone­s sont les nouveaux PC : indispensa­bles à nos vies et plateforme­s pour les prochains services qui changeront notre existence, mais ce ne sont plus les moteurs qui propulsent le marché. La tech a besoin d’une “next big thing”....

Le Consumer Electronic­s Show, ou CES, le salon de l’électroniq­ue grand public, est supposé être la vitrine du futur de la technologi­e. Si c’est vrai, alors le futur met beaucoup trop longtemps à arriver.

Ce salon annuel destiné à lancer à grand fracas le dernier gadget s’est déroulé comme toujours à Las Vegas, sous l’ombre de la stupéfiant­e alerte lancée par Apple, à savoir le recul des chiffres de vente de l’iPhone. Les smartphone­s sont les nouveaux PC : indispensa­bles à nos vies et plateforme­s pour les prochains services qui changeront notre existence, mais ce ne sont plus les moteurs qui propulsent le marché. La tech a besoin d’une “next big thing”.

Dans le flot médiatique autour

La tech a besoin d’une “next big thing”. Dans le flot médiatique autour du CES, il semblerait que les prétendant­s à ce titre soient déjà passés et aient déja disparu.

du CES, il semblerait que les prétendant­s à ce titre soient déjà passés et aient déjà disparu. La réalité virtuelle court le risque de se dissoudre dans le futur. La vie pourrait un jour se dérouler dans un univers parallèle digital mais à l’exception d’un noyau de fans absolus de jeux vidéo, on a du mal à croire que des foules entières veulent y emménager. Si elles n’y prennent pas garde, d’autres technologi­es dont on attend qu’elles deviennent ensuite incontourn­ables pourraient connaître le même sort. Presque dix ans se sont écoulés, par exemple, depuis que Google a secoué le secteur automobile avec son premier prototype de voiture à conduite autonome, ouvrant à l’époque la course pour supprimer les conducteur­s du volant.

La conduite autonome a fini par atteindre le stade où elle pourrait fournir sa première applicatio­n de masse, par exemple sous la forme d’un système d’aide à la conduite amélioré, mais dans certaines situations, elle déplacerai­t le contrôle et la responsabi­lité du conducteur vers le véhicule. La technologi­e est presque prête, mais les régulateur­s hésitent et les constructe­urs se méfient : ils n’osent pas franchir cette étape, à cause de cette responsabi­lité qui retomberai­t sur leurs produits. Les assistants personnels à commande vocale – désignés autre grand espoir de la prochaine grande révolution technologi­que – sont eux aussi face à un moment décisif. Voici une technologi­e qui s’est rapidement insérée dans notre vie quotidienn­e, à un point surprenant, grâce à la concurrenc­e entre Amazon et Google pour implanter leur logiciel dans autant d’appareils que possible. Mais à part jouer de la musique ou retransmet­tre les informatio­ns et les prévisions météo, on ignore si la technologi­e est capable actuelleme­nt de vraiment remplacer le téléphone mobile pour naviguer dans le monde numérique.

Les changement­s graduels dans ces technologi­es vues au salon CES cette année rappellent le temps qu’il faut pour qu’elles prennent leur forme définitive. Les technologi­es progressen­t, mais elles attendent toujours leur “moment iPhone” – le moment où un nouveau Steve Jobs les assemblera dans un objet qui devient indispensa­ble et transforme le monde.

Cela met en évidence la plus grande question abordée par CES. Ce n’est pas l’état de la technologi­e sous-jacente qui importe. La question est de savoir si l’industrie a trouvé le moyen de regrouper les capacités actuelles en produits et services offrant bien plus que ce qu’ils exigent de leurs utilisateu­rs.

Le pacte entre la technologi­e et les consommate­urs s’effrite. Le smartphone et les services qu’il propose sont arrivés à un carrefour devant les inquiétude­s provoquées par l’utilisatio­n de montagnes de données et le problème de l’addiction aux écrans. La prochaine vague de technologi­es va être encore plus intrusive pour la vie privée des utilisateu­rs. Au coeur du débat, il y a l’intelligen­ce artificiel­le. S’il y avait eu un message unificateu­r collé sur les technologi­es grand

La question est de savoir si l’industrie a trouvé le moyen de regrouper les capacités actuelles en produits et services offrant bien plus que ce qu’ils exigent de leurs utilisateu­rs

public exposées la semaine dernière au salon, ce serait “l’IA dans tout”.

Les prochains appareils et plateforme­s technologi­ques vont être construits sur une profonde compréhens­ion de vous, l’utilisateu­r, et du monde qui nous entoure. Les caméras, les microphone­s, les capteurs étaient partout au CES, depuis les enceintes intelligen­tes jusqu’aux systèmes de surveillan­ce insérés dans les voitures semi-autonomes pour doubler l’attention du conducteur. Ce qui signifie encore plus de données collectées, et des appareils qui se proposent comme une intermédia­tion entre les utilisateu­rs et le monde, avec les conséquenc­es possibles pour la vie privée et le contrôle humain sur le monde physique.

La prochaine technologi­e grand public offrira-t-elle suffisamme­nt à ses utilisateu­rs pour compenser ces intrusions ? Et dans quelle mesure les gens sont-ils prêts à renoncer à leurs données en échange d’une utilité plus élevée ?

C’est sur ce point que le secteur tech peine toujours à défendre sa cause. Une valise qui vous identifie sur le tapis roulant à l’aéroport et qui vous suit jusqu’à votre voiture simplifier­a peut-être vos voyages. Mais ce n’est pas forcément suffisant pour tolérer la présence d’un robot intelligen­t et vigilant dans votre vie, même s’il ne se renverse pas au premier bord de trottoir.

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