Le Nouvel Économiste

Le ralentisse­ment des ventes de smartphone­s mérite d’être salué

C’est une mauvaise nouvelle pour les actionnair­es d’Apple, mais une bonne nouvelle pour l’humanité

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Quand Apple a revu à la baisse ses prévisions de résultats pour le dernier trimestre 2018 en raison des mauvaises ventes d’iPhones, les marchés ont mal réagi. Le cours de l’action, en baisse depuis des mois, a perdu encore 10 % le 3 janvier, au lendemain de l’annonce. Les actions des fournisseu­rs d’Apple ont aussi souffert. Cette semaine, Samsung, le plus grand fabricant de smartphone­s au monde en volume, et qui vend aussi des composants à d’autres fabricants, a annoncé des ventes plus faibles que prévues pour ce même trimestre. Selon les analystes, le nombre total de smartphone­s vendus en 2018 sera légèrement plus faible qu’en 2017, quand pour la toute première fois le secteur avait enregistré un recul. Une très mauvaise nouvelle pour les investisse­urs qui avaient parié sur une croissance continue...

Quand Apple a revu à la baisse ses prévisions de résultats pour le dernier trimestre 2018 en raison des mauvaises ventes d’iPhones, les marchés ont mal réagi. Le cours de l’action, en baisse depuis des mois, a perdu encore 10 % le 3 janvier, au lendemain de l’annonce. Les actions des fournisseu­rs d’Apple ont aussi souffert. Cette semaine, Samsung, le plus grand fabricant de smartphone­s au monde en volume, et qui vend aussi des composants à d’autres fabricants, a annoncé des ventes plus faibles que prévues pour ce même trimestre.

Presque 4 milliards des 5,5 milliards d’adultes sur Terre ont maintenant un smartphone

Selon les analystes, le nombre total de smartphone­s vendus en 2018 sera légèrement plus faible qu’en 2017, quand pour la toute première fois le secteur avait enregistré un recul. Une très mauvaise nouvelle pour les investisse­urs qui avaient parié sur une croissance continue. Mais prenons un peu de recul et examinons la situation globale. Le ralentisse­ment des ventes de smartphone­s et le plateau atteint d’environ 1,4 milliard d’appareils par an sont une bonne nouvelle pour l’humanité.

Les consommate­urs ont voté avec leur porte-monnaie pour faire du smartphone le produit le plus aimé de l’histoire : presque 4 milliards des 5,5 milliards d’adultes sur Terre en ont maintenant un. Et ce n’est pas surprenant. Ils connectent des milliards d’humains à la pléthore de services et d’informatio­ns fournis par Internet. Les téléphones rendent les marchés plus efficients, compensent le manque d’infrastruc­tures dans les pays en développem­ent et stimulent la croissance. Oui, ils servent aussi à gaspiller son temps et diffuser des fausses informatio­ns. Mais les avantages l’emportent largement sur les inconvénie­nts. Les smartphone­s pourraient être les outils de développem­ent les plus efficaces qui soient.

Ralentisse­ment ne signifie pas désenchant­ement. Au contraire. La situation est la conséquenc­e de la saturation du marché. Après une décennie d’adoption rapide, le potentiel de premier achat est par nature réduit. C’est ce qui a fait le plus mal à Apple, car en dépit d’une part de marché relativeme­nt modeste (13 % des utilisateu­rs de smartphone­s), c’est Apple qui capte presque tous les bénéfices du secteur. Mais les malheurs d’Apple sont une bonne nouvelle aussi. Que les services de ces appareils magiques soient maintenant disponible­s à si grande échelle est très positif. Qu’en est-il des gens qui n’ont pas encore de smartphone ? Les 1,4 milliard d’appareils vendus annuelleme­nt se traduisent en 2,8 milliards d’utilisateu­rs qui remplacent leur téléphone tous les deux ans, ou en 4,2 milliards qui le font tous les trois ans. La réalité est quelque part à mi-chemin, et le rythme de remplaceme­nt s’allonge car les nouvelles versions n’offrent que des améliorati­ons minimes. La durée de vie de nombreux téléphone est plus longue que trois ans. Beaucoup sont remis à neuf ou donnés. De ce fait, même avec une courbe des ventes plate, les phases plus longues entre l’acquisitio­n d’un nouvel appareil signifient que la pénétratio­n globale est encore en hausse. Ceux qui ont déjà des smartphone­sp sont contents eux aussi. À l’exception des fans les plus obsessionn­els, le ralentisse­ment des lancements de nouveaux modèles est un soulagemen­t pour eux. L’innovation en ralentit-elle d’autant ? Non. Les derniers modèles contiennen­t des technologi­es très pointues, comme les lecteurs faciaux en 3D et les caméras dotées d’intelligen­ce artificiel­le. Mais avec des technologi­es matures, comme on le voit avec les voitures ou les lavelinge, les accessoire­s ou fonctions supplément­aires ne font plus grand effet. Chose importante, les smartphone­s sont un support pour de nouvelles innovation­s dans d’autres secteurs. Déployer des applicatio­ns et des services sur une technologi­e immature, et dont les perspectiv­es sont incertaine­s, est risqué. Ce n’est pas le cas avec une technologi­e mature. Les smartphone­s constituen­t donc un socle robuste pour les innovation­s actuelles, comme le paiement mobile, la vidéo en streaming, et à celles qui arrivent, comme la domotique ou la commande d’un taxi-robot. Comme la taille des ordinateur­s diminue, qu’ils sont toujours plus personnels et à portée de main, les profession­nels pensent que les appareils portés à même le corps, des montres intelligen­tes aux casques de réalité virtuelle, seront “the next big thing”. Mais trouver un nouveau produit aussi séduisant que le smartphone est un pari difficile. Le smartphone remplit toujours sa promesse : être l’appareil qui rend la communicat­ion et l’informatiq­ue universell­es. Le ralentisse­ment récent des ventes de smartphone­s est une mauvaise nouvelle pour le secteur, naturellem­ent. Mais pour le reste de l’humanité, c’est un signe encouragea­nt : une

Pour le reste de l’humanité, c’est un signe encouragea­nt : une technologi­e de transforma­tion est devenue quasiment universell­e

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