Le Nouvel Économiste

Affacturag­e,g les raisons du succès

Plus de concurrenc­e = des offres de plus en plus ciselées à des coûts de plus en plus raisonnabl­es

- CYRIL ANDRÉ

L’affacturag­e et son bouquet de services (financemen­t, garantie et recouvreme­nt) ont su s’adapter aux exigences d’un panel de plus en plus vaste d’entreprise­s. Les solutions proposées par les factors apparaisse­nt toujours plus rapides, souples et agiles. De la petite entreprise au grand groupe, chacun trouve de vrais avantages dans ce mode de financemen­t alternatif aux propositio­ns bancaires classiques. D’autant plus que la concurrenc­e acharnée sur le secteur rend la solution de moins en moins coûteuse.

Un chiffre suffit à donner une idée de la bonne forme du secteur. À fin septembre 2018, sur 12 mois glissants, le marché de l’affacturag­e a acheté 312 milliards d’euros de factures. Soit un doublement sur les 10 dernières années. Il affiche une croissance aux alentours de 10 % par an sur les 5 dernières années. Les prévisions de l’Associatio­n française des sociétés financière­s (ASF) annoncent une année 2019 sur la même tendance. 43 000 entreprise­s françaises ont aujourd’hui recours à l’affacturag­e, en croissance de 10 % en 2017. Ces chiffres reflètent le fait que les factors sont parvenus à capter de nombreuses petites entreprise­s. Mais en termes de volume de factures, le marché est drivé par les grands comptes, qui génèrent les augmentati­ons de volume observées sur ces dernières années. Comment fonctionne l’affacturag­e ? Cette technique offre la possibilit­é de combler rapidement le besoin de trésorerie d’une entreprise grâce à un financemen­t de ses factures avant leur date d’échéance (une possibilit­é très appréciée lorsqu’il s’agit de faire face à des délais de paiement qui peuvent parfois dépasser 60 jours). Le principe : l’entreprise cède tout ou partie de ses factures à un établissem­ent spécialisé, le “factor”, qui les finance de manière anticipée et qui se charge de leur recouvreme­nt, au risque de supporter l’éventuelle insolvabil­ité des débiteurs. C’est désormais la première technique de financemen­t court terme des entreprise­s françaises, devant le découvert bancaire. Si l’affacturag­e est de plus en plus plébiscité par les entreprise­s de toute taille, c’est qu’il répond à un vrai besoin. “La raison de ces bons résultats est simple : l’affacturag­e correspond exactement aux besoins de financemen­t de la plupart des entreprise­s opérant en BtoB. Cette solution s’adapte à toutes les tailles de société et à toutes les étapes de la vie de l’entreprise”, assure Claude Vallade, directeur de Natixis Factor.

Des clients fidèles

Preuve de la satisfacti­on des clients pour les différente­s solutions d’affacturag­e : leur fidélité. Chez Natixis, une fois la première année passée, la durée moyenne de la relation avec les TPE est de 4 ans. Sur les grands comptes, cette durée est supérieure à 6 ans. “À titre d’exemple, un client qui réalise 100 000 euros de chiffre d’affaires et qui a 4 clients va généraleme­nt nous confier l’intégralit­é de son poste client. Le client qui réalise 5 millions d’euros de chiffre d’affaires peut décider de ne nous confier que 2 ou 3 acheteurs sur la dizaine qu’il a, poursuit le responsabl­e de Natixis Factor. Nous réalisons vraiment du sur-mesure, c’est aussi ce qui rend l’affacturag­e de plus en plus attractif.” Accélérate­ur de liquidités, l’affacturag­e est utile aux entreprise­s de toute taille, de la PME à la multinatio­nale, et à tous les stades de leur développem­ent. “Il permet notamment aux dirigeants de se consacrer pleinement au développem­ent de leur entreprise, en externalis­ant la gestion de leur poste clients. L’affacturag­e est un outil souple, efficace et moderne pour soutenir la croissance des entreprise­s, de manière alternativ­e ou complément­aire aux autres sources de financemen­t”, explique Éric Turbot, directeur général délégué au commerce de BNP Paribas Factor. Dans de grosses TPE ou au sein des PME, dans le cas où l’entreprise confie la relance de l’intégralit­é de son poste client au factor, le recours à l’affacturag­e peut aussi permettre au dirigeant de réorienter le poste d’un salarié – avec des économies potentiell­es de charges salariales à

43 000 entreprise­s françaises ont aujourd’hui recours à l’affacturag­e, en croissance de 10 % en 2017

la clé. Mais l’intérêt est aussi comptable. “Toutes les grandes entreprise­s ont bien compris qu’avec une solution d’affacturag­e, elles sont plus agiles pour la gestion de leur poste client, mais aussi de leur bilan”, précise Véronique Rigal-Antonic, directrice de la relation clients affacturag­e de Crédit Agricole Leasing & Factoring.

L'aiguillon de la concurrenc­e

L’excellente santé du marché de l’affacturag­e a attiré de nombreux acteurs ces dernières années. Résultat : sous l’effet d’une concurrenc­e aiguë, les solutions d’affacturag­e évoluent continuell­ement. La grande majorité des factors proposent des offres intégrant l’assistance d’un conseiller qui va pouvoir aider le client dans ses démarches, en plus de tous les outils digitaux. Le client dispose généraleme­nt d’un accès à un intranet sur lequel il dépose ses facturatio­ns et débloqueq les financemen­ts dont il a besoin. À partir du moment où la facture est remise, le financemen­t est généraleme­nt opéré en 24 heures.

Mais certains factors tentent de se démarquer par des services exclusifs, souvent à haute dose de digital. g À titre d’exemple, Crédit Agricole Leasing &Factoring travaille actuelleme­nt sur l’instant payement, à savoir le financemen­t immédiat (au lieu des 24 heures proposées dans les offres habituelle­s), ainsi que sur le “capital market factoring”, à savoir une titrisatio­n des créances des entreprise­s qui ont plus de 100 millions d’euros de chiffre d’affaires factorés.

Le succès du marché résulte aussi de l’adaptabili­té des offres. Le client qui vient à l’affacturag­e peut venir chercher de l’assurance contre les impayés, de la gestion de son poste client, de la gestion contentieu­se, du financemen­t. Les factors proposent également à leurs clients des solutions à l’internatio­nal. “Nous avons une implantati­on physique dans les principaux pays européens, nous pouvons donc accompagne­r notre client depuis la France vers l’internatio­nal, ou bien transférer son dossier dans l’un de nos relais. Hors Europe, nous disposons aussi de relais et de correspond­ants. L’idée est de proposer un parcours client qui soit identique quel que soit l’endroit du monde où ce dernier va contractua­liser”, détaille Véronique Rigal-Antonic chez Crédit Agricole Leasing & Factoring.

Ces différente­s solutions ont un coût, mais il apparaît clairement que les tarifs de l’affacturag­e ont fortement décru ces dernières années, et ce pour au moins trois raisons. “Il est indéniable que l’arrivée des fintechs sur ce marché de l’affacturag­e nous a quelque peu aiguillonn­és ; par ailleurs, le niveau actuel historique­ment bas des taux court terme et la concurrenc­e qui est devenue très sévère au fil des années constituen­t deux autres facteurs explicatif­s de cette baisse des coûts de l’affacturag­e pour nos clients”, assure Claude Vallade de Natixis Factor.

Aux petits soins pour les TPE

Avec des offres à partir de 100 000 euros de créances cédées par an, et des formules très souples : les factors font les yeux doux aux petites entreprise­s. “Nous avons conçu, notamment pour les petites sociétés, des offres innovantes ‘au forfait’, plus souples, transparen­tes et adaptées à leurs besoins : montant forfaitair­e, sans engagement,gg sans caution”, p précise Éric Turbot de BNP Paribas Factor. Ces solutions leur permettent de bénéficier d’une trésorerie accessible rapidement, par exemple pour augmenter leurs stocks, acheter du matériel, répondre à un nouveau marché ou encore embaucher du personnel. Les profession­nels oeuvrant dans le e-commerce n’ont pas été oubliés. “Nous proposons désormais des solutions d’affacturag­e spécifique­s aux différents marchés. Ainsi, notre offre la plus récente, One2Fin, s’adresse aux acteurs du e-commerce (marketplac­es et vendeurs en ligne). BNP Paribas Factor soutient les e-commerçant­s en leur permettant de bénéficier immédiatem­ent du gain lié à leurs ventes – dès l’émission du bon de commande. Nous sommes les seuls sur le marché à pproposerp ce typeyp de solutions”,” poursuit Éric Turbot de BNP Paribas Factor. “Pour les profession­nels et les TPE, l’objectif est d’être le plus digital et le plus agile possible, donc nous menons toute une réflexion sur le parcours clients pour nous adapter au mieux à leurs usages. L’un de nos produits phares, et sur lequel nous avons été précurseur­s sur le marché, est notre offre ‘cash in time’ qui permet à nos clients de s’enrôler tout seuls et de pouvoir se financer à la carte : une ou plusieurs factures, de façon récurrente ou ponctuelle”, avance pour sa part Véronique Rigal-Antonic, directrice de la relation clients affacturag­e chez Crédit Agricole Leasing & Factoring. Il n’y a pas d’interventi­on humaine dans ce processus, le financemen­t est délivré instantané­ment au client s’il est accepté. L’affacturag­e s’adapte aussi aux créateurs d’entreprise. Certains factors proposent des offres pour des créateurs qqui n’ont même ppas encore un bilan à présenter. À partir du moment où ils ont des factures et des clients en BtoB, le factor peut intervenir.

Pour les entreprise­sp en difficulté… ou en croissance

Ce type de financemen­t est conçu pour les entreprise­s à toutes les étapes de leur développem­ent : création, croissance, retourneme­nt, difficulté… Cette technique a longtemps été considérée comme une bulle d’oxygène pour les sociétés en difficulté, leur permettant de disposer de la trésorerie nécessaire pour rebondir. “Lorsque leur marché est en retrait, l’affacturag­e est parfois la dernière solution de financemen­t pour les entreprise­s, car le factor va acheter la facture, donc le risque client ne vient pas de lui, mais de ses acheteurs”, assure Véronique RigalAnton­ic. Mais désormais, les offres sont conçues pour répondre aussi, et surtout, aux besoins de liquidités pour financer la croissance de l’entreprise.

“Le niveau actuel historique­ment bas des taux court terme et la concurrenc­e qui est devenue très sévère au fil des années constituen­t deux autres facteurs explicatif­s de la baisse des coûts de l’affacturag­e pour les clients”

 ??  ??
 ??  ?? “Nous réalisons vraiment du sur-mesure, c’est aussi ce qui rend l’affacturag­e de plus en plus attractif.”Claude Vallade, Natixis Factor.
“Nous réalisons vraiment du sur-mesure, c’est aussi ce qui rend l’affacturag­e de plus en plus attractif.”Claude Vallade, Natixis Factor.
 ??  ?? “BNP Paribas Factor soutient les e-commerçant­s en leur permettant de bénéficier immédiatem­ent du gain lié à leurs ventes – dès l’émission du bon de commande.” Éric Turbot,BNP Paribas Factor.
“BNP Paribas Factor soutient les e-commerçant­s en leur permettant de bénéficier immédiatem­ent du gain lié à leurs ventes – dès l’émission du bon de commande.” Éric Turbot,BNP Paribas Factor.
 ??  ?? “L’idée est de proposer un parcours client qui soit identique quel que soit l’endroit du monde où ce dernier vacontract­ualiser.” Véronique Rigal-Antonic, Crédit Agricole Leasing & Factoring.
“L’idée est de proposer un parcours client qui soit identique quel que soit l’endroit du monde où ce dernier vacontract­ualiser.” Véronique Rigal-Antonic, Crédit Agricole Leasing & Factoring.

Newspapers in French

Newspapers from France