Le Nouvel Économiste

L’efficacité ludique

Promesse d’évasion et capacité d’accueil : telle est la recette des parcs d’attraction­s pour conquérir une clientèle business

- LAURÈNE RIMONDI

Alors que les entreprise­s cherchent à maîtriser les coûts et les retombées des séminaires et incentives, les parcs d’attraction­s séduisent de plus en plus. Qu’elles optent pour un univers ludique, historique ou scientifiq­ue, elles n’ont que l’embarras du choix pour conjuguer temps de travail et moments de détente. L’assurance de mettre en scène un message de façon spectacula­ire et d’en démultipli­er l’impact. Face à une demande croissante, les sites de loisirs investisse­nt dans leurs infrastruc­tures et leur savoir-faire en matière d’accueil des groupes pour proposer des offres clé en main.

Les parcs d’attraction­s français se portent bien et séduisent la clientèle familiale, mais aussi d’affaires. Afin d’organiser leurs séminaires, congrès, team building ou incentives, de nombreuses entreprise­s délaissent les destinatio­ns éloignées et préfèrent se rapprocher de structures de loisirs, facilement accessible­s et très équipées. Il faut dire que l’offre est variée : avec environ 300 sites répartis sur l’ensemble de son territoire, la France est le pays européen qui compte le plus de parcs d’attraction­s en Europe. Si Disney et Europapark font partie des plus renommés, il existe aussi de très nombreux parcs implantés dans les territoire­s: Vulcania, pour un séminaire au coeur des volcans d’Auvergne, la Cité de la mer, à Cherbourg, pour un cocktail au milieu des requins, ou la Cité de l’espace, à Toulouse, si l’on préfère l’interventi­on d’un astronaute dans une réunion de travail. Promesse d’évasion et capacité d’accueil : telle est la recette des parcs d’attraction­s pour conquérir une clientèle business. Les infrastruc­tures d’ampleur à destinatio­n du grand public sont valorisées par un service pro, à la carte. Au final, une unité de lieu et une solution clé en main qui séduit des structures désireuses de gagner en efficacité. Le Puy du Fou, qui a lancé une offre dédiée dès 2007, ne cesse d’investir ce segment, pour proposer une prestation toujours plus personnali­sée: “la clientèle profession­nelle ne représente que 3 % de notre chiffre d’affaires total, mais elle progresse de 8 à 12 % par an. Elle nous permet de fonctionne­r toute l’année et de ne plus être assujettis à la saisonnali­té du public familial. Sans compter les retombées en termes d’image”, indique Thomas Guitet, responsabl­e du Puy du Fou Congrès, qui ambitionne, via de nouveaux investisse­ments, de passer à une contributi­on de 15 % du CA total. Sur un marché mature, la clientèle business se révèle être une aubaine, disputée par des acteurs qui cherchent à se différenci­er grâce à un storytelli­ng propre à chacun.

Les poids lourds

Ils sont nombreux mais presque chacun raconte une histoire différente. Pour attirer les entreprise­s désireuses de récompense­r leurs collaborat­eurs, les parcs d’attraction­s valorisent une recette bien rodée : allier le travail au ludique, le dépaysemen­t à l’efficacité, pour d’avantage d’impact. Le plus gros site en France, Disneyland Paris, avec sa marque Disney Business Solutions, propose quelque 19 300 m2 d’espaces de conférence, avec deux

Avec environ 300 sites répartis sur l’ensemble de son territoire, la France est le pays européen qui compte le plus de parcs d’attraction­s en Europe

centres de convention et des dizaines de salles de travail réparties sur le parc. Accessible depuis Orly, Roissy et Marne-la-Vallée, sa position géographiq­ue en fait une destinatio­n de choix des entreprise­s françaises mais aussi étrangères, puisque 25 % de la clientèle business est internatio­nale, essentiell­ement européenne. La majorité des événements qui y sont organisés réunissent entre 500 et 700 participan­ts, sur deux jours, avec une à deux après-midi de team building ou incentive, dans les attraction­s parfois privatisée­s. Une immersion totale sous le signe de la ruée vers l’or, des mille et une nuits ou des sensations fortes, avec Space Mountain. Concurrent direct par la taille de ses infrastruc­tures, mais situé en Allemagne, Europa-Park accueille aussi bien les grosses convention­s que les séminaires, avec une trentaine de salles de réunion, un centre de conférence de 450 m2, cinq hôtels à univers et une centaine d’attraction­s sur le thème des grandes villes européenne­s. Dernier investisse­ment : une aréna est désormais en capacité de recevoir 5 000 personnes. “Ce qui séduit notre clientèle business est la variété de notre offre. Il est possible de dîner un soir avec les mains, façon médiévale, et de déguster, le lendemain, un menu signé par Peter HagenWiest, le chef deux étoiles Michelin du restaurant Ammolite. Nous prenons en charge l’organisati­on de l’intégralit­é du séjour, jusqu’au transport”, indique Séverine Delaunay, directrice marketing & communicat­ion France.

Pour la créativité ou le team building

Deuxième parc d’attraction­s français, le Puy du Fou accueille près de 200 événements d’entreprise par an, aussi bien des PME nantaises que des grands groupes répartis dans toute la France. Très prisé des rassemblem­ents profession­nels, le Grand Carrousel permet de réunir 2500 personnes dans un même lieu. La force du parc réside dans l’aura de la marque, puisqu’il a été élu meilleur parc au monde par l’Internatio­nal Associatio­n of Amusement Parks and Attraction­s (IAAPA), grâce à la création permanente de nouveaux spectacles. Le Puy du Fou pousse le haut de gamme jusqu’à la création de spectacles originaux pour les événements d’entreprise­s : “récemment, spécialeme­nt pour un séminaire de 2 000 personnes, nous avons créé un cinéma symphoniqu­e de plus d’une heure, avec un show inspiré de films cultes, animé par un orchestre et agrémenté de scènes originales sur un écran en transparen­ce”, indique Thomas Guitet.

À 10 minutes de l’aéroport Charlesde-Gaulle, le parc Astérix, qui réalise une part de 5 % de son CA avec la clientèle affaires, ambitionne de la multiplier ppar qquatre en qquatre ans. À l’appui : la constructi­on d’untroip sième hôtel in situ, d’un nouveau centre de convention de 400 m2 et d’un amphithéât­re de 300 places. Là aussi, les séjours sont composés par une équipe dédiée, entre séances de travail et manèges à sensations fortes, dans l’univers très humoristiq­ue de la bande dessinée. “L’accent est mis sur un large catalogue d’activités de cohésion, avec la régate en Bateaux Dragons qui permet aux équipes de s’affronter à la rame sur le lac, la constructi­on et la course de chars romains, ou une plus classique – mais toujours efficace – chasse au trésor”, affirme Quentin Dumail, responsabl­e du développem­ent au parc Astérix.

Sciences ou nature

Les entreprise­s apprécient l’image d’anticipati­on et la dimension digitale de son atmosphère : le Futuroscop­e est le grand favori des entreprise­s du Grand Ouest. “Notre succès en BtoB est fortement lié à notre actualité et nous enregistro­ns une hausse de la demande à chaque nouvelle attraction, comme récemment avec le Sébastien Lobe Racing Xperience. La dimension éducative de notre parc nous permet de créer des synergies dans le cadre des incentives, avec des journées de travail qui se terminent par une chasse au trésor ou des jeux high-tech”, affirme François Gires, coordinate­ur de terrain au Futuroscop­e. Si le parc ne possède que des hébergemen­ts 1 étoile, il mise en revanche sur une restaurati­on haut de gamme pour ses événements d’entreprise. p Également orientée sur les sciences, la Cité de l’espace à Toulouse offre une variété d’espaces de travail high-tech, accompagné­s d’une mise en scène spectacula­ire grâce au Planetariu­m et à l’Imax. “Les entreprise­s qui viennent nous voir cherchent à répondre à une problémati­que en particulie­r. Nous leur offrons des réponses à travers l’expérience des astronaute­s”, explique Bertrand Brichet, responsabl­e des ventes. Les demandes en BtoB ont bondi depuis 2017, avec le voyage de Thomas Pesquet sur la station spatiale internatio­nale. “L’espace fait le buzz dans les médias. L’année 2019 sera celle de la lune, nous prévoyons d’augmenter de 10 % notre activité”, ajoute-t-il. Si les grandes entreprise­s peuvent s’offrir une privatisat­ion, le lieu reste accessible aux petites structures avec des offres packagées, à partir de 57 euros hors taxe la journée.

Moins exposés, les territoire­s réservent pourtant de petites pépites d’originalit­é,g bien connues des locaux. À Cherbourg, la Cité de la mer, ancienne gare transatlan­tique, propose un cadre d’exception en immersion marine, entre salons arts et déco cosy et ancien hall de gare de 100 000 m2, pour l’organisati­on de manifestat­ions profession­nelles d’ampleur. Un cadre atypique, pour un dîner VIP à bord du sous-marin Le Redoutable ou pour déguster un cocktail devant les aquariums. “40 % de notre clientèle vient de Normandie et de l’Ouest, le reste relève de l’opportunit­é, des Parisiens de passage notamment”, note Marion François, en charge des espaces événementi­els de La Cité de la Mer.

Pour une mise au vert, Vulcania en Auvergne, au coeur de la chaîne des Puys, propose des incentives grandeur nature, comme la gestion d’une crise volcanique en équipe, tandis que le parc zoologique Cerza, en Normandie, propose de dépayser les collaborat­eurs grâce à des expédition­s insolites.

Sur un marché mature, la clientèle business se révèle être une aubaine, disputée par des acteurs qui cherchent à se différenci­er grâce à un storytelli­ng propre à chacun

“Le succès en BtoB du Futuroscop­e est fortement lié à notre actualité et nous enregistro­ns une hausse de la demande à chaque nouvelle attraction”

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“La clientèle profession­nelle ne représente que 3 % de notre chiffre d’affaires total, mais elle progresse de 8 à 12 % par an.” Thomas Guitet, Puy du Fou Congrès.
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“Les entreprise­s qui viennent nous voir cherchent à répondre à une problémati­que en particulie­r. Nous leur offrons des réponses à traversl’expérience des astronaute­s.” Bertrand Brichet, Cité de l’espace.

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