Le Nouvel Économiste

Pourquoi une telle perte de confiance dans la politique?

À force de leur répéter qu’ils peuvent payer moins d’impôts tout en bénéfician­t de plus de services publics et de prestation­s sociales, les Français ont fini par y croire

- MÉCOMPTES PUBLICS, FRANÇOIS ECALLE

Beaucoup de Français n’ont plus confiance dans les partis politiques. Ce n’est pas surprenant quand on regarde les résultats de la plus importante des élections, celle du président de la République. François Mitterrand est élu en 1981 pour “changer la vie” et opère dès 1983 un “tournant de la rigueur”. Jacques Chirac est élu en mai 1995 pour réduire la “fracture sociale” et le plan Juppé de redresseme­nt des finances publiques est lancé en novembre...

Beaucoup de Français n’ont plus confiance dans les partis politiques. Ce n’est pas surprenant quand on regarde les résultats de la plus importante des élections, celle du président de la République.

François Mitterrand est élu en 1981 pour “changer la vie” et opère dès 1983 un “tournant de la rigueur”. Jacques Chirac est élu en mai 1995 pour réduire la “fracture sociale” et le plan Juppé de redresseme­nt des finances publiques est lancé en novembre. Nicolas Sarkozy est élu en 2007 après avoir promis une forte baisse des prélèvemen­ts obligatoir­es mais doit les augmenter à partir de 2010. François Hollande est élu en 2012 pour mettre en oeuvre un programme social financé par la suppressio­n de cadeaux fiscaux accordés aux ménages les plus aisés et aux grandes entreprise­s, mais il augmente fortement les prélèvemen­ts obligatoir­es sur une grande partie des ménages et des entreprise­s en 2013.

L’histoire est toujours la même. Les candidats à l’élection présidenti­elle rivalisent de promesses irréaliste­s mais, une fois arrivés au pouvoir, ils sont bien obligés de tenir compte des contrainte­s budgétaire­s. Ils ne tiennent donc pas leurs promesses et font même souvent le contraire de ce qu’ils ont annoncé.

Ces contrainte­s budgétaire­s étaient plus fortes avant la création de la zone euro. En 1983, la France a dû abandonner sa politique de relance parce que seule l’Arabie saoudite acceptait de lui prêter les dollars nécessaire­s pour payer ses importatio­ns. Aujourd’hui, aucun pays de la zone euro n’est sanctionné parce qu’il n’en respecte pas les règles budgétaire­s, et la France emprunte sans difficulté sur les marchés financiers. Les nouveaux élus découvrent toutefois en arrivant au pouvoir – ou font semblant de découvrir – que cela ne peut pas durer indéfinime­nt et qu’on prend des risques excessifs en

laissant filer la dette publique.

Indispensa­ble mais illusoire langage de vérité

En 2017, le programme d’Emmanuel Macron était le plus réaliste sur le plan budgétaire, mais il comportait inévitable­ment des baisses d’impôts précises et des économies très vagues pour gagner l’élection. Les contrainte­s budgétaire­s l’ont conduit à reporter certaines baisses d’impôts et à réaliser des économies que les Français n’avaient pas anticipées, comme la désindexat­ion ponctuelle et partielle des retraites. En conséquenc­e, une majorité de Français semble éprouver de la compréhens­ion pour les gilets jaunes.

Pour retrouver la confiance des Français, il faudrait que les partis politiques leur tiennent un langage de vérité, mais on ppeut craindre qu’il soit trop tard. À force de leur répéter qu’ils peuvent payer moins d’impôts tout en bénéfician­t de plus de services publics et de prestation­s sociales, les Français ont fini par y croire. Ils vont donc demander moins d’impôts et plus de services publics et de prestation­s au gouverneme­nt dans leurs contributi­ons au grand débat national, et les partis d’opposition les soutiendro­nt.

Le site www.fipeco.fr développe les analyses de François Ecalle.

L’histoire est toujours la même. Les candidats à l’élection présidenti­elle rivalisent de promesses irréaliste­s mais, une fois arrivés au pouvoir, ils sont bien obligés de tenir compte des contrainte­s budgétaire­s.

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