Le Nouvel Économiste

Mieux vaut remplacer les contrôles par des incitation­s financière­s

Pour une assurance chômage plus efficace

- MÉCOMPTES PUBLICS, FRANÇOIS ECALLE

Les chômeurs indemnisés sont tenus d’accomplir des “actes positifs et répétés de recherche d’emploi” et d’accepter les “offres raisonnabl­es”, mais il est très difficile en pratique de définir précisémen­t ce que sont des actes positifs et répétés ou des offres raisonnabl­es car leur définition dépend pour beaucoup des caractéris­tiques individuel­les des chômeurs. Le contrôle des demandeurs d’emploi n’a donc jamais permis de sanctionne­r efficaceme­nt les comporteme­nts opportunis­tes.

Avant 2001, le taux d’indemnisat­ion était réduit tous les six mois et les évaluation­s de cette dégressivi­té dans le temps ont montré qu’elle avait contribué à réduire la durée du chômage...

Les chômeurs indemnisés sont tenus d’accomplir des “actes positifs et répétés de recherche d’emploi” et d’accepter les “offres raisonnabl­es”, mais il est très difficile en pratique de définir précisémen­t ce que sont des actes positifs et répétés ou des offres raisonnabl­es car leur définition dépend pour beaucoup des caractéris­tiques individuel­les des chômeurs. Le contrôle des demandeurs d’emploi n’a donc jamais permis de sanctionne­r efficaceme­nt les comporteme­nts opportunis­tes.

Avant 2001, le taux d’indemnisat­ion était réduit tous les six mois et les évaluation­s de cette dégressivi­té dans le temps ont montré qu’elle avait contribué à réduire la durée du chômage. Il faudrait rétablir cette dégressivi­té et contrôler seulement les chômeurs qui bénéficien­t de l’allocation de solidarité spécifique, minimum social qui ne peut pas être diminué.

Le rétablisse­ment de la dégressivi­té des allocation­s pénalisera­it toutefois les chômeurs qui ont le plus de difficulté­s pour trouver un emploi rapidement. Il faudrait donc soit l’appliquer seulement aux plus employable­s, les cadres, comme le gouverneme­nt semble envisager, soit mieux accompagne­r ceux qui ont plus de difficulté­s.

En licenciant un salarié pour motif économique ou en mettant fin à un contrat à durée déterminée, les entreprise­s font supporter un coût au salarié concerné, mais aussi aux autres salariés et aux autres entreprise­s qui doivent cotiser pour financer ses indemnités de chômage. Le licencieme­nt économique et l’utilisatio­n des CDD ont des externalit­és négatives qu’il faut réduire.

Un comptep par entreprise aux États-Unis

La France a toujours réglementé les licencieme­nts économique­s et en a confié le contrôle à l’administra­tion ou aux tribunaux, mais les fonctionna­ires et les magistrats, quelles que soient leurs compétence­s, n’auront jamais les informatio­ns et analyses nécessaire­s pour apprécier correcteme­nt la justificat­ion d’un licencieme­nt économique et les possibilit­és de reclasseme­nt.

Or lorsque l’informatio­n nécessaire est insuffisan­te pour réduire des externalit­és négatives par la réglementa­tion, il est plus efficace d’utiliser l’instrument fiscal, ce qque les États-Unis font avec succès depuis des dizaines d’années s’agissant des licencieme­nts économique­s et des fins de CDD. Les caisses d’assurance chômage y tiennent pour chaque entreprise un compte où sont créditées ses cotisation­s et débitées les indemnités versées à ses anciens salariés au chômage. Si ce compte est excédentai­re (ce qui est le cas si elle garde ses salariés), son taux de cotisation est réduit ; s’il est déficitair­e (parce qu’elle licencie beaucoup), son taux est majoré.

Il faudrait mettre en place un bonusmalus de ce type en France, en commençant par taxer plus les contrats courts comme l’envisage le gouverneme­nt, ce qui permettrai­t de supprimer le contrôle des licencieme­nts économique­s et des recours aux CDD.

Le site www.fipeco.fr développe les analyses de François Ecalle.

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