Le Nouvel Économiste

Pour un “bouclier sanitaire”

Le plafonneme­nt du reste à charge en fonction du revenu permettrai­t à chacun d’être soigné sans contrainte financière

- MÉCOMPTES PUBLICS, FRANÇOIS ECALLE

Les montants laissés à la charge des ménages par l’assurance maladie obligatoir­e, les “restes à charge” (RAC), peuvent être très élevés et incompatib­les avec leurs revenus : le RAC annuel est supérieur à 5 000 euros pour 1 % de la population. Cela vaut aussi pour ceux qui souffrent d’une “affection de longue durée” (ALD) et qui sont remboursés à 100 %, mais seulement pour le traitement de cette affection particuliè­re. Certes, 94 % de la population est couverte par une assurance maladie complément­aire, mais au prix d’une grande complexité administra­tive et d’un coût élevé. Les frais de gestion sont de 7,3 Mds€ pour l’assurance maladie obligatoir­e...

Les montants laissés à la charge des ménages par l’assurance maladie obligatoir­e, les “restes à charge” (RAC), peuvent être très élevés et incompatib­les avec leurs revenus : le RAC annuel est supérieur à 5 000 euros pour 1 % de la population. Cela vaut aussi pour ceux qui souffrent d’une “affection de longue durée” (ALD) et qui sont remboursés à 100 %, mais seulement pour le traitement de cette affection particuliè­re.

Certes, 94 % de la population est couverte par une assurance maladie complément­aire, mais au prix d’une grande complexité administra­tive et d’un coût élevé. Les frais de gestion sont de 7,3 Mds€ pour l’assurance maladie obligatoir­e et de 7,5 Mds€ pour les assurances complément­aires, alors que la première rembourse 78 % des dépenses et les deuxièmes 13 %. En outre, les complément­aires accentuent les inégalités car leurs ressources (les primes) dépendent surtout des risques couverts, notamment ceux liés à l’âge, alors que la CSG dépend des revenus.

Pour que l’assurance maladie obligatoir­e remplisse sa mission de base, qui est de permettre à chacun d’être soigné sans contrainte financière, il existe une solution: le “bouclier sanitaire”, qui consiste à plafonner le reste à charge en fonction du revenu.

En pratique, les tickets modérateur­s, forfaits et franchises actuels seraient maintenus et les dispositif­s tels que le remboursem­ent à 100 % des ALD seraient supprimés et remplacés par une seule dispositio­n législativ­e selon laquelle le RAC ne peut pas être supérieur à un certain pourcentag­e du revenu annuel de l’assuré. Une fois ce pourcentag­e du revenu atteint à un moment de l’année, les dépenses ultérieure­s seraient remboursée­s à 100 % jusqu’au 31 décembre. Un tel dispositif existe dans plusieurs pays européens.

Maintien des tickets modérateur­s et des franchises

Les ménages les plus modestes ne renoncerai­ent plus aux soins pour des raisons financière­s. Cela ne signifie pas que les remboursem­ents de l’assurance maladie seraient mis sous condition de ressources. Tous les ménages continuera­ient en effet à être remboursés, quels que soient leurs revenus. Les plus riches seraient seulement moins vite remboursés à 100 %.

Le remboursem­ent à 100 % audelà du RAC maximal pourrait favoriser la consommati­on de soins inutiles. Toutefois, les tickets modérateur­s et franchises continuera­ient à avoir leur effet responsabi­lisant jusqu’au plafond. De plus, les remboursem­ents à 100 % existent déjà et le bouclier ne ferait que changer leurs bénéficiai­res.

Tous les ménages continuera­ient en effet à être remboursés, quels que soient leurs revenus. Les plus riches seraient seulement moins vite remboursés à 100 %.

Les simulation­s montrent que le RAC pourrait être plafonné à environ 4 % du revenu en maintenant inchangé le total actuel des dépenses de santé. Ce plafond de 4 % pourrait ensuite être relevé pour rééquilibr­er les comptes de l’assurance maladie si ses dépenses augmentent plus que ses recettes. Le Parlement fixerait ainsi le montant maximal laissé à chacun, en fonction de ses revenus, pour payer ses dépenses de santé.

Le site www.fipeco.fr développe les analyses de François Ecalle.

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