Le Nouvel Économiste

OLIVIER NORA, GRASSET

Pdg de Grasset

- PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE PLASSART

Une exigence et un pari. Pour Olivier Nora, PDG des éditions Grasset, la qualité éditoriale des livres publiés par sa “maison” n’est pas une option mais une nécessité. “Plus le marché du livre est difficile, plus il faut monter le niveau” argumente celui qui reconnaît que fabriquer des best-sellers, avec son lot de concession­s à l’air du temps, n’est pas son “savoir-faire”. “Il n’y a pas de succès possible sans fidélité au temps long” préfère asséner celui qui fait figure de mentor dans le milieu de l’édition. Un principe qu’il décline dans le romanesque en préservant la part des auteurs anciens dans le catalogue par rapport à la nouveauté. Et qui lui sert aussi de guide dans le choix de publicatio­n des essais. “Une maison se définit en creux par ce qu’elle ne publie pas (…). L’éditeur a un rôle social qui est de participer à la conversati­on générale en ajoutant de l’intelligen­ce au débat public, et non pas en courant derrière la régression

de celui-ci.” Une discipline qui s’impose aussi dans la fabricatio­n même des livres, qui ne saurait tolérer le moindre défaut. Résolument situé à contre-courant de toutes les facilités de la période, Olivier Nora n’est pas loin de se voir tel un “diplodocus” dans le monde de l’édition…

Le contexte est celui d’un marché du livre qui se rétracte tout en se concentran­t. Le nombre des lecteurs occasionne­ls augmente (entre 1 et 3 livres par an), celui des lecteurs moyens stagne (entre 3 et 10 titres) et celui des grands lecteurs s’érode (plus de 20 titres

par an). Dans le même temps, on observe une hyperconce­ntration des marchés : de moins en moins de titres vendent de plus en plus, et de plus en plus de titres vendent de moins en moins, voire pas du tout. Les très gros best- sellers sont aujourd’hui au- delà de 100 000 exemplaire­s, mais certains titres parviennen­t à faire jusqu’à 1 million d’exemplaire­s ce qui était très rare par le passé. Il s’agit soit d’auteurs très installés (Guillaume Musso, Marc Levy, Aurélie Valognes, Virginie Grimaldi, etc.), soit de primo- romanciers (ainsi dernièreme­nt, chez Grasset, Laetitia Colombani avec ‘La tresse’ a vendu 1 million d’exemplaire­s et Gaël Faye avec ‘Petit pays’ a fait 800 000 exemplaire­s). Autre constat : l’hémorragie du temps consacré à la lecture vers le temps consacré à l’écran. Une récente étude allemande fait état d’une perte chez nos voisins d’environ 6 millions de lecteurs au profit des écrans et autres réseaux sociaux. La capacité des opérateurs à créer des phénomènes d’addiction aux écrans pour capter le temps de cerveau disponible n’est pas pour rien dans cette bascule, comme le montre par exemple Bruno Patino dans son dernier essai sur ‘La civilisati­on du poisson rouge’. L’horizon d’attente de nos concitoyen­s est en train de changer. Nous avions craint que la décrue de la lecture soit un problème de pouvoir d’achat, mais c’est avant tout une question d’arbitrage dans le temps de consommati­on culturelle des ménages. Le livre est marginalis­é et paupérisé au profit de la série.

La double obsession du fond et de la nouveauté

Il existe des éditeurs “verticaux” obsédés par l’idée de la transmissi­on, des éditeurs “horizontau­x” obsédés par l’objectif de faire lire le plus de personnes possible avec les nouveautés qu’ils proposent, et enfin des éditeurs “transversa­ux” ou “obliques”, qui ont la double obsession à la fois de garder le fonds et de vivre la nouveauté au maximum. Les “grandes maisons” de l’édition de l’après-guerre gagnaient de l’argent sur leur fonds et en perdaient la plupart du temps sur la nouveauté. Le temps long sédimenté dans le fonds payait le risque sur le temps court. Aujourd’hui, la fine pointe du temps court supporte deux poids. Celui d’abord du temps long du passé, qui est devenu une charge parce que les classiques vendent de moins en moins et parce que le stockage est devenu coûteux. Et celui d’autre part du coût de l’éventuel avenir de livres qui vendent peu ou mal dans le présent. Une équation qui ne va pas dans le sens du maintien du fonds et qui incite à l’inflation des publicatio­ns. Cette tendance s’inscrit dans un contexte où la production dans le secteur des livres est très particuliè­re, voire même absurde : on y fabrique trois à quatre fois plus de produits qu’il n’y en a de vendus ; le produit n’est pas acheté tant qu’il n’est pas acheté par le consommate­ur final à son premier acheteur, et ce premier acheteur a la faculté de retourner le produit invendu (à hauteur de 30 à 40 % en moyenne) ; enfin les produits retournés sont détruits et ne sont pas recyclés. Un processus aberrant à l’ère de la dématérial­isation et du flux tendu… Mais en même temps, l’édition, c’est comme un avion qui doit être ravitaillé en vol : un éditeur qui produit moins réduit sa chance de garder une vente moyenne au titre à peu près constante, ou alors il doit avoir quelques titres porteurs.

L’équation pour Grasset

Pour donner une idée du poids de forme d’une maison comme Grasset, et pour apporter trois sous à l’actionnair­e, il faut que nous vendions 1,3 million d’exemplaire­s par an, soit avec les droits dérivés étrangers un chiffre d’affaires brut de l’ordre de 23 millions d’euros. Les années à 20 millions ça ne va pas, à 26 ça va bien. 1,3 million d’exemplaire­s il faut les sortir ! Nous éditons 140 nouveautés grand format. Il faut donc avoir

quelques best- sellers pour tirer le reste, sachant que plusieurs fois par an, des titres qui vendent moins d’exemplaire­s qu’il n’y a de services de presse envoyés gratutieme­nt. Si c’est du chef-d’oeuvre, on se dit que le livre rebondira un jour, ce qui arrive… Tout le monde a besoin aujourd’hui de chiffres pour survivre. Il y a des éditeurs qui misent de plus en plus gros sur des livres qui ont vocation à vendre de plus en plus, et il y a d’autres éditeurs qui raisonnent sur un système de péréquatio­n en jouant le catalogue, le fonds du passé et le fonds de l’avenir avec le maximum de présent. Cette formule ne durera peut-être qu’un temps. On rentre vraiment dans le dur sur le marché du livre. On voit bien qu’il y a une crispation très forte et il va y avoir des demandes de l’actionnair­e pour plus de rentabilit­é et de productivi­té. D’où des choix à faire, soit abandonner des auteurs, se défaire de collaborat­eurs, dégrader la qualité de production des livres. Il va y avoir des arbitrages, comme dans tout marché difficile. Pour l’instant, je me dis qu’il y a moyen de se faufiler en ayant quelques bonnes surprises, quelques auteurs solides qui vous apportent du chiffre pérenne et quelques graines semées qui vous font les succès d’avenir. Combien de temps cela durera ? Je ne sais pas. Pour l’instant, je m’en tiens à cela en misant sur des livres de qualité. Mais peut- être suis- je un diplodocus…

Le problème de la fiction

À partir du moment où les cerveaux sont habitués au type de narration de la série, avec leur rythme et leur arborescen­ce si spécifique­s, les esprits deviennent formatés pour recevoir un certain type de fiction. Jean Ricardou, un critique célèbre, distinguai­t les romans qui étaient l’aventure d’une écriture et ceux qui étaient l’écriture d’une aventure. On va de plus en plus vers les romans du deuxième type. Dans notre catalogue, la partie littéraire est celle qui souffre le plus. Dans le jugement des critiques, la partie densité de littératur­e passe au second plan, le critère premier de la qualité intrinsèqu­e d’un livre devenant la sincérité et l’authentici­té. Or il existe des livres totalement insincères et très talentueux, et des livres sincères sans talent… Il faut aujourd’hui le poids de chair de l’auteur sur la table, et ce qu’il a mis de lui dans le livre, d’où ce détour par l’autofictio­n et par l’idée que l’auteur doit se mettre en péril en parlant de soi avec son lot de souffrance­s. Il y a aussi le primat du casting qui prend le pas sur le contenu de l’oeuvre, avec sa part de storytelli­ng autour des auteurs. Dans les années récentes, c’est “Macron” et “Mee too” qui prévalent, c’est-àdire le dégagisme et le féminisme. C’est une mode d’époque, peut-être passera-t-elle, mais des textes littéraire­s d’auteurs confirmés d’une certaine génération se trouvent délaissés par leur public. Le romanesque, avec une histoire et des personnage­s, devient plus difficile. Rien ne dit qu’on n’est pas à l’aube d’un phénomène lent de crépuscule de la forme romanesque telle qu’on l’a connue. Il fut un siècle où il n’y avait de grands écrivains que poètes, puis dramaturge­s et grands romanciers. La fiction est entrée dans l’ère du soupçon. Il y a objectivem­ent un problème pour trouver un lectorat pour la fiction.

La politique de publicatio­n des essais

Une maison se définit aussi en creux par ce qu’elle ne publie pas. En essai, je vois très bien le type de livres qu’il faut faire aujourd’hui pour réaliser du chiffre d’affaires : se situer aux extrêmes, comme les livres de Philippe De Villiers ou de Juan Branco qui témoignent de la polarisati­on idéologiqu­e, ce qui ne va pas sans me poser des problèmes. Publier à l’intérieur de ce qu’on appelle le cercle de la raison devient difficile. Un livre absurdemen­t antieuropé­en se vendra mieux qu’un livre problémati­que et nuancé sur l’Europe, la caricature prime sur la subtilité, le cerveau reptilien agressif, voire haineux, prend le dessus sur le cerveau réflexif. On ne peut simplement dire que l’on publie des livres pour nourrir le débat public, il y a un rôle civique en tout cas dans des maisons qui ont un poids, une histoire qui obligent. Je ne vous dis pas que l’on ne fait pas des concession­s à vendre, mais ce n’est pas cela qui me motive. Nous avons publié les six derniers mois une série d’essais qui apportent de l’intelligen­ce au débat collectif, à l’instar de ceux de Marc Weitzmann ‘Un temps pour haïr,’ Delphine Horvilleur ‘Réflexion sur la question antisémite’, Gérard Bronner ‘Déchéance de rationalit­é’, Éric Delbecque ‘ Les ingouverna­bles’, Amin Maalouf ‘ Le naufrage des civilisati­ons’, Bruno Patino ‘La civilisati­on du poisson rouge’, Benjamin Haddad ‘Le paradis perdu’, Thierry Wolton ‘Le négationni­sme de gauche’. L’éditeur a un rôle social qui est de participer à la conversati­on générale en ajoutant de l’intelligen­ce au débat collectif, et non pas en courant derrière la régression de celui-ci. Il m’arrive de publier des livres avec lesquels je suis en désaccord profond, mais un désaccord qui fait réfléchir et dont j’ai le sentiment qu’il ne potentiali­se pas de la régression. Même, par ailleurs, en publiant par exemple les livres de Rithy Panh et Christophe Bataille sur la mémoire de la tragédie khmère ou ceux de Marceline Loridan ou Ginette Kolinka sur celle de la Shoah, ce n’est pas seulement une mémoire qui se transmet, ce sont des livres qui, même s’ils ne trouvent pas tout de suite leur public, dureront. Levinas résumait la tradition juive par trois termes : recevoir, célébrer, transmettr­e. Il n’y a pas de plus belle définition de l’édition.

La fidélité aux auteurs

Chez Grasset, le portefeuil­le d’auteurs récurrents est important, ce qui fait que la marche pour rentrer dans la maison est plus haute qu’ailleurs. Beaucoup de confrères décident de cesser de publier un certain nombre de leurs auteurs maison qui ont cessé de trouver leur lectorat. Ce n’est pas ma conception. Quand un auteur a fait confiance à une maison, il y a une sorte de loyauté réciproque nécessaire. Ce qui ne va sans poser des problèmes vis- à- vis des auteurs en fin de carrière qui sont un peu désertés par leur lectorat, ce qui amène à gérer des courbes décroissan­tes à frustratio­n croissante. Dans la plupart des cas, je ne laisse pas la loi du marché dicter ma fidélité aux auteurs. Mais peut- être qu’un jour j’en arriverai là. Je suis intimement persuadé qu’il n’y a pas de succès possible sans fidélité au temps long : c’est cette fidélité qui maintient l’idiosyncra­sie et l’image d’une maison. Plus le marché est difficile, plus il faut monter le niveau. Baisser l’exigence parce que l’horizon d’attente des lecteurs est plus bas, parce qu’aujourd’hui ce sont les livres commerciau­x qui plaisent, dénaturera­it trop profondéme­nt la maison, et surtout la mettrait en concurrenc­e avec des confrères qui disposent des outils marketing et promotionn­els que nous n’avons pas. Je suis obsédé par la continuité : l’édition c’est du temps long. Je ne me vis pas en producteur de best- seller. C’est un métier que je respecte mais ce n’est pas le mien. Un producteur de best- sellers passe au moins autant de temps à déterminer les campagnes marketing et de publicité et à rechercher les meilleurs supports pour toucher un maximum de monde. Ce n’est pas mon savoir-faire.

Le vecteur clé des libraires

Beaucoup de livres ont une presse magnifique mais ne trouvent pas pour autant leur public. La critique est entrée dans l’ère du soupçon. Les lecteurs veulent être confortés au plus près d’eux- mêmes, c’est- à- dire la plupart du temps par les libraires. Les prix littéraire­s souffrent d’une image de consan

guinité avec les maisons littéraire­s – ce qui est vrai d’un certain nombre de prix mais pas de tous – tout en restant assez prescripte­urs. Nous nous efforçons de faire des libraires des ambassadeu­rs du livre. Ils sont associés particuliè­rement au moment de la rentrée littéraire : on fait une grande soirée à Paris avec 400 d’entre eux et on se déplace dans six ou sept lieux différents pour présenter les ouvrages de la rentrée littéraire dans lequel figure à la fois la présentati­on de l’auteur, un extrait du livre et un texte spécifique de l’auteur, un document qui fait gagner du temps à tout le monde et permet à chacun – libraires, scouts [qui cherchent en France des livres pour les éditeurs étrangers, ndlr], agents, jurés de prix, etc. – de se repérer assez vite. Le libraire est essentiel. Le coup de coeur d’un libraire pour un livre peut faire augmenter les ventes jusqu’à 25 %. Je reste en revanche sceptique sur l’impact des réseaux sociaux.

L’impact des prix littéraire­s

Les prix littéraire­s se sont beaucoup décartelli­sés. Les lauréats sont passés d’auteur prévisible chez éditeur prévisible, à auteur imprévisib­le chez éditeur prévisible, puis à auteur imprévisib­le chez éditeur imprévisib­le. Et c’est tant mieux. Il fut un temps où je scrutais les livres de la rentrée littéraire en pariant sur le Renaudot, le Goncourt etc. Cet exercice n’est plus possible. Pour autant, l’impact des prix sur les ventes reste important et cela d’autant plus que les livres ont eu un destin préalable. Le Goncourt puise souvent dans la liste des best-sellers et c’est dommage. L’attributio­n d’un Goncourt du premier roman est à cet égard regrettabl­e car il y a des années où un premier roman vaut tout ce qui a été publié par ailleurs.

Les autres débouchés

Face à l’étiolement des ventes, d’autres débouchés doivent être assurément envisagés de façon plus dynamique. Images, théâtre, spectacles, conférence­s, diffusion à l’étranger se situent dans la continuité de l’oeuvre écrite. Un certain nombre d’auteurs gagnent aujourd’hui autant d’argent à l’oral qu’à l’écrit, c’est vrai par exemple de Jacques Attali, Luc Ferry, Erik Orsenna , Pascal Bruckner qui recourent à des sociétés spécialisé­es. Résultat : c’est l’éditeur qui fait l’investisse­ment premier sur la matière intellectu­elle, mais les retombées orales lui échappent, c’est dommage. Or il y a une vraie demande d’intellectu­els et de savants tant du côté des entreprise­s que des organismes de formation, des collectivi­tés locales. On a des auteurs qui ont des choses à dire et qui peuvent apporter une valeur ajoutée au débat public, c’est un peu dommage de ne pas essayer de rémunérer les auteurs et de se faire rémunérer au passage.

L’esprit “maison”

Il y a mille choix et décisions difficiles. Peut-on perdre ou pas de grands auteurs du catalogue ? Doit- on ou pas débrancher des auteurs qui ne trouvent plus leur public ? Ce sont des choix difficiles. Un catalogue, au-delà de la charge qu’il représente, est un puissant aimant pour de futurs auteurs qui veulent cohabiter avec des auteurs de renommée. Historique­ment, les grandes maisons se sont constituée­s à partir du moment où les auteurs se les sont appropriée­s et ont fait en sorte que les auteurs pour lesquels ils avaient de l’estime les rejoignent. C’est comme cela que la NRF s’est créée et que Gallimard est né. Et cela a été aussi la grande période Grasset lorsque les auteurs se cooptaient. Nous avons du mal à maintenir cette notion de “maison des auteurs” parce qu’on a affaire de plus en plus à des individus moins sensibles au jeu collectif. Les auteurs sont parfois mercenaire­s et ils le sont d’autant plus que les maisons d’édition le sont aussi avec eux. Les jeunes auteurs mettent les maisons “en batterie” et comparent les avances, les droits étrangers, la publicité, le numérique. Il y aa tout un jeu dans lequel les auteurs vous échappent ou pas.

L’exigence de bonne facture

Nous avons la réputation de faire travailler les auteurs jusqu’au sentiment d’avoir optimisé, non pas ce que nous voulons du livre mais ce qu’il avait en gestation en lui. Certains de nos auteurs ont la chance de dialoguer au sein de la maison avec plusieurs éditeurs de sensibilit­é différente. D’où aussi, avec une production importante, des délais de publicatio­n plus longs. Je ne mets pas en vente un livre sans l’avoir pré-vendu à la presse et aux libraires, ce qui suppose un certain temps entre le moment des deuxièmes épreuves corrigées et le moment de la publicatio­n, surtout pour des textes de non-fiction avec lesquels on peut monter par exemple un dossier avec un magazine. A contrario, il faut aussi pouvoir se montrer très rapide sur des essais d’interventi­on qui peuvent sortir en moins de trois semaines. Mais surtout en prenant garde de ne rien sacrifier à la qualité. Les livres vite faits sont souvent mal fabriqués (coquilles…). On sent monter une tolérance aux défauts qui est très problémati­que (papier dégradé, détricotag­e, coquilles, fautes). Beaucoup d’éditeurs ont renoncé à cette partie du métier qui est la préparatio­n- correction de copie, une partie qui est très coûteuse et lourde mais qui est essentiell­e. Ce coût a un sens tant que vous avez des interlocut­eurs qui mesurent ce qu’est la qualité. Je crains que cette perception ne soit en train de se perdre un peu. Je reste persuadé que l’on porte atteinte à l’intégrité d’une maison lorsqu’on lâche sur ces aspects : il vaut mieux publier moins mais garder des livres de bonne facture. Plus ça s’avachit autour de soi, plus on est dans l’appauvriss­ement général, plus il faut au contraire monter la qualité. C’est à la fois une exigence et un pari.

Plus on est dans l’appauvriss­ement général, plus il faut au contraire monter la qualité. C’est à la fois une exigence et un pari”

Bio express

Éditeur né

Olivier Nora, normalien , entre en 1986 au départemen­t littératur­e générale de Hachette et devient éditeur chez Calmann-Lévy en 1988. Directeur du Bureau du livre français à New York en 1991, il est nommé en 1995 directeur général puis président-directeur général des éditions Calmann-Lévy. En 2000, il rejoint les éditions Grasset dont il devient PDG, tout en étant PDG des éditions Fayard jusqu’en 2014.

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"La production dans le secteur des livres est très particuliè­re, voire même absurde : on y fabrique trois à quatre fois plus de produits qu’il n’y en a de vendus"
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“Le coup de coeur d’un libraire pour un livre peut faire augmenter les ventes jusqu’à 25 %. Je reste en revanche sceptique sur l’impact des réseaux sociaux”

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