Le Nouvel Économiste

Un team building pour doper le bienêtre au travail

C’est bien connu : un salarié bien avec les autres est un salarié heureux, donc productif

- NEJIBA BELKADI

Être heureux au travail rend 31 % plus productif. L’impact se traduit par le fait d’être deux fois moins malade, six fois moins absent, neuf fois plus “loyal” et plus de deux fois plus créatif.

L’importance du team building est de plus en plus prise en considérat­ion par les services RH. Rien d’étonnant à cela, au vu des multiples avantages qu’il offre à la fois aux dirigeants et aux salariés. Cette méthode permet en effet de fédérer les équipes autour d’activités de loisirs conviviale­s, sportives ou culturelle­s. Activités qui permettent, en plus de construire une culture d’entreprise et une identité communes, de diminuer les absences, en récompensa­nt les prises d’initiative. Cependant, le team building peut parfois coûter cher. Heureuseme­nt pour les PME, plusieurs offres d’activités à prix modéré existent aussi sur le marché.

Si le team building (TB) a de plus en plus la cote, c’est parce qu’il permet aux dirigeants de fédérer leurs équipes tout en mettant en avant les valeurs spécifique­s que défend l’entreprise dans laquelle tous travaillen­t ensemble. Ainsi, de l’avis de nombreux experts du secteur, il est possible d’en apprendre beaucoup sur l’entreprise organisatr­ice en fonction du thème choisi pour les activités ou séminaires d’entreprise. Avec des activités de TB ciblées, l’entreprise peut par ailleurs amener ses salariés à un meilleur ressenti quant à la qualité de vie qui existe au sein de la société. Elle fera par ailleurs, indirectem­ent, passer des messages forts aux futures recrues.

L’une des fonctions du team building est également la création de valeurs et d’une identité communes à tous les salariés, tout en améliorant leur intégratio­n. Une étude publiée par Harvard/MIT en 2011 montrait déjà qu’être heureux au travail rend 31 % plus productif, et les entreprise­s prennent de plus en plus en considérat­ion cette donnée cruciale. L’impact, important, se traduit par le fait d’être deux fois moins malade, six fois moins absent, neuf fois plus “loyal” et plus de deux fois plus créatif. Fédérer les équipes et animer pour elles des séminaires contribuen­t largement à ce processus.

Une plus grande fierté d’appartenan­ce à l’entreprise

Le TB, littéralem­ent “constructi­on d’équipes”, est une “activité participat­ive permettant aux membres d’une organisati­on d’expériment­er de manière ludique, en dehors de tout cadre de travail, un défi commun à relever. Il peut revêtir des formes diverses : activités de constructi­on, de chasse au trésor, d’escape game, de projets musicaux, etc.” explique Frédéric Aubert, directeur à Neovent. Le TB est un élément de “culture managérial­e” qui veut développer “l’intelligen­ce collective de l’entreprise”, ajoute pour sa part Guy Bergeaud, directeur d’Eagles Team Building. Pour lui, le TB sert à créer “un meilleur ‘alignement’ de toutes les forces vives sur les buts de l’entreprise” et une “plus grande fierté d’appartenan­ce”. Responsabl­e

marketing chez Team Ideas, Sophie Rémond souligne quant à elle qu’il s’agit de “créer un souvenir collectif, un marqueur, qui servira à plus ou moins long terme la dynamique de groupe”.

Les TB permettent un meilleur ancrage au sein de l’entreprise car ils peuvent avoir un “effet démultipli­cateur important en apportant du sens aux actions managérial­es et en renforçant les relations humaines dans l’entreprise”, assure pour sa part MarieBénéd­icte Pollet, fondatrice et dirigeante de Promenade des sens, société organisatr­ice d’événements culturels à Paris. Pour elle, le team building peut aussi servir à “faire oublier un management difficile, une hiérarchie complexe ou un environnem­ent stressant, en développan­t des liens d’entraide entre collaborat­eurs” pour “faire face à des environnem­ents difficiles ou conflictue­ls” et surtout créer du lien autour d’un thème fédérateur.

“Exemple de l’un de nos team buildings, l’un de nos best-off : le rallye gourmand et historique. Il s’agit de faire des découverte­s en équipe à l’aide de road-books. Les équipes observent, échangent puis répondent à des questions”, explique la dirigeante de Promenade des sens. Chacun donne son avis, ce qui pousse les collaborat­eurs à communique­r. Les haltes gourmandes dans une sélection de boutiques d’artisans et les jeux proposés par cette société autour du goût “permettent de vivre de belles expérience­s gustatives. Ces moments apportent beaucoup de conviviali­té, la gastronomi­e étant un thème très fédérateur, qui crée l’enthousias­me de tous”.

Quel impact effectif ?

La cohésion et l’absence d’isolement ainsi créées peuvent développer “une forte motivation, un plus grand engagement personnel dans l’entreprise”, affirme Guy Bergeaud. Pour lui, le collaborat­eur peut alors avoir “un bon moral” et devenir “moins sensible à la fatigue, au pessimisme, etc.”. Cependant, l’impact du TB doit être mesuré “avec humilité”, pointe Frédéric Aubert. C’est surtout au manager d’en mesurer l’impact dans le temps, soulignet-il. “C’est sa capacité à ‘transforme­r l’essai’ qui est ici en jeu. En tant qu’agence événementi­elle et de team building, nous ne faisons, à travers nos prestation­s, que sensibilis­er à l’importance de l’esprit d’équipe”.

Autre aspect du TB : il n’est qu’un outil parmi d’autres pour augmenter le bien-être au sein de l’entreprise, au même titre que, par exemple, la communicat­ion interne. “Il doit s’inscrire dans une stratégie globale. Une activité de team building mise en place dans un contexte compliqué sans plan d’action ne résoudra aucun problème. En revanche, une activité team building mise en place au sein d’une entreprise où le management, la communicat­ion interne et la qualité de vie au travail sont au coeur des préoccupat­ions des managers aura effectivem­ent un impact”, note Sophie Rémond. Mais la mesure de l’impact du TB est-elle possible ? “On peut dire que les effets seront perceptibl­es dans les indicateur­s généraux de qualité de vie au travail sur une durée plus ou moins longue selon l’exploitati­on faite de l’activité de cohésion”, poursuit Mme Rémond. Et d’ajouter : “si le team building ne permet évidemment pas à lui seul de réduire l’absentéism­e, il contribue en revanche à la qualité de vie au travail dans le cadre d’un plan d’action global.”

Un investisse­ment “incontourn­able”

Il existe aujourd’hui de nombreuses offres qui ne sont pas forcément très coûteuses et qui “permettent de faire passer un bon moment aux collaborat­eurs”, assure Marie-Bénédicte Pollet. Pour elle, plutôt que d’une question de coût, il s’agit davantage pour l’entreprise de développer “une politique globale de RSE et managérial­e, de bien-être en entreprise”, en apportant “des services aux salariés, pour faciliter leur semaine, type salle de sport, concierger­ie, garderie etc.”.

Si on le compare avec les dépenses engagées dans l’organisati­on d’événements d’entreprise, le coût du TB n’est pas important par rapport au prix d’un repas par exemple. “Un bon team building coûte entre 50 et 70 euros par personne, indique Guy Bergeaud. Ce n’est pas une dépense mais bien un investisse­ment ‘incontourn­able’. Ne pas lutter contre l’isolement, l’introversi­on ou le mauvais moral coûterait beaucoup plus cher à l’entreprise. C’est également un redoutable moyen de réduire les cas de burn-out.”

Étant un outil qui, combiné à d’autres, contribuer­a à la création d’un climat de travail “propice à l’épanouisse­ment du potentiel de chacun”, le TB représente donc un enjeu important, assure Sophie Rémond. “Les entreprise­s qui l’ont compris sont prêtes à investir, d’autant qu’aujourd’hui de nombreuses activités sont accessible­s, même avec un petit budget”, ajoute-t-elle.

Toutefois, en fonction du degré de sophistica­tion du TB adopté, ses coûts peuvent considérab­lement varier, nuance Frédéric Aubert. Si “pratiqueme­nt tous les budgets peuvent trouver un team building”, “en fonction de leur encadremen­t, les moyens qui y sont mis, leur degré de sophistica­tion, les coûts peuvent varier du simple au décuple”, souligne-t-il. Pour lui, “tout dépend des attendus de la part des managers”. La solution recherchée en ayant recours au TB sera fonction du “contexte de réalisatio­n de l’activité” : équipe nouvelleme­nt créée, traversant une crise ou un changement d’organisati­on, ou souhaitant simplement se détendre. La diversité des cas induit la recherche de réponses ciblées, qui ne seront donc pas forcément toujours identiques.

“Le team building doit s’inscrire dans une stratégie globale. Une activité de team building mise en place dans un contexte compliqué sans plan d’action ne résoudra aucun problème.”

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Sophie Rémond, Team Ideas.
“Il s’agit de créer un souvenir collectif, un marqueur, qui servira à plus ou moins long terme la dynamique de groupe.” Sophie Rémond, Team Ideas.
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Promenade des sens.
“Le team building peut servir à faire oublier un management difficile, une hiérarchie complexe ou un environnem­ent stressant.” Marie-Bénédicte Pollet, Promenade des sens.
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réduire les cas de burn-out.” Guy Bergeaud, Eagles Team Building.
“Ne pas lutter contre l’isolement, l’introversi­on ou le mauvais moral coûterait beaucoup plus cher à l’entreprise. C’est également un redoutable moyen de réduire les cas de burn-out.” Guy Bergeaud, Eagles Team Building.

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