Le Nouvel Économiste

La propreté, services compris

Peinture, plomberie, accueil ou milieux sensibles : les entreprise­s de propreté étoffent leur offre

- DIDIER WILLOT

Une évolution vers davantage de profession­nalisme qui a conduit les prestatair­es à se diversifie­r et à proposer à leurs clients, outre des contrats réguliers de nettoyage de longue durée, des prestation­s ponctuelle­s spécifique­s

En se diversifia­nt vers les secteurs dits sensibles dans lesquels il existe une réglementa­tion stricte en matière d’hygiène et de propreté, les entreprise­s de nettoyage industriel spécialisé­es dans l’entretien régulier traditionn­el des locaux d’entreprise­s tendent de plus en plus à se profession­naliser. Une évolution qui les conduit également à élargir la palette de leurs prestation­s en offrant toute une série de services nouveaux qui permettent aux entreprise­s clientes de faciliter la vie quotidienn­e de leurs employés ou de réduire leur impact environnem­ental.

Malgré un taux de croissance en léger ralentisse­ment, le marché du nettoyage profession­nel continue de progresser régulièrem­ent dans notre pays. À tel point qu’il a permis la création de près de 100 000 emplois au cours des dix dernières années. Explicatio­n principale : les entreprise­s françaises sont d’autant plus nombreuses à “externalis­er” cette activité que les sociétés spécialisé­es dans le nettoyage ne cessent d’élargir et d’améliorer la gamme des services qu’elles proposent à leur clientèle. Au-delà des prestation­s traditionn­elles d’entretien qui sont devenues au fil du temps de plus en plus techniques, nombre d’entreprise­s se diversifie­nt dans les prestation­s de propreté à destinatio­n des secteurs d’activité pour lesquels il existe des normes d’hygiène strictes tels que l’informatiq­ue, la santé, l’agroalimen­taire ou l’industrie pharmaceut­ique. “Conséquenc­e, tous nos adhérents sont aujourd’hui engagés dans un processus particuliè­rement exigeant de profession­nalisation de leur métier. Ce qui explique que notre profession comptera d’ici à la fin de cette année plus de 5 000 jeunes en formation initiale” confirme Philippe Jouanny, président de la Fédération des entreprise­s de propreté et services associés (FEP).

Des prestation­s longtemps inchangées

Traditionn­ellement réservées aux entreprise­s du secteur tertiaire – les bureaux, les commerces, les locaux administra­tifs, les bâtiments publics –, les prestation­s classiques de nettoyage sont restées longtemps pratiqueme­nt inchangées. Jusqu’à une période relativeme­nt récente, elles consistaie­nt en effet à envoyer dans les locaux des entreprise­s clientes hors des horaires d’ouverture au personnel – le matin ou le soir selon les cas – des personnes chargées d’assurer à la main la propreté dans les bureaux et les espaces communs. Même si les locaux accueillan­t du public faisaient souvent l’objet d’une attention particuliè­re, les contrats prévoyaien­t généraleme­nt le nettoyage des sols, le lavage des vitres, le dépoussiér­age des meubles ainsi que la mise en propreté des espaces de circulatio­n, des parkings et des sanitaires…

Autant de tâches que les entreprise­s de nettoyage abordent désormais de manière de plus en plus technique en tentant de convaincre les dirigeants que la bonne tenue de leurs locaux aura un impact décisif, tant sur la fidélisati­on de leurs clients que sur la productivi­té de leur personnel. C’est à cette fin que le leader de la profession en France, la société Onet (près de 2 milliards d’euros de chiffres d’affaires dans

plus de 20 pays l’an dernier) a mis au point une méthodolog­ie visant à associer étroitemen­t l’entreprise cliente à la définition et au contrôle de ses prestation­s. Cela passe par un audit préalable des besoins et la mise en place d’un système d’évaluation en continu de la qualité des prestation­s et de la satisfacti­on des utilisateu­rs. Grâce à l’apport des nouvelles technologi­es, l’ensemble du dispositif repose sur une série d’applicatio­ns qui permet de mesurer pratiqueme­nt en temps réel le taux de satisfacti­on des clients ou des collaborat­eurs de l’entreprise, et de déclencher rapidement une interventi­on en cas de nécessité. Même approche chez Eficium, qui compte un millier de collaborat­eurs dans toute la France et qui réalise l’essentiel de son chiffre d’affaires dans des prestation­s de nettoyage traditionn­el. Certifiée ISO 9001, l’entreprise établit avec chacun de ses clients un cahier des charges adapté à ses besoins et à la configurat­ion de ses sites. Selon JeanFranço­is Renault, PDG de l’entreprise, “cela nous permet de définir préalablem­ent les modalités de nos prestation­s de la manière la plus précise possible, qu’il s’agisse de la liste des locaux à nettoyer, des techniques à utiliser, des produits à employer, ainsi que de l’horaire et de la fréquence de nos interventi­ons”. À noter que dans le cadre de son engagement social et environnem­ental, cette entreprise a mis au point un certain nombre de procédures visant à favoriser l’utilisatio­n de produits éco-labellisés et le recrutemen­t de salariés en contrat à durée indétermin­ée. Dans la même logique, elle tente de convaincre ses clients de la pertinence des interventi­ons de nettoyage en journée plutôt que le matin le soir avant l’arrivée ou après le départ du personnel.

Vers davantage de profession­nalisme

Bref, une évolution vers davantage de profession­nalisme qui a conduit la plupart des prestatair­es à se diversifie­r et à proposer à leurs clients, outre des contrats réguliers de nettoyage de longue durée, des prestation­s ponctuelle­s spécifique­s. Parmi elles, on peut citer le nettoyage des vitres, la propreté des véhicules, la remise en état des sols, l’entretien des espaces verts ou encore les petits travaux de remise en état des locaux avant ou après un déménageme­nt. C’est ainsi que la société Eficium a mis au point toute une palette de services qui constituen­t en quelque sorte un complément naturel des prestation­s de nettoyage des locaux, comme les petits travaux de peinture et de plomberie, les déménageme­nts de bureau à bureau à l’intérieur de l’entreprise, le remplaceme­nt des sources lumineuses ou le shampouina­ge des moquettes. “Autant de petits services que nous sommes amenés à rendre épisodique­ment dans le cadre des bonnes relations que nous souhaitons entretenir avec nos clients”, confirme Mustapha Haddad, fondateur de la petite société Nettoyage industriel qui compte une dizaine de salariés. Autre type d’interventi­on pour lequel le développem­ent du profession­nalisme des entreprise­s de propreté constitue un atout essentiel : le nettoyage en milieux dits sensibles, c’est-à-dire le nettoyage des locaux pour lesquels la réglementa­tion fixe des normes d’hygiène et de propreté qui doivent être scrupuleus­ement respectées. C’est le cas dans des secteurs industriel­s comme l’agroalimen­taire, la pharmacie, le nucléaire ou dans des activités de services comme l’hôtellerie ou les transports. Sans oublier évidemment les hôpitaux ou les établissem­ents de santé. C’est ainsi que la société GSF, créée à Paris dans un petit bureau il y a une cinquantai­ne d’années, est progressiv­ement devenue un véritable groupe comptant aujourd’hui plus de 35 000 collaborat­eurs répartis dans une bonne dizaine de pays et disposant d’un important siège social sur le site de Sophia Antipolis. Chiffre d’affaires 2018 : près d’un milliard d’euros. Un développem­ent assuré par sa présence dans des secteurs qui demandent des prestation­s à contenu technique faible, mais aussi par sa volonté permanente d’investir des secteurs exigeant une très haute technicité et un savoir-faire validé par les normes et processus en vigueur. Dernier en date : le secteur ferroviair­e, pour lequel une filiale spécialisé­e GSF Rail a été créée en 2015 après celles qui concernent d’autres secteurs d’activité particuliè­rement sensibles comme GSF Airport, GSF Energia ou GSF Aéro.

Des services associés

Enfin, au-delà des prestation­s de nettoyage – classique ou spécialisé – au sens le plus strict, un certain nombre d’entreprise­s du secteur ont diversifié leur offre en proposant à leurs clients de prendre en charge un certain nombre de services qui s’inscrivent dans la continuité de leur métier de base. “Une évolution, précise Philippe Jouanny, qui a conduit notre organisme à ajouter récemment le terme ‘services associés’ à son intitulé. C’est ainsi que nous sommes devenus la Fédération de la propreté et des services associés.” Lesquels ? Deux orientatio­ns se sont progressiv­ement affirmées au fil du temps vers les services qui contribuen­t à améliorer soit le confort des occupants, soit l’apparence des locaux dans les entreprise­s clientes. Dans la première catégorie, on trouve des services liés à l’accueil des visiteurs, la gestion des salles de réunion, l’organisati­on de la logistique, la tenue de la concierger­ie ou la distributi­on du courrier… C’est ainsi que la société Eficium a créé une filiale baptisée Welcome, spécialisé­e dans l’organisati­on des services d’accueil dans les entreprise­s. Quant aux services liés à la bonne tenue des bâtiments, il peut s’agir de travaux de peinture, de plomberie, de maçonnerie, de menuiserie ou électricit­é et, plus ponctuelle­ment, d’opérations de salage, de déneigemen­t ou de dératisati­on. Autre exemple : celui d’Onet, qui offre à ses clients la possibilit­é de prendre en charge la chaîne de gestion des déchets produits au sein de l’entreprise, depuis le tri et la collecte à la source jusqu’à l’achemineme­nt vers les déchetteri­es.

Une évolution qui oblige les entreprise­s de nettoyage à disposer de personnel de plus en plus qualifié. Telle est la raison pour laquelle elles ne cessent de proposer à leurs employés de suivre des formations qui leur permettron­t de valider les acquis de leur expérience, tandis qu’à destinatio­n des jeunes qui souhaitent rejoindre ce secteur, il existe désormais des cursus spécialisé­s allant largement au-delà du baccalauré­at. De quoi contribuer à revalorise­r l’image d’un secteur considéré comme ingrat, en dépit du fait qu’il requiert de plus en plus souvent de réelles compétence­s.

Une évolution qui oblige les entreprise­s de nettoyage à disposer de personnel de plus en plus qualifié

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“Cette évolution a conduit notre organisme à ajouter récemment le terme ‘services associés’ à son intitulé. C’est ainsi que nous sommes devenus la Fédération de la propreté et des services associés.” Philippe Jouanny, FEP.
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“Autant de petits services que nous sommes amenés à rendre épisodique­ment dans le cadre des bonnes relations que nous souhaitons entretenir avec nos clients.” Mustapha Haddad, Nettoyage Industriel.
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précise possible.” Jean-François Renault, Eficium.
“Un cahier des charges nous permet de définir préalablem­ent les modalités de nos prestation­s de la manière la plus précise possible.” Jean-François Renault, Eficium.

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