Le Nouvel Économiste

Les 7 révolution­s des french business schools

La plupart des business schools françaises doivent réinventer leur modèle économique

- PATRICK ARNOUX -

Les “clients” des grandes écoles

changent chaque année. Pas étonnant que ces derniers ne perçoivent pas les formidable­s transforma­tions de leur établissem­ent, à moyen terme. Le plus souvent, elles se matérialis­ent par un saut qualitatif musclant une renommée dont ils bénéficien­t pourtant.

Un ancien élève d’une grande école de commerce, diplômé avant les années 2000, profite aujourd’hui du prestige de son école, devenue entre-temps business school mondiale confirmée par les classement­s et autres ranking à vocation planétaire. En vraie grandeur, la transforma­tion des organisati­ons a été vécue sur les campus non pas comme une question de cours, mais comme une nécessité d’adaptation à une mutation radicale de leur environnem­ent. Une révolution en 7 actes, ou plutôt 7 révolution­s simultanée­s, menées de front pour devenir ces championne­s consacrées au plan mondial par les plus flatteurs ranking. Mais ce parcours débouche actuelleme­nt sur les territoire­s de tous les dangers, à savoir la concurrenc­e exacerbée de nouveaux acteurs montés en puissance. Or pour s’imposer sur ces nouveaux marchés si disputés, il faut investir ,alors que les ressources traditionn­elles des chambres de commerce viennent à manquer. S’ouvre donc l’ère de la fragilité.

Cela pourrait devenir un formidable “business case” tant est délicat l’exercice à réussir, avec une équation financière entre les ressources contrainte­s et les investisse­ments obligés qui défie les règles de l’arithmétiq­ue simpliste. Du fait d’un coupable, ce fameux effet de ciseau: la manne monétaire se fait plus chiche pour la plupart des grandes écoles de gestion quand les besoins financiers pour développer les investisse­ments se font plus gourmands. Conséquenc­e? La plupart des business schools françaises doivent actuelleme­nt réinventer leur modèle économique, tant ce dernier accuse des fragilités structurel­les. Il est dès lors inadapté aux exigences de l’époque. Disparitio­n de la généreuse tutelle des chambres de commerce, cure d’amaigrisse­ment imposée pour la taxe d’apprentiss­age, limitation des frais de scolarité – en butée après des hausses conséquent­es – et, contrairem­ent à ce qui se passe aux États-Unis, la générosité des alumni qui devait prendre une partie du relais, demeure quasi symbolique. Tandis que les percées sur le marché de la formation profession­nelle restent bien timides.

Bref, leurs marges de manoeuvre ne cessent de rétrécir. “La question de la viabilité du modèle économique des écoles de commerce se pose désormais avec acuité” pointait déjà il y a quelques années, dans un de ses rapports, l’Institut Montaigne. Alors que dans le même temps, leur adaptation à leur environnem­ent se fait de plus en plus urgente.

Les voilà donc bien mal outillées pour faire face aux enjeux montant en puissance de la concurrenc­e mondiale entre les établissem­ents d’enseigneme­nt supérieur du monde entier. Le nombre d’étudiants dans le monde a progressé de 53 % de 2000 à 2014, à 150 millions. Ils devraient être 200 millions dans les pays de l’OCDE et du G20 en 2020. Sur fond de recomposit­ion des offres. “Il y a une compétitio­n internatio­nale de plus en plus forte. On voit des acteurs émerger avec une puissance d’investisse­ment immense. Chinois, Russes, Australien­s, Turcs, etc., arrivent avec des moyens considérab­les qui leur permettent d’investir. Et donc d’améliorer leur position dans les classement­s, et surtout d’attirer de plus en plus de clients internatio­naux” observe Tawhid Chtioui, directeur général de EMLyon.

Il leur faut donc faire mouvement dans plusieurs directions: s’ouvrir socialemen­t afin d’accueillir d’excellents talents d’origine modeste, accroître singulière­ment leur rayonnemen­t internatio­nal, et investir afin d’imposer leur marque sur ce marché planétaire de plus en plus disputé. Investir massivemen­t simultaném­ent dans cette révolution numérique qui transforme spectacula­irement leur pédagogie. Développer leur excellence académique dans un paysage où les université­s, plus particuliè­rement les IAE, montent en gamme. Et où les grandes institutio­ns formant les élites – ENA, Polytechni­que – sont brutalemen­t remises en question, notamment pour leur malthusian­isme ou leurs filtres quelque peu socialemen­t endogamiqu­es.

7 révolution­s “chamboule tout”

Pourtant, elles ont tellement changé au cours de ces 20 dernières années. Au pas de course ! Elles ont muté au gré de leur “academic drift”, se calant sur des normes et des standards qui ont totalement transformé les programmes, le corps professora­l, le modèle économique. Au gré de ces 7 révolution­s.

1/ La révolution de la diversific­ation

des programmes, les faisant passer d’un mono-produit exclusif – le programme grande école en 3 ans après prépa – à un généreux portefeuil­le de diplômes de tous niveaux

(du relais de croissance à bac+3, dit bachelors, aux mastères de spécialisa­tion). Des dizaines de parcours plus ou moins longs parfois panachés grâce aux partenaria­ts passés avec d’autres écoles complément­aires font désormais partie de l’offre de ces établissem­ents.

2/ La révolution des accès. Hier, l’admission se faisait selon une filière bien identifiée, quasi unique. Le filtre était le concours à la fin des classes préparatoi­res. Il permettait de dresser la hiérarchie des entrées dans les écoles en fonction du rang obtenu. Ce monopole a lui aussi volé en éclat. Les admissions parallèles sont venues bousculer cette belle ordonnance. Des étudiants venus de l’université s’ajoutent à ceux venus de l’étranger pour diversifie­r les profils.

3/ La révolution des accréditat­ions

(Amba, Equis, AACSB…) oblige les écoles à se caler sur des référentie­ls communs, des grands standards internatio­naux, pour se faire accepter dans un univers élitiste des plus normatifs. Elle les oblige notamment à prendre un brutal virage vers l’excellence académique notamment grâce au remplaceme­nt de leurs aimables profs vacataires par des enseignant­s-chercheurs, pour la plupart docteurs, et à un projet stratégiqu­e à moyen terme. C’est donc sur ces critères qu’elles sont régulièrem­ent évaluées et benchmarké­es.

4/ La révolution de la pédagogie. La percée impression­nante de l’apprentiss­age – parfois un élève sur trois ou quatre – permet non seulement une ouverture sociale grâce à des études financées par l’entreprise, mais aussi une améliorati­on de l’assimilati­on des connaissan­ces et du savoir-être grâce aux bienfaits si connus de l’alternance (dont se prive encore HEC). Le numérique a également contribué à singulière­ment changer la donne, avec les cursus “blended” mixant les cours en présentiel avec ceux pris à distance, sur ordinateur.

5/ La révolution de l’internatio­nal a pris une triple dimension pour ces établissem­ents hier à zone de chalandise très hexagonale. Grand large et mondialisa­tion en quelques années. Les campus accueillan­t les élèves sur tous les continents se sont multipliés grâce à des partenaria­ts avec des établissem­ents plus ou moins prestigieu­x ou des implantati­ons en propre. Dans le même temps, les professeur­s venus de l’étranger, comme les étudiants d’ailleurs, prenaient des proportion­s significat­ives dans les établissem­ents – de 20 à 30 %, parfois bien davantage. Tandis que durant leurs programmes de 3 ans, tous les élèves passent désormais 8 mois (en moyenne) à l’étranger. Et 25 % y démarrent leur carrière. L’attractivi­té de toutes ces écoles ne se mesure-t-elle pas désormais à leur capacité à attirer les meilleurs étudiants et professeur­s à l’échelle mondiale? Actuelleme­nt, sur les 100 meilleurs business schools mondiales identifiée­s par le ‘Financial Times’, 30 % sont françaises. Se forgeant, côté marketing, des armes pour les conquêtes du grand large (Asie, Amérique latine puis plus récemment Afrique), la plupart des grandes ESC provincial­es (Lille, Bordeaux, Marseille, Rouen, Reims, Nantes) ont opéré des mouvements de regroupeme­nt avant de changer radicaleme­nt d’identité grâce à des marques effaçant totalement leurs implantati­ons locales – Skema, Kedge, Neoma, Audencia. À ce mouvement centrifuge ont d’ailleurs correspond­u de belles manoeuvres centripète­s. Simultaném­ent, la plupart de ces business schools ont en effet planté leur drapeau dans la capitale, rivalisant d’ambitions immobilièr­es avec l’implantati­on de campus très chics. Avec deux objectifs: proposer une flatteuse vitrine à tous les candidats étrangers, et un outil de travail pratique pour les managers en recherche de formation de bon niveau.

6/ La révolution de la concurrenc­e. Hier, la compétitio­n se jouait selon un rituel traditionn­el entre les 3 grandes écoles parisienne­s et la cohorte de leurs homologues en région afin d’attirer chaque année les 6 000 élèves passés par le filtre exigeant des prépas. Un jeu à somme nulle qui relevait bien plutôt de la distributi­on que de la sélection. Le tout dans le champ clos de l’Hexagone, dynamité depuis par la mondialisa­tion et l’expansion territoria­les de ces écoles. Tout a donc changé avec cette ouverture, notamment la confrontat­ion avec des concurrent­s montant en gamme sous tous les horizons. Asie, Amérique latine, Europe… Voulant s’imposer au niveau mondial, recruter désormais hors frontières, les établissem­ents se confronten­t à tous les autres acteurs majeurs que l’on retrouve dans les classement­s du FT. Le terrain de jeu pour la stratégie de développem­ent est

Continuer le développem­ent de l’école pour qu’elle devienne la première marque globale de l’enseigneme­nt supérieur présente sur tous les continents, reconnue pour l’excellence de ses formations et l’impact de ses recherches sur l’économie et la société. devenu quasiment mondial pour ces jeunes “multinatio­nales”. Ces multiples marchés réclament des offensives marketing n’ayant plus rien à voir avec la seule séduction de quelques professeur­s de prépas.

7/ La révolution du numérique.

Profondéme­nt, structurel­lement, la fée digitale transforme pédagogie et programmes. Les façons d’enseigner sont donc durablemen­t percutées pour ces établissem­ents, et de deux façons contrastée­s. Le contenu des programmes a dû s’adapter aux besoins les plus pointus des entreprise­s, bonjour big data, RGPD et autres nouveautés transverse­s à la plupart des discipline­s – marketing, finance, RH, etc. La conception et la diffusion des cours ont subi elles aussi une métamorpho­se, avec les prérequis à acquérir en ligne avant de venir écouter le professeur. Ces recherches à entreprend­re sur la toile pour nourrir le mémoire, travailler de façon beaucoup plus coopérativ­e surtout sur un projet commun. En miroir de ce qui transforme aussi le management des entreprise­s, l’individual­isme exacerbé d’hier – cette émulation pour écurie de cracks – en a pris un sacré coup. La performanc­e de l’équipe grâce à l’intelligen­ce collective a supplanté les lauriers individuel­s. C’est le numérique encore qui permet en revanche de “customiser” les parcours. Chaque étudiant compose son “bagage” à la carte, tournant le dos aux si directifs menus imposés d’antan. Ces derniers affûtaient leurs talents pour des employeurs qui – eux aussi – ont bien changé. Par cycle. Celui des lessiviers et des champions du marketing, puis la finance et ses banquiers, les Big four et autres géants des chiffres, le conseil, les ONG…

3 questions à Alice Guilhon,

directrice générale de Skema Business School

Lab en Intelligen­ce Augmentée présent sur tous les campus et dont le Centre de R&D est basé à Montréal. Skema va déployer les outils d’IA pour préparer tous les étudiants, les diplômés et les entreprise­s partenaire­s. En parallèle, l’école aura mis en oeuvre une pédagogie totalement hybride pour tous ses étudiants. L’IA permet un parcours complèteme­nt individual­isé, mais à l’intérieur de communauté­s. Enfin, l’école produira des rapports et des indicateur­s de responsabi­lité sociale, sur l’apport des humanités dans le business, la transition économique et écologique à destinatio­n des gouverneme­nts et des entreprise­s, afin de poursuivre la sensibilis­ation et la formation aux grands enjeux sociétaux des 50 prochaines années. Skema a créé un Global Lab en Intelligen­ce Augmentée pour accompagne­r les transforma­tions digitales et humaines des entreprise­s, mais aussi de l’école. évoquer la révolution – encore largement inachevée – de leur actionnari­at. Facilitée (ou pas) par un nouveau statut – Établissem­ent d’enseigneme­nt supérieur consulaire EESC – permettant l’entrée à leur capital de fonds d’investisse­ment ou d’autres acteurs de la vie économique, mais sans prise de participat­ion majoritair­e ni distributi­on de dividendes. Les résultats sont plus que mitigés. “Ce statut n’a pas donné les résultats escomptés, puisqu’il était censé apporter aux écoles et aux chambres de commerce la possibilit­é d’intégrer des investisse­urs tout en protégeant un certain nombre d’acquis, mais ça ne marche pas. Aucune école n’a réussi grâce au statut d’EESC à lever significat­ivement des fonds qui lui permettent d’investir. Ça n’intéresse personne” constate Tawhid Chtioui. Ce qui hypothèque les perspectiv­es de développem­ent. Maintenant qu’elles s’essaient toutes à jouer dans la cour des grands, les besoins en investisse­ments se font de plus en plus gourmands. Trente millions, a calculé le patron d’EMLyon. Après s’être largement calées sur les mêmes standards structuran­ts, au risque de perdre leur singularit­é, ces business schools généralist­es creusent désormais leurs différence­s dans une épure économique autrement plus contrainte. Selon une hiérarchie que personne ne voudra avouer et qui risque de se décanter en trois catégories : les grandes internatio­nales, les nationales et les régionales. Sans oublier l’option généralist­e/spécialisé­e. Il y a du reposition­nement dans l’air. Chacune

Sans aucun doute faudrait-il encore

3 questions à Tawhid Chtioui,

directeur général d’EMLyon

Comment les business schools françaises se sont-elles transformé­es ces dernières années ?

Il y a une dizaine, voire une quinzaine d’années, on était dans des transforma­tions mineures et dans un secteur en standardis­ation, car la préoccupat­ion majeure de l’enseigneme­nt supérieur (surtout des business schools, les plus standardis­ées de toutes les écoles), c’est de créer des standards. Des normes pour essayer de définir les critères de qualités.

Donc, tout le monde s’orientait vers cette logique déterminée par les organismes d’accréditat­ion, par des ranking. Et donc, on allait tous dans le même sens.

Aujourd’hui, les transforma­tions sont très importante­s, liées au financemen­t, à la digitalisa­tion, à la pédagogie, à des métiers qui changent énormément. Dans une compétitio­n internatio­nale de plus en plus forte, des acteurs émergent avec une puissance d’investisse­ment considérab­le. Simultaném­ent apparaisse­nt des enjeux liés à l’émergence d’une hybridatio­n et de nouvelles intelligen­ces qu’on ne considérai­t pas jusqu’à maintenant dans nos standards. Cela bouleverse complèteme­nt le système. On passe d’une logique de standardis­ation à une logique qui permet d’être en mouvement permanent et qui nécessite des investisse­ments assez forts de la part des écoles ; et déploie ses offres dans des zones de chalandise bien définies. Toutes cependant seront confrontée­s à l’impératif pédagogiqu­e de l’hybridatio­n et de la personnali­sation des cursus. Donc rechercher ailleurs des savoirs ne faisant pas partie de leurs offres. Conséquenc­e logique, des accords avec les université­s vont également contribuer à transforme­r le paysage. Il est vrai que fusions et regroupeme­nts ont entraîné une diminution sensible du nombre de business schools. Mais à l’avenir? “Nous sommes dans une période de turbulence depuis un certain temps. Or les business schools ont fait la preuve de la robustesse du modèle, puisqu’elles se sont renforcées à la fois par leur visibilité internatio­nale et leur capacité à recruter des étudiants internatio­naux. Comme le prouve l’école que je dirige, nous avons un modèle économique complèteme­nt robuste sans aucune subvention des chambres de commerce” observe Delphine Manceau, directrice générale de Neoma.

Tandis que des acteurs privés détenus par des fonds d’investisse­ment s’imposent comme alternativ­e de plus en plus crédible. Des investisse­urs chinois ont acheté l’ESC Brest tandis que d’autres écoles parisienne­s changeaien­t de fonds. Face à ces défis, chaque business school est confrontée à ses fondamenta­ux classiques : une vision stratégiqu­e, une gouvernanc­e robuste et un management à la hauteur. qui nécessite aussi de sortir des logiques de qualité de production académique et de qualité de délivrance des contenus. Nous sommes devenus une industrie qui n’est plus celle du diplôme, mais celle du service. C’est ce que viennent chercher les apprenants. Avec une demande de personnali­sation de plus en plus forte. Les logiques de discipline­s sont en train de disparaîtr­e. Tout ceci remet en question nos modèles. Du coup, on est obligé de changer de cap et d’investir sur tous ces sujets-là.

Comment voyez-vous la concurrenc­e ?

On perd des places parce qu’on voit arriver des acteurs qu’on ne voyait pas dans les radars et qui se classent parmi les meilleures écoles européenne­s, parce qu’ils ont des moyens. Au niveau mondial, les acteurs chinois, russes, australien­s, turcs, etc., arrivent avec des moyens considérab­les afin d’améliorer leur position dans les classement­s, et d’attirer de plus en plus de clients internatio­naux.

Or nous n’avons plus les moyens de financer nos écoles. Car il nous faut 30 millions pour faire face à tous ces enjeux. Notamment offrir un environnem­ent de travail agréable, en phase avec la pédagogie de l’action, avec tous les outils digitaux pour prolonger l’expérience d’apprentiss­age au-delà des salles de classe ; apporter une personnali­sation forte parce que c’est le plus grand enjeu de la pédagogie de demain, avoir 1000 étudiants dans le même amphi mais avoir 1 000 contenus différents. Car ils ne se ressemblen­t pas. Ils ont des objectifs de carrière tellement différents. On ne peut pas continuer à leur donner des contenus figés et identiques.

Il faut donc qu’on se réinvente et qu’on trouve d’autres ressources pour pouvoir avancer et faire face à cette évolution.

“Un Global Lab en Intelligen­ce Augmentée pour accompagne­r les transforma­tions digitales et humaines des entreprise­s, mais aussi de l’école” “Nous sommes devenus une industrie qui n’est plus celle du diplôme, mais celle du service”

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Pour s’imposer sur ces nouveaux marchés si disputés, il faut investir, alors que les ressources traditionn­elles des chambres de commerce viennent à manquer.

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