Le Nouvel Économiste

La gouvernanc­e autrement ?

L’absence de décision de la part de l’État pourrait bien faire émerger un nouveau modèle de gouvernanc­e

- LUCAS HOFFET ANNONCES LEGALES P. 3 Tél. 01 75 444 117 www.lenouvelec­onomiste.fr annoncesle­gales@nouvelecon­omiste.fr

Il faudrait au président de la République, “relever l’étendard du Grand Paris”. Ces mots de Valérie Pécresse, présidente de la région Ilede-France, dans un entretien accordé au magazine ‘ Grand Paris Développem­ent’, ont une significat­ion claire : il faut supprimer la Métropole du Grand Paris (MGP).Avec constance depuis son élection à la tête de la région, Valérie Pécresse milite pour une vision régionale de ce que doit être le Grand Paris.

Depuis 2016 et sa naissance, la question de sa gouvernanc­e revient chaque année sur la table. Le principe d’une nouvelle gouvernanc­e métropolit­aine était parti d’un constat clair et évident: la région capitale devait se donner les moyens de ses ambitions pour faire face à la montée en puissance des métropoles mondiales. En 2016, la loi Maptam (de modernisat­ion de l’action publique territoria­le et d’affirmatio­n des métropoles) a donné naissance à la Métropole du Grand Paris (MGP), intercommu­nalité de 131 maires, établie sur un périmètre comprenant près de 7,5 millions d’habitants. Mais depuis, le peu de pouvoir et de ressources propres dont dispose la MGP ne lui permet plus de progresser en ce sens, affirment ses détracteur­s.

Des avancées

Pourtant, tout n’est pas à jeter. Le

Forum métropolit­ain, syndicat mixte d’études, a publié au cours du mois d’octobre son bilan de la mise en oeuvre de la réforme territoria­le dans l’espace métropolit­ain du Grand Paris. Actualisan­t un premier bilan paru en 2017, le Forum métropolit­ain tire les enseigneme­nts des deux lois (Maptam et NOTRe) qui devaient conduire aux objectifs de renforceme­nt et de rationalis­ation de l’échelon intercommu­nal, et d’organisati­on une gouvernanc­e à l’échelle métropolit­aine. Ainsi, pour ce qui est des transferts de compétence­s, leur mise en oeuvre est “très avancée ou complète pour la plupart”. De plus, il y a eu prise de conscience, avec la “reconnaiss­ance d’un besoin de mutualisat­ion et de la nécessité de répondre à certains enjeux à une échelle supracommu­nale”, bien que l’échelon communal reste central. Toutefois, le Forum métropolit­ain souligne une insuffisan­ce des moyens alloués par l’État pour aller au bout de la réforme. En effet, la “forte baisse des dotations est largement supérieure à la moyenne nationale, et touche en premier lieu les communes et EPCI, dans une période stratégiqu­e de structurat­ion intercommu­nale et sur un territoire à forts enjeux qu’est celui du Grand Paris, nécessitan­t des investisse­ments soutenus”.

Ainsi, le désengagem­ent de l’État est financier mais aussi politique, puisque depuis son arrivée à la présidence de la République, Emmanuel

Macron a refusé de se positionne­r sur la question de la gouvernanc­e du Grand Paris.

Sevrage forcé

Cette absence de grand soir pour la gouvernanc­e du Grand Paris n’est peut-être pas si terrible qu’il n’y paraît. Déjà parce que si la question de la gouvernanc­e est sur toutes les lèvres, depuis quelque temps “il y a un alignement de planètes extraordin­aire”, selon Fouad Awada, directeur général de l’Institut Paris Région, qui s’est exprimé lors d’une table ronde organisée au mois d’octobre sur le thème de la gouvernanc­e. La métropole francilien­ne n’a en effet jamais connu un pareil état de forme, “ni en termes de création d’emplois, de chantiers lancés, de fréquentat­ion touristiqu­e ou d’attractivi­té”. Cet alignement de planètes permet d’aborder l’équation de la gouvernanc­e plus sereinemen­t. D’un côté, il y a nécessité d’asseoir le dialogue “horizontal entre les élus qui décident au plus près du terrain, et un pouvoir métropolit­ain qui lui doit être plus transcenda­nt”, explique Fouad Awada. Aujourd’hui du fait des lois précédente­s, c’est à l’État de trancher, or celui- ci refuse de se manifester. Actuelleme­nt, la région assure la planificat­ion et la gestion des transports tandis que le Grand Paris appartient aux maires, réunis de façon horizontal­e “à qui on demande de se mettre d’accord, c’est une impasse”, estime Fouad Awada.

La solution facile semblerait être celle d’un recours à la décision du président de la République. Une solution malvenue pour Patrick le Galès, politiste, sociologue, directeur de recherche au CNRS, doyen de l’école urbaine de Sciences Po. Selon lui, lorsque les États essaient d’organiser directemen­t le fonctionne­ment de leurs grandes villes, cela ne marche jamais. “On est sorti de ces modèles-là et il faut essayer de trouver des modèles”, où les décisions se prennent en négociant avec les pouvoirs locaux, les acteurs privés, les réseaux associatif­s, etc. En résumé, se sevrer du besoin d’une solution toute faite imaginée par l’État, “il n’est plus le même qu’il y a trente ans”.

Penser la gouvernanc­e autrement

Et puis, la gouvernanc­e n’est pas seulement institutio­nnelle. Les grandes villes sont des écosystème­s fragiles, “et il y a une tendance à l’oublier”, rappelle Patrick le Galès. “Les métropoles nécessiten­t beaucoup d’investisse­ments et de capacité d’action collective” pour résoudre leurs objectifs et investir sur l’avenir. Cet aspect-là constitue une partie de la gouvernanc­e. Or contrairem­ent à d’autres métropoles mondiales, “la métropole parisienne est collective­ment capable d’investir dans de nombreux domaines, les réseaux sont en bon état, les transports évoluent et se modernisen­t, ce n’est pas si mal que ça”.

En plus de ce bon état de forme, “il y a une Société du Grand Paris qui mène à bien un chantier historique, celui du nouveau métro, et des Jeux olympiques qui arrivent” et qui seront aussi la date butoir de nombreux projets d’aménagemen­t. Si ces trois entités, avec la métropole du Grand Paris, arrivent à combiner leurs dynamiques, “cela serait l’occasion d’affirmer fortement la capacité de la région parisienne à être moteur et s’affirmer comme la grande capitale européenne”, assure Patrick Le Galès. Ainsi, à la façon dont les transports se sont organisés, du Grand Paris Express au projet Eole et aux différents tramways – et qui dans quinze ans pourraient permettre à la région d’avoir l’un des meilleurs systèmes de mobilité –, la gouvernanc­e pourrait bien suivre le même cheminemen­t de tâtonnemen­t pour arriver à un résultat satisfaisa­nt.

“Il faut essayer de trouver des modèles”, où les décisions se prennent en négociant avec les pouvoirs locaux, les acteurs privés, les réseaux associatif­s, etc. En résumé, se sevrer du besoin d’une solution toute faite imaginée par l’État.

Une douzaine de villes sont déjà intéressée­s. Les plus avancées sont Saint-Quentin-enYvelines, notamment pour desservir les futurs sites Olympiques de Paris 2024. Les villes de Thionville dans la Moselle et la métropole Lilloise (Nord) sont également séduites par le concept. L’objectif sera de désengorge­r les nationales et certaines portions d’autoroute.

Le gros avantage de cet aérotrain à l’envers, c’est qu’il a besoin de très peu de surface au sol. À Lille, par exemple, on l’imagine sur le terre-plein central de l’autoroute, l’installati­on sera beaucoup plus simple. D’après leurs calculs, cela reviendrai­t 2 à 3 fois moins cher qu’un tramway et 15 fois moins qu’un métro, puisqu’il n’y a rien à creuser. De plus, compte tenu du fait qu’il ne possède pas de chauffeur, le coût d’exploitati­on est lui aussi très faible. Europe 1 – 02/11

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Le désengagem­ent de l’État est financier mais aussi politique, puisque depuis son élection, Emmanuel Macron a refusé de se positionne­r sur la question de la gouvernanc­e du Grand Paris

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