Le Nouvel Économiste

Olivier Faron,

administra­teur général du Conservato­ire national des arts et métiers

- PROPOS RECUEILLIS PAR PATRICK ARNOUX

Conservato­ire ne rime pas vraiment avec conservati­sme. C’est en pionnier que le patron du Cnam (Conservato­ire national des arts et métiers) veut défricher les besoins de formation au plus profond des territoire­s, dans ces cohortes de villes moyennes désindustr­ialisées. L’antidote à leur collapsus économique ? La formation version très profession­nelle, grâce à bientôt 200 centres en région, proposant des cursus aux jeunes bacheliers ou aux salariés en phase de reconversi­on.

L’image classique, traditionn­elle, un peu poussiéreu­se – pour ceux qui ne le connaissen­t pas – de cet établissem­ent fut forgée par ces travailleu­rs étudiant une dizaine d’années durant pour devenir ingénieur. 6 % des anciens seulement. Elle est donc singulière­ment décalée par rapport à la réalité. Qui, elle, se nourrit de ces auditeurs beaucoup plus nombreux pour les filières courtes, de rattrapage, de seconde chance, parfois très pointues comme les jeux vidéo à Angoulême. Tandis que les chercheurs de plusieurs discipline­s – psychologi­e, sociologie etc. – étudient tous les aspects du travail. Au plus près des besoins réels. Avec dans sa stratégie, un axe explicite : “être un acteur ayant vocation à porter les politiques de formation favorisant l’inclusion sociale de tous ceux n’ayant pas réussi à acquérir le bon bagage de formation.” explique Olivier Faron.

Le Cnam est un établissem­ent un peu particulie­r, un système public de formation qui forme les adultes tout au long de la vie, grâce à sa très forte implantati­on territoria­le. Il a aujourd’hui une plus grande importance encore, vu la pression que le nouveau gouverneme­nt met sur la montée en compétence­s sur les territoire­s. Or le Conservato­ire les a déjà dans son ADN avec une carte actuelle riche de 150 centres d’enseigneme­nt en métropole comme en outremer. Nous devrions aller plus loin et renforcer notre présence dans les villes “moyennes”, au plus près de tous les publics. Cinquantec­inq d’entre elles vont donc accueillir un nouveau centre du Conservato­ire proposant une soixantain­e de formations, à distance et en présentiel, en formation initiale et continue. Dans les 3 ans, nous aurons rajouté 100 centres sur la carte. Il en va de notre tradition d’avant-garde et d’innovation que nous portons depuis notre fondation par l’abbé Grégoire en 1794.

Dans ces centres-là, où l’on propose l’accompagne­ment et le conseil pour les projets de formation, existent des espaces où vous pouvez suivre les formations à distance. Mais dès que l’on atteint 8- 10 personnes, nous faisons du présentiel. Si vous êtes un entreprene­ur qui a besoin de former 12 personnes sur tel sujet, on vous organise la formation dans votre entreprise, ou sur place. Car le plus souvent, dans beaucoup d’endroits, la formation n’existe pas, et beaucoup de gens s’autocensur­ent en se disant “je ne vais pas aller dans un autre territoire”, notamment les bacheliers pro. Donc si vous ne leur proposez pas la formation au plus près de chez eux, vous passez à côté d’une demande importante.

Nous faisons des propositio­ns aux politiques en évoquant davantage le développem­ent économique que la formation profession­nelle. On s’est rendu compte qu’il y avait très peu de connexion entre les besoins des entreprise­s et les formations en amont. C’est un peu plus compliqué au niveau des conseils régionaux parce que les prés carrés sont bien installés, mais c’est en train d’évoluer.

Un établissem­ent pour les invisibles de la République

Le Cnam est un acteur ayant vocation à porter les politiques de formation favorisant l’inclusion sociale de tous ceux n’ayant pas réussi à acquérir le bon bagage de formation et qui cèdent à la résignatio­n, voire à la colère : les décrocheur­s, tous les invisibles de la République…

Je suis le premier administra­teur nommé suite à un processus transparen­t, une commission avec un moment de sélection des dossiers et des auditions, alors qu’avant c’était une désignatio­n pure et simple. À la commission composée de personnes extérieure­s mais aussi de représenta­nts de l’établissem­ent, au moment du renouvelle­ment, j’ai présenté un projet pour les 5 ans à venir. Et j’ai été choisi à l’unanimité. Pendant mes cinq premières années, nous avons fait un important travail de réorganisa­tion, car cette dernière était bien trop compliquée, surtout pas assez réactive par rapport aux enjeux. Nous avons fluidifié les relations entre les établissem­ents publics et les centres en région afin de préparer l’établissem­ent à ces enjeux importants.

Le mot d’ordre ? Le développem­ent de nos activités pour avoir davantage d’auditeurs, être plus présent dans les territoire­s, et jouer un rôle de chef de file de la formation profession­nelle portée par le secteur public – bien trop faible, de l’ordre de 5 %. Nous y insufflons les valeurs du service public, la qualité qui s’appuie sur un effort de recherche ainsi que sur le fait d’aboutir à des diplômes et à des reconnaiss­ances nationales.

Avec l’idée que le maillage territoria­l de la formation profession­nelle est un droit. Le législateu­r le dit mais dans la pratique, il y a beaucoup d’obstacles au fait que tout le monde puisse se former partout dans les mêmes conditions sur le territoire national.

Changement de paradigme

Le Cnam vit donc un changement de paradigme qui s’explique : notre interlocut­eur principal fut longtemps les collectivi­tés territoria­les, surtout les régions dont l’une des compétence­s principale­s était la formation profession­nelle. Nous étions à leur service. Le Cnam appliquait donc les politiques des régions. Ceci est moins vrai car avec la loi de septembre 2018, on est sorti de ce modèle d’organisati­on. Nos interlocut­eurs sont devenus les actifs et les demandeurs d’emploi qui, désormais, disposent d’un compte personnel de formation. Notre réorganisa­tion a pris en compte cette transforma­tion en créant une nouvelle interface avec les entreprise­s, car notre réponse à leurs besoins était jusqu’à présent très fragmentée. Nous avons donc créé “Cnam Entreprise” afin de traiter leurs attentes. En effet, ce sont désormais les branches profession­nelles qui traitent la question de la formation profession­nelle, donc on commence à travailler en profondeur avec elles. Certaines sont très bien organisées sur ces sujets. D’autres moins. Notre stratégie est de déployer la bonne offre de formation et d’investir sur les modalités de transmissi­on. Ce n’est pas pour rien que la validation des acquis de l’expérience, créée au Cnam, est aujourd’hui dans la loi. Nous investisso­ns sur la formation en situation de travail, évidemment sur le numérique, et sur l’apprentiss­age. Nous avons proposé de former des maîtres d’apprentiss­age et de coordonner cette formation, car le manque de ces formateurs est souvent un verrou au dispositif..

Aujourd’hui, le centre de gravité a basculé, des régions vers les individus et les entreprise­s, mais aussi vers le soutien aux demandeurs d’emploi. Cette nécessité de former les actifs, de développer leurs compétence­s est notre coeur de métier.

L’art du “blended”

Aujourd’hui nous proposons un catalogue de 50 Moocs. Et nous commençons à proposer une reconnaiss­ance en fin du Mooc : si vous démontrez que vous l’avez suivi jusqu’au bout, vous obtenez 2 ECTS.

Nous sommes soucieux de proposer un accompagne­ment des auditeurs, notamment par des réunions. En sachant bien que la meilleure solution est le “blended”, la cohabitati­on de ces cours en ligne avec du présentiel. C’est notre coeur de métier. Nous sommes la maison du blended. Ainsi, un auditeur en Bretagne ou en Pays de la Loire va suivre la moitié ou le tiers de ses cours à distance, et le reste avec des intervenan­ts profession­nels agréés par l’établissem­ent

public.

Notre modèle est désormais très clair car pour la première fois, des enquêtes montrent qu’entre le tout numérique et le tout présentiel, ce qui marche le mieux c’est l’hybride. Ce qui démontre bien que le tout présentiel est devenu moins bon que l’hybride. Une révolution dont on mesure mal les effets, car on entend des gens dire qu’il faut tous en numérique, ou d’autres préfèrent les amphis de la Sorbonne.

Au Cnam, l’hybride est dominant dans le déploiemen­t hors de Paris (pas à Paris) car nous sommes convaincus que c’est la meilleure solution. Les Mooc n’occupent pas la place centrale, c’est plutôt un complément jouant un rôle de sensibilis­ation pour de nouveaux publics.

Nous avons 80 000 auditeurs, dont 20 000 sur Paris, un peu moins de 10 000 en Ile- deFrance, et 7 000 à l’internatio­nal, donc le reste en région, à peu près 35 000 dans tous les territoire­s. Avec un budget de 180 millions d’euros.

Mon deuxième mandat a comme objectif prioritair­e la reconquête fine des territoire­s, en fonction de la demande. En général, les organismes de formation sont très contents de proposer leur offre sans bien réfléchir sur le besoin. Le Cnam écoute la demande et y répond, notamment par son déploiemen­t un peu partout dans les territoire­s. Nous y travaillon­s en particulie­r avec un outil du groupe Adecco ( Adecco Analytics) analysant les données des régions pour comprendre les besoins réels. Ainsi avonsnous lancé un programme extrêmemen­t important construit avec les branches profession­nelles et s’adressant aux bac pro, de niveau bac+ 1, soit 6 mois de connaissan­ces générales et 6 mois de compétence­s métier.

Le Cnam marche sur deux jambes, l’une pour le développem­ent économique, l’entreprise et la montée en compétence­s ; et l’autre consacrée à l’inclusion sociale. Nous sommes un établissem­ent public avec une vraie identité et une fierté d’établissem­ent. On ne passe pas au Cnam par hasard, c’est un établissem­ent très particulie­r. Quand on a lancé l’opération pour les réfugiés, tout le monde a expliqué qu’il fallait qu’on accompagne les migrants, avec bilans de compétence­s, plans de formation, qu’on les exonère le plus possible… Notre établissem­ent se retrouve dans ce type de mission. Comme celle sur les prisons. Tout en considéran­t que nous ne sommes pas une ONG. Car même dans les prisons, il faut avoir un modèle soutenable financière­ment. Le détenu paie les deux tiers de sa formation, afin qu’il en soit vraiment acteur.

Notre présence dans les régions est inégale, plus ou moins forte en fonction des historique­s. Olivier Guichard, président de la région des Pays de la Loire de 1974 à 1998, avait dit à l’époque : “le vrai outil de formation de mon territoire, c’est le Cnam” Aujourd’hui, en Pays de la Loire, c’est 11 000 personnes formées.

L’idée initiale de l’abbé Grégoire, le fondateur du Conservato­ire, c’est le musée : prendre des objets, les transporte­r sur des petits chariots les exposer afin que le peuple de Paris s’instruise, et surtout que la France réagisse par rapport à la suprématie anglaise. Il y a vraiment au départ un discours très volontaris­te afin de montrer la réussite technologi­que française.

On va fêter cette année les 200 ans de nos premières chaires. En effet, en 1819, le Cnam, aux côtés de cette mission de vulgarisat­ion scientifiq­ue et technique et de diffusion des savoirs, crée des chaires dont les premières sont occupées par l’économiste Jean- Baptiste Say. Les cours étaient ouverts à tout le monde, gratuits, sur le modèle du Collège de France ; ensuite, nous sommes devenus un acteur de la profession­nalisation. Au départ très lié à l’industrie mais aujourd’hui, nous sommes à l’image de l’économie de la France, le secteur tertiaire représente les deux tiers des enseigneme­nts du Cnam, contre un tiers pour le secteur secondaire.

La ré-industrial­isati on est un sujet majeur car on y retrouve notre culture, notre ADN et surtout ce que sont vraiment nos auditeurs. Quelqu’un qui n’a pas eu la chance de rentrer en classe prépa et de faire Polytechni­que ou Centrale, mais qui va faire un BTS dont il sort à 20-22 ans, puis fera des études après son temps de travail durant dix ans et qui, par l’apprentiss­age, deviendra ingénieur. C’est ce modèle que nous défendons et qui explique que l’on croit dans les territoire­s, dans l’industrie nationale, dans la production.

L’incidence du numérique

La numérisati­on est évidemment une préoccupat­ion centrale. Il nous faut trouver un équilibre entre le temps de la réactivité des formations et celui permettant de faire venir les professeur­s pour un certain temps. On ne s’improvise pas enseignant- chercheur. Ils ont souvent des parcours assez longs jusqu’en doctorat. Après, sur la question spécifique du numérique, c’est une question comme les autres.

On le traite à tous les étages, évidemment pour les ingénieurs, pour les masters, pour les licences pro. On sait peu en France que nous avons l’une des meilleures écoles de jeux vidéo, Angoulême, l’Enjmin, ( École nationale du jeu et des médias interactif­s numériques). Nos jeunes élèves ont encore failli gagner le concours mondial en Californie.

Pour l’intelligen­ce artificiel­le, notre angle d’attaque est de partir de l’expertise scientifiq­ue. Nous avons créé une chaire sur le calcul numérique et recruté une très, très grosse pointure. On ne peut pas se louper car quand on recrute quelqu’un, on le recrute pour 30-40 ans.

Dans la logique d’inclusion sociale, le numérique est un outil privilégié. Et nous, secteur public, sommes aussi capables de diffuser le codage à des décrocheur­s, jeunes ou moins jeunes, et nous jouons beaucoup cette carte du numérique comme outil d’inclusion sociale. Il est évidemment essentiel d’expliquer que la formation numérique, est aussi un outil pour les publics en difficulté. Notre enjeu ? Délivrer un noyau dur de formation profession­nalisant, mais aussi donner les outils pour rebondir un jour. C’est fondamenta­l, car on sait très bien que les carrières se feront désormais en cinq ou six étapes, et il faut donc être capable de rebondir. Voilà pourquoi nous sommes un établissem­ent qui s’inscrit dans la formation tout au long de la vie, car nous considéron­s que nos noyaux de formation vous serviront un jour pour rebondir, et une fois que vous avez attrapé le virus du Cnam, vous y reviendrez. Donc vous aurez eu une première reconnaiss­ance, puis une deuxième, une troisième. Et aujourd’hui, on y met une granularit­é de plus en plus fine, vous pourrez faire simplement un blog de compétence­s, sans diplôme, et après on vous accompagne­ra pour vous conduire où vous voulez aller.

Une image à moderniser

Le Cnam bénéficie d’une très bonne image. Mais il faut la moderniser, il y a des aspects sur lesquels on doit travailler. Nous avons un solide atout : ce million de personnes ayant fait le Cnam et travaillan­t dans des sociétés, dont 40 000 dans les directions des ressources humaines. Ce qui nous permet de travailler sur le sentiment d’appartenan­ce à une communauté. Des patrons de conseil d’administra­tion et des grands capitaines d’industrie nous connaissen­t bien. Ils ont recours très facilement à l’ingénieur Cnam dans lequel ils ont confiance.

Nous sommes un outil de promotion sociale, voilà pourquoi nous laissons à d’autres les programmes exécutifs. On ne sort jamais d’ici sans une reconnaiss­ance, sinon un diplôme, du moins une bonne certificat­ion, une diplomatio­n pour permettre de travailler sur des briques, de construire un parcours. Tout auditeur, un jour ou l’autre, aura un diplôme.

Trois vies à mener de front

Le modèle du Cnam est simple : tous les auditeurs s’inscrivent, suivent les cours… puis valident petit à petit les unités d’enseigneme­nt avec cette culture de briques de formation. Donc, nous n’avons pratiqueme­nt pas d’auditeurs libres, même si certains mettent beaucoup de temps pour obtenir leur diplôme. C’est un projet familial et social d’être auditeur au Cnam car il faut rendre compatible trois vies en une, travailler en entreprise, puis au Cnam et chez soi. Donc la famille est particuliè­rement associée à ces parcours de deuxième chance. Souvent, ces projets sont facilités par une prise en charge par les collectivi­tés, les régions, parfois aussi par l’entreprise. De notre côté, nous travaillon­s beaucoup sur nos tarifs. Ainsi notre MBA en management est-il le moins cher du marché. Alors qu’ici mais aussi à l’internatio­nal et en outremer, vous avez des formations très, très chères, dont la pertinence n’est pas démontrée.

La réforme de la formation profession­nelle nous inquiète sur un point : le compte personnel d’activité (CPA) de transition profession­nelle, car accompagne­r des actifs ayant vocation à changer de secteur est un important volet

Nombre des étudiants de ce grand établissem­ent sont au niveau bac et certains ne l’ont pas, or nous les accompagno­ns parfois jusqu’au doctorat”

de notre activité. Cela ne marchait pas si mal, donc c’est un sujet de préoccupat­ion.

La réforme de l’apprentiss­age clarifie les choses. Pour nous, c’est une très bonne opportunit­é. D’ailleurs, à Paris, en Ile-de-France et dans tous les territoire­s, il en faut encore plus. Pour l’apprentiss­age, le Cnam est une très bonne marque, donc il y a des boulevards pour développer nos savoir-faire. Nous avons la chance d’avoir un CFA interne très important pour développer notre apprentiss­age et en faire un micro-laboratoir­e. Si l’apprentiss­age dans l’enseigneme­nt supérieur, pour les niveaux élevés de formation, marche très bien, il marchait très mal en revanche au niveau prébac, donc un effort a été fait. Mais l’apprentiss­age immédiat post-bac, pour les publics en difficulté, est un levier de réussite sociale qui doit être développé. Si vous voulez faire réussir un bac pro, il faut lui proposer un cursus par l’apprentiss­age.

Les ingénieurs Cnam représente­nt seulement 6 % de notre population. Nombre des étudiants de ce grand établissem­ent sont au niveau bac et certains ne l’ont pas, or nous les accompagno­ns parfois jusqu’au doctorat. Mais notre centre de gravité descend de plus en plus entre bac et bac +3. Ce qui correspond aux besoins de la société. En effet, les branches profession­nelles ont besoin de compétence­s entre bac et bac +3 pour lesquels nous sommes très actifs.

Le risque est qu’il n’y ait plus aucune sortie du système de l’enseigneme­nt supérieur public avant le bac+3. Alors nous faisons entendre une voix originale. Certains responsabl­es de formation disent que le monde profession­nel n’a pas de besoin avant le bac+3. C’est faux. Je pourrais vous faire la liste de toutes les branches, tous les secteurs, toutes les entreprise­s qui expriment des demandes à bac+1. Comme dans la sécurité. La fonction responsabl­e d’un groupe de sécurité est à bac+1. Nous l’avons inscrit dans la logique de l’inclusion sociale, en donnant 6 mois de connaissan­ces générales à des bacheliers qui nous arrivent en n’ayant pas de soft skills, et 6 mois de compétence­s. Après, ils choisissen­t de s’insérer ou de prolonger leur parcours.

Nous nous intéresson­s au public fragile. Un bac techno mention très bien n’est pas un public fragile. Mais les bac pro mention passable ont des potentiels incroyable­s, car ils sont forts sur le terrain et ils savent qu’ils vont s’en sortir si vous leur donnez la confiance au bon moment. Notre seul critère, c’est la motivation.

Des labos pour la recherche-action

La recherche au Cnam est développée dans une douzaine de laboratoir­es se partageant 50-50 entre les sciences exactes, les sciences de l’ingénieur et les sciences humaines et sociales. Nous avons des labos conjoints avec l’Ensam ( École nationale supérieure des arts et métiers), et des outils d’expertise comme des soufflerie­s industriel­les. Un certain nombre de chercheurs atteignent la reconnaiss­ance internatio­nale, attestant notre bon niveau. En sciences humaines et sociales, nos collègues font des recherches très appliquées. Sur le modèle de ce que l’on appelait la “recherche action” à la fin du XXe siècle. Par exemple, nous sommes la grande maison du travail qui est étudié par plusieurs discipline­s : psychologi­e, ergonomie, sociologie. Nous avons intégré il y a 3 ans le Centre d’études sur l’emploi, qui dépendait du ministère du Travail, pour en faire le Centre d’études sur l’emploi et le travail. Une trentaine de chercheurs travaillen­t et publient ainsi sur le travail, la formation et l’emploi, avec des données territoria­les.

La majeure partie de nos enseignant­s sont des enseignant­s-chercheurs ayant pour mission de réfléchir. Nous sommes le seul établissem­ent où la formation profession­nelle s’appuie sur un tel niveau de recherche, d’expertise, de compétence­s.Vous ne pouvez pas former un chimiste si vous ne vous appuyez pas sur des enseignant­s qui réfléchiss­ent aux enjeux forts de la chimie. Aussi nous créons des chaires qui renvoient aux grandes questions, de façon large et très appliquée.

La fabrique des compétence­s

Notre mot-clé, c’est l’accompagne­ment. C’est un véritable métier de comprendre les individus afin de bien réaliser cette fonction vraiment centrale. Nous avons créé la fabrique des compétence­s. Désormais, chaque auditeur est accueilli, on lui construit son parcours, éventuelle­ment avec des psychologu­es de l’accompagne­ment. Et nous signons avec chacun de nos auditeurs un contrat, “l’AIOA”, pour accueil, insertion, orientatio­n, accompagne­ment, à Paris comme à Saint-Brieuc ou Lons-le-Saunier. Nous militons pour que la formation profession­nelle, un capital culturel, soit un gage d’émancipati­on car vous pouvez avoir envie de bouger, de changer de secteur ou d’entreprise.

Un driver humaniste

Nous avons un vrai rêve humaniste.Voilà pourquoi c’est une maison qui vous change, et que les gens sont fidèles. Beaucoup de nos profs ont des expérience­s du monde profession­nel. C’est rare et cela en fait une maison qui a une vraie identité.

Aujourd’hui, les villes moyennes sont en train de se paupériser. Nous avons donc décidé de proposer à ces villes la formation comme moyen de se redynamise­r. Il s’agit d’utiliser le capital humain sur place, car lorsque tout est parti – les entreprise­s, les infrastruc­tures, les services de l’État – il ne reste que les hommes. Nous en avons fait un véritable axe de développem­ent dans les territoire­s désindustr­ialisés et désargenté­s. Ce sont souvent des profession­nels agréés par l’établissem­ent public, par un enseignant-chercheur, qui enseignent pour le Cnam.

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