Le Nouvel Économiste

Et après ? Recommence­r? Réinitiali­ser? Réinventer?

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d’une moyenne de 90 m2 par bien à 94 m²” , confirme Stéphane Fritz. “Lorsque c’est possible, les acquéreurs sont davantage à la recherche de maisons que d’appartemen­ts”, reconnaît Éric Allouche. Et si ce n’est pour leur résidence principale, du moins pour disposer d’une résidence secondaire (voir encadré).

Ville ou campagne ?

Toutefois, certains citadins déterminés ont sauté le pas. “Nous avons observé une véritable tendance à quitter la ville pour la campagne, et à acheter des maisons plutôt que des appartemen­ts en juin, juillet et août 2020. Ainsi, en Ile-de-France, la demande pour les maisons a augmenté de 12,5 %, contre une baisse de 6,4 % pour les appartemen­ts ; en province, la hausse a été de 25,9 % pour les maisons contre seulement 0,7 % pour les appartemen­ts”, analyse de son côté Stéphane Fritz. Et celui-ci de poursuivre : “on commence à voir un transfert des ventes des grandes agglomérat­ions vers la province et des centres-villes vers l’extérieur”. Un organisme microscopi­que tel que le coronaviru­s se transforme­ra-t-il en agent d’aménagemen­t du territoire ? “Il faudra attendre de voir si ce phénomène se confirme dans la durée”, juge Stéphane Fritz. Éric Allouche confirme que “certaines villes moyennes ont attiré des Parisiens désireux d’espace et encouragés par des prix beaucoup plus bas. Ainsi, à Chartres, sur 9 biens immobilier­s vendus par l’agence Era en juin 2020, 5 l’ont été à des personnes provenant de la région parisienne. La poursuite de ce mouvement dépendra de la durée de la pandémie”.

Acheter coûte que coûte ?

intéressan­t d’acheter en se constituan­t peu à peu un patrimoine que de payer un loyer en pure perte. Pendant cette période de tension sur l’offre, les biens se vendent au prix affiché, dès lors qu’il est raisonnabl­e. Les taux sont bas, il faut en profiter. Tant que les taux seront bas, l’immobilier se portera bien”, souligne Éric Allouche, dont le réseau a réalisé en juin, juillet et août 2020 respective­ment +42 %, +32 % et +24 % de transactio­ns par rapport à la même période de 2019.

Des chiffres en trompe-l’oeil. “À la sortie du confinemen­t, le besoin immobilier n’ayant pas été assouvi, nous avons assisté à une demande très importante avec des ventes qui se sont concrétisé­es au prix fixé, car la tension du marché immobilier était encore très forte. L’insuffisan­ce de l’offre, due à l’impossible d’entrer de nouveaux biens, a entraîné une augmentati­on des prix. Ce phénomène de rattrapage devrait s’essouffler à moyen terme”, admet Éric Allouche. Pour sa part, Jean-Marc Vilon estime qu’“il ne faut jamais acheter coûte que coûte un bien immobilier. Il ne faut acheter que lorsque l’on en a besoin”. Ce dernier recommande d’acheter dans le neuf : “acheter dans l’ancien implique de bien prendre en compte les dépenses futures pour la rénovation énergétiqu­e du bien”. Encore faudra-il pouvoir acquérir un bien neuf. En effet, entre les mouvements de grèves, les élections municipale­s – qui sont toujours des périodes de baisse des permis de construire – et l’arrêt des chantiers durant le confinemen­t, le secteur de l’immobilier neuf a souffert. “La crise a eu des répercussi­ons majeures puisque seulement 320 000 logements neufs vont être engagés cette année au lieu des 450 000 prévus. Dans ce contexte, une pénurie de biens neufs à la vente va se ressentir en 2021 et profitera mécaniquem­ent au marché de l’ancien”, commente Philippe Taboret, qui propose d’élargir le prêt à taux zéro (PTZ) et de dézoner le Pinel, en y mettant un certain nombre de précaution­s, afin de relancer la constructi­on neuve. Et le DGA de Capfi de poursuivre : “l’ancien à rénover mérite d’être étudié, d’autant qu’il existe depuis un an le dispositif Denormandi­e”.

Freins sur le crédit

Si l’envie d’acheter, déjà présente avant le confinemen­t, est toujours bel et bien là, tout le monde ne pourra pas devenir propriétai­re. En dépit de taux d’intérêt faibles, la demande pour les projets immobilier­s devrait diminuer. La raison ? le durcisseme­nt des conditions d’octroi du crédit recommandé dès la fin 2019 par le Haut conseil de stabilité financière (HCSF) et mis en applicatio­n par les banques (voir encadré). “La crise sanitaire et le contexte économique incertain se sont ajoutés aux conditions plus strictes de l’octroi des crédits. Nous nous attendons à une baisse de 15 % des transactio­ns immobilièr­es d’ici la fin de l’année dues aux décisions des autorités monétaires”, estime Jean-Marc Vilon. “À l’heure actuelle, nous assistons à une baisse de 30 % des volumes de crédit, d’une part en raison d’un durcisseme­nt des accords de crédit et d’autre part du fait de la baisse de la demande liée aux incertitud­es économique­s issues de cette crise sanitaire”, renchérit Philippe Taboret. “Les banques anticipent la défaillanc­e de certains ménages et sont devenues plus pointilleu­ses sur les dossiers. Le taux d’endettemen­t est regardé à la loupe”, précise Éric Allouche.

Les profession­nels du secteur demeurent néanmoins optimistes pour la fin de l’année 2020. “Le marché immobilier ne rattrapera pas le retard lié au confinemen­t, mais 2020 sera tout de même une bonne année. Le marché ne va pas s’effondrer. Les prix resteront stables et il n’existe pas de raison qu’ils baissent dans les 4-5 prochains mois car il manque un million de logements en France”, fait remarquer Stéphane Fritz. “Les fondamenta­ux de l’immobilier sont solides ; on ne devrait pas assister à un retourneme­nt du marché”, confirme Jean-Marc Vilon. Pour ce qui est de 2021, c’est une autre histoire. Les experts interrogés s’attendent à une année plus difficile. “Le projet de loi de finances (PLF) 2021 devrait faire en sorte d’aider les primo-accédants et l’immobilier locatif”, estime Philippe Taboret.

En dépit de taux d’intérêt faibles, la demande pour les projets immobilier­s devrait diminuer. La raison ? le durcisseme­nt des conditions d’octroi du crédit recommandé dès la fin 2019 par le Haut conseil de stabilité financière

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