L’impact du CICE sur l’emploi n’est pas si mauvais
160 000 emplois nets ont été créés pour un coût de 18 Mds€ en 2016
France Stratégie vient de publier les résultats de deux nouvelles évaluations, reposant sur des méthodes différentes, de l’efficience du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). La première repose sur une analyse économétrique de données individuelles d’entreprises couvrant la période 2013-2016. Elle permet d’estimer que 100 000 emplois ont été créés ou sauvés, ce qui est faible au regard du coût du CICE (18 Mds€ en 2016). La plupart des commentateurs ont retenu ce chiffre et en ont conclu que l’instauration du CICE a été une erreur de politique économique. Toutefois, cette première méthode permet seulement d’estimer les emplois créés ou sauvés par un échantillon constant d’entreprises sur la période étudiée...
L’impact du CICE sur l’emploi n’est pas si mauvais
France Stratégie vient de publier les résultats de deux nouvelles évaluations, reposant sur des méthodes différentes, de l’efficience du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE).
La première repose sur une analyse économétrique de données individuelles d’entreprises couvrant la période 2013-2016. Elle permet d’estimer que 100 000 emplois ont été créés ou sauvés, ce qui est faible au regard du coût du CICE (18 Mds€ en 2016). La plupart des commentateurs ont retenu ce chiffre et en ont conclu que l’instauration du CICE a été une erreur de politique économique.
Toutefois, cette première méthode permet seulement d’estimer les emplois créés ou sauvés par un échantillon constant d’entreprises sur la période étudiée. Elle ne permet pas de tenir compte de l’effet du CICE sur les créations et destructions d’entreprises, ni surtout des conséquences macroéconomiques de ces créations et sauvegardes d’emplois : les revenus des salariés concernés ont augmenté, ce qui leur a permis de consommer plus, conduisant ainsi d’autres entreprises à produire plus et donc à recruter d’autres personnes et à investir. Si cette première estimation est relativement précise, elle n’a pas donné lieu à un “bouclage macroéconomique”.
Une question de méthode de calcul
La deuxième évaluation repose sur une analyse économétrique de données sectorielles de la comptabilité nationale mettant en évidence un impact sur l’emploi du CICE qui a été intégré dans un modèle du fonctionnement de l’économie française, ce qui a permis de tenir compte des effets de bouclage macroéconomique. En appliquant cette méthode, l’ordre de grandeur des emplois créés ou sauvés est estimé à 400 000.
Les auteurs de cette deuxième évaluation ont également estimé que les mesures de financement du coût du CICE par les administrations publiques (hausse d’impôts et économies sur les dépenses publiques) ont détruit ou empêché de créer environ 240 000 emplois. L’impact net du CICE sur l’emploi serait donc de l’ordre de 160 000 emplois, ce qui n’est pas un si mauvais résultat, même si l’incertitude qui entoure ce chiffre est importante. L’impact net, après financement, de beaucoup de mesures de politique économique est en effet nul ou négatif.
Les mesures sur les bas salaires préférables
Il reste que d’autres dispositifs ont plus d’effets sur l’emploi. L’impact du CICE a été limité parce qu’il n’était pas vraiment ciblé sur les bas salaires (il était accordé pour des salaires allant jusqu’à 2,5 fois le SMIC). Les allégements généraux de cotisations sociales patronales ciblés sur les salaires inférieurs à 1,6 SMIC permettent de créer ou sauver de l’ordre de 50 000 emplois par milliard d’euros, soit 900 000 pour 18 Mds€, avant mesures de financement. Le remplacement du CICE par un allégement supplémentaire de cotisations patronales sur les bas salaires est donc une bonne mesure de politique économique.
Le site www.fipeco.fr développe les analyses de François Ecalle.
Les allégements généraux de cotisations sociales patronales ciblés sur les salaires inférieurs à 1,6 SMIC permettent de créer ou sauver de l’ordre de 50 000 emplois par milliard d’euros, soit 900 000 emplois pour 18 Mds€, avant mesures de financement