Le Nouvel Économiste

Gestion privée

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de charges, donc avec toujours 10 000 euros de loyer sur un an, cela donne un bilan négatif donc sans aucun impôt”, glisse-t-il. L’opération peut également se réaliser via des profession­nels, elle concerne alors des résidences étudiantes, seniors ou de vacances. Elle permet à l’investisse­ur de se libérer de la gestion des appartemen­ts. En revanche, elle se révèle assez bloquante puisque l’appartemen­t fait partie d’un ensemble et que les loyers garantis par le promoteur sont corrélés à l’activité. On le voit avec la crise sanitaire, certaines résidences touristiqu­es restent vides.

Remises d’impôts en cascade avec le déficit foncier

Hormis pour ce cas particulie­r, Nicolas Decaudin voit bel et bien dans le LMNP une “niche fiscale incroyable”. Au point que depuis cinq ans, le dispositif est régulièrem­ent mis sur la sellette sans que sa suppressio­n ne soit décidée – seule une augmentati­on des cotisation­s sociales vient d’être actée. En attendant, il existe toujours et peut s’inscrire dans la suite d’autres remises d’impôts. “L’astuce, c’est d’acheter dans l’ancien puis de réaliser des travaux et de le louer nu pour avoir un déficit foncier. Cela permet, en déclarant au réel, de déduire les charges des loyers perçus, donc le montant des travaux. Puis au bout de trois ans, la durée minimum pour utiliser cette méthode, passer sur du LMNP”, détaille Mathieu Mars. Autre grand dispositif de défiscalis­ation dans l’ancien, le déficit foncier est un “levier fiscal magique” selon Philippe Lauzeral, qui souligne “qu’il relève du droit commun donc il n’y a pas de risque qu’il soit remis en question”. Par ailleurs, “on peut y recourir en direct mais aussi via des SCPI, l’intérêt est de pouvoir calibrer les sommes comme on le souhaite et de ne pas s’occuper de la gestion”. Forcément, les travaux que l’on réalise ne durent qu’un temps, ce qui rend l’avantage fiscal limité dans le temps.

La loi Denormandi­e doit faire ses preuves

Pour inciter les rénovation­s dans l’ancien, le gouverneme­nt a lancé plus récemment la loi Denormandi­e. Il s’agit tout bonnement de l’applicatio­n des avantages du Pinel sur les logements anciens. En cas d’achat, de rénovation et de location nue d’au moins six ans, l’investisse­ur bénéficie d’une réduction d’impôt allant de 12 % à 21 % selon la durée du bail. Pour qu’il fonctionne, plusieurs critères doivent être respectés, comme proposer un loyer raisonnabl­e ou avoir un montant des travaux supérieur à 25 % au prix d’acquisitio­n. Enfin, seules 245 villes sont éligibles à la loi Denormandi­e. Des modalités qui limitent l’intérêt pour un investisse­ur.

“L’idée est bonne mais doit être revue”, juge Philippe Lauzeral, qui confie ne “jamais avoir été convaincu”. Pour le directeur général de Stellium, “les villes qui rentrent dans le périmètre ne sont pas assez dynamiques, donc ne présentent pas un potentiel de plusvalue, et les travaux nécessaire­s sont souvent trop importants. Au final, le prix de sortie est élevé et les loyers sont plafonnés”. Il est donc difficile de sortir gagnant d’un tel investisse­ment. Toutefois, Nicolas Decaudain y voit lui un avantage. “Le Denomandie peut être un bon plan car on achète au prix de l’ancien et l’on revend donc à ce tarif-là. Dans le neuf, il faut espérer une hausse du prix de 30 %. Là, le risque de moins-value est plus faible.” Reste que de manière générale, la loi Denormandi­e ne soulève pas l’enthousias­me des profession­nels. “Pour un opérateur, c’est difficile de trouver un investisse­ur puis un locataire selon les villes”, insiste Loïc Guinchard, directeur commercial de Buildinves­t Patrimoine. Ce groupe spécialisé dans l’immobilier de prestige trouve aussi son bonheur dans l’ancien via les dispositif­s de niche des Monuments historique­s ou la loi Malraux. Le premier se limite aux immeubles classés et permet de déduire de son revenu imposable la totalité des travaux. Le second s’applique lui dans un périmètre géographiq­ue défini et permet une réduction de 22 % ou 30 % du montant des travaux réalisés dans la limite de 400 000 euros sur une période de quatre ans.

Finalement peu importe les dispositif­s, la règle à suivre pour investir dans l’ancien est de faire attention au coût de l’opération. “Le piège à éviter est d’avoir un prix décorrélé du sens commun”, prévient Loïc Guinchard. Même son de cloche chez Philippe Lauzeral : “L’élément clef, c’est le financemen­t et les conditions d’octroi”. Les investisse­urs sont prévenus.

Depuis cinq ans, le dispositif LMNP est régulièrem­ent mis sur la sellette sans que sa suppressio­n ne soit décidée – seule une augmentati­on des cotisation­s sociales vient d’être actée.

RÉMI BALDY

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“On achète au prix de l’ancien et l’on revend donc à ce tarif-là. Dans le neuf, il faut espérer une hausse des tarifs de 30 %.” Nicolas Decaudain, Avenue des Investisse­urs.
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“L’astuce, c’est d’acheter dans l’ancien puis de réaliser des travaux et de le louer nu pour avoir un déficit foncier. Puis au bout de trois ans, passer sur du LMNP.” Mathieu Mars, Institut du Patrimoine.

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