L’investissement en bourse, démocratisé et rajeuni
En juin 2021, les moins de 35 ans représentaient plus de 18 % des détenteurs de titres, contre moins de 11 % en 2018.
La bourse se démocratise à vitesse grand V. Autrefois exclusivement réservé aux très fins connaisseurs issus du sérail, le marché boursier n’a pas échappé à la digitalisation du quotidien. L’émergence du web a permis aux Français de gagner en maturité. “Il y a un fort mouvement vers le marché d’actions”, confirme Cédric Goguel, responsable du marché clientèle patrimoniale chez Crédit Agricole.
Si le marché boursier n’est pas sujet à défiscalisation, son attrait auprès des particuliers n’en continue pas moins à se confirmer depuis une petite vingtaine d’années. La création de plateformes comme Boursorama a changé considérablement les conditions d’investissement sur le marché boursier. Elles ont également poussé les réseaux bancaires institutionnels à se digitaliser à leur tour. L’information boursière est désormais accessible depuis un simple smartphone, le marché est retranscrit en temps réel : tout cela facilite les prises de position. “Avant, l’information était sur papier et hebdomadaire, les frais étaient considérables. Il fallait aller chez un agent de change pour passer ses opérations. Le digital a lissé les frais, les informations sont transparentes, nombreuses et de grande qualité grâce à Internet, poursuit Cédric Goguel. Dans nos agences, des primo-investisseurs sont arrivés sur la bourse directement.”
Selon l’enquête Kantar-AMF de juin 2021, les moins de 35 ans représentaient plus de 18 % des détenteurs de titres, contre moins de 11 % en 2018. Dans la population des moins de 35 ans, la proportion de ceux qui investissent en actions a pratiquement doublé en deux ans, passant de 2,3 % à 4,4 %. “Cette tendance a pour nous marqué le début de l’année 2020, retient Cédric Goguel. Ces clients-là ont perçu le discours que sur du long terme, l’investissement boursier n’est pas forcément un risque.” le client sa connaissance des produits financiers et ses objectifs, son horizon de temps, la position que ces placements vont occuper dans son épargne, etc.”, théorise Cédric Goguel. “Il faut que le conseiller/ banquier soit bien conscient des connaissances de son client et que ce dernier soit bien au courant des risques et des pertes possibles”, ajoute Yoan Fourmaux.
Essayer de maîtriser son impôt sur le revenu c’est aussi épargner avec des revenus complémentaires peu ou pas du tout imposés
Les premiers produits relativement accessibles en matière de montants sont liés à l’investissement dans l’économie réelle, comme le FIP (fonds d’investissement de proximité) et le FCPI (fonds commun de placement dans l’innovation). Il s’agit d’investir dans une jeune entreprise régionale dans le cadre du FIP, ou innovante pour le FCPI. Dans les deux cas, moyennant un montant d’investissement, le particulier a droit à une réduction d’impôt “one shot” (une seule fois sur la durée de l’investissement), de l’ordre de 25 % du montant investi. Ces deux placements empêchent de puiser la somme confiée tout au long de la durée de vie du fonds, soit au moins cinq ans. Au-delà, les investisseurs récupèrent leur somme avec de possibles plus-values. L’inverse, avec des moins-values, est aussi possible. “Les risques sont de se retrouver avec un patrimoine qui s’évapore, confirme Christine Valence. Si vous investissez dans les FCPI car votre voisin vous a bien vanté sa start-up, ça peut être un problème, ou encore dans une Sofica [Sociétés de financement de l’industrie cinématographique et de l’audiovisuel] dans une période où le cinéma français irait mal, comme actuellement par exemple.” La Sofica est un produit rattaché à un secteur très particulier déjà en partie soutenu par un organisme d’État. Les investissements sont là aussi défiscalisés en one shot, immédiatement,
avec un plafonnement plus généreux à 18 000 euros, soit davantage que pour les FIP et FCPI. La durée de conservation des parts est d’au moins cinq ans avec une rentabilité forcément incertaine. “Pour n’importe quel produit financier, il faut circonscrire au maximum les risques, rappelle Christine Valence. Il faut donc que le client comprenne son opération, sache dans quoi il investit avant de se lancer, se renseigne sur les sousjacents, etc.”
“Le levier fiscal a une logique incitative ainsi qu’une logique d’orientation des placements”, synthétise Cédric Goguel. La loi Girardin qui vise par exemple à venir en aide aux entreprises d’outre-mer afin de lisser les inégalités économiques avec la métropole. Le dispositif permet de faire appel à l’investissement des contribuables français pour financer soit la construction de logements sociaux, soit l’acquisition de matériel agricole, industriel, commercial ou artisanal. Il s’adresse plus certainement à des hauts revenus. “La différence importante avec les autres produits, c’est que c’est un investissement one shot et que le particulier n’en attend rien en retour, précise Yoan Fourmaux. Mais il bénéficiera toujours d’une réduction d’impôt d’une valeur supérieure au montant qu’il a investi”. Pour cette niche fiscale plafonnée aussi à 18 000 euros, la réduction maximale de l’impôt sur le revenu peut monter entre 40 000 et 50 000 euros, selon la formule choisie.
L’option fiscalité allégée
“En matière d’investissement, chaque enveloppe complète l’autre. Il ne s’agit donc pas de les opposer l’une à l’autre mais bien de tirer parti du meilleur de chacune d’elles”
Maîtriser son impôt sur le revenu, c’est aussi épargner pour percevoir des revenus complémentaires peu ou pas du tout imposés. “La première recommandation est d’ouvrir dès que possible des enveloppes à fiscalité allégée, comme le plan d’épargne en actions (PEA), analyse Christine Valence. Le PEA permet de défiscaliser les produits tant que l’épargnant n’y touche pas. Quand le PEA aura plus de cinq ans, l’épargnant ne sera pas fiscalisé sur les dividendes et les plus-values dégagées.” Sa rémunération est fonction des résultats des titres qu’il contient, mais il n’est pas exonéré des prélèvements sociaux. Outre le PEA, le nouveau PER (plan d’épargne retraite) présente lui aussi une possibilité de déduction fiscale.
“On est sur une approche différente de défiscalisation, nuance Yoan Fourmaux. Pour la retraite aujourd’hui, il est possible d’alimenter un PER avec des versements qui vont pouvoir être déduits de votre imposition.” “C’est pour favoriser la prise de conscience des investisseurs qu’il faut préparer très en amont les retraites”, complète Cédric Goguel. La loi Pacte de 2019 a également prévu une incitation pour les épargnants à transférer leur épargne de l’assurance-vie vers la nouvelle épargne retraite. Ainsi, jusqu’au 1er janvier 2023, “tout rachat d’un contrat d’assurance-vie de plus de huit ans fera l’objet d’un abattement fiscal doublé par rapport aux règles habituelles, si les sommes sont réinvesties dans un nouveau PER”, selon le ministère de l’Économie. Néanmoins, l’assurance-vie, dont la fiscalité est simple et avantageuse, est devenue un outil de placement majeur pour les Français qui souhaiteraient préparer leur retraite ou leur transmission.
Reste qu’en matière d’investissement, “chaque enveloppe complète l’autre, affirme Christine Valence. Il ne s’agit donc pas de les opposer l’une à l’autre mais bien de tirer parti du meilleur de chacune d’elles”.