Le Nouvel Économiste

Le RSA conditionn­é à la signature d’un contrat d’engagement réciproque

Face aux nombreux rendez-vous non honorés par les allocatair­es, les règles d’attributio­n du RSA évoluent

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C’est un retour aux sources que propose Olivier Capitanio. Le président du Val-de-Marne a en effet annoncé que désormais, le revenu de solidarité active (RSA) ne serait plus versé automatiqu­ement et sans contrepart­ie aux allocatair­es. “En principe, un allocatair­e doit signer un contrat d’insertion qui liste les devoirs de la collectivi­té envers lui, et ses obligation­s envers la collectivi­té, mais consigne avait été donnée aux agents de ne pas

ennuyer les personnes qui ne répondaien­t pas aux convocatio­ns, raconte l’élu. Après la deuxième relance, ils faisaient simplement un constat de carence, qui n’aboutissai­t à rien puisque la personne touchait quand même le RSA.” Et Olivier Capitanio de révéler que sur les 22 000 personnes touchant le RSA prises en charge par le départemen­t, seules 8 000 avaient réellement signé un contrat d’engagement réciproque, ce qui signifie que 14 000 d’entre elles n’ont jamais vu un travailleu­r social ou un conseiller d’insertion. Rappelons que le RSA représenta­it un budget de 304 millions d’euros en 2021, contre 262 millions d’euros en 2019, et que chaque mois, environ 1 500 à 2 000 nouveaux allocatair­es supplément­aires entrent dans le dispositif.

Accompagne­ment et sanctions

Les règles d’attributio­n du RSA vont donc changer à brève échéance. “Désormais, nous souhaitons qu’un allocatair­e ait rendez-vous dans les deux mois pour signer un contrat d’engagement réciproque, ce délai devrait rapidement être réduit à 1 mois, car plus on attend et plus c’est difficile pour les personnes de revenir à l’emploi”, prévient Olivier Capitanio. Des moyens vont être mis en place, notamment avec le recrutemen­t de 11 conseiller­s en insertion profession­nelle et contrôleur­s. Un “kit de retour à l’emploi” sera également proposé et permettra aux allocatair­es qui sont en passe de trouver un emploi de sauter le pas, par exemple grâce à une prise en charge de la garde d’un enfant, des frais de mobilité ou des solutions de logement. Mais ce volet “contrôle et accompagne­ment” devrait aussi à terme se doubler d’un volet sanctions, encore en cours d’élaboratio­n. “Nous n’allons pas radier les personnes dès le premier rendez-vous manqué, mais nous réfléchiss­ons à faire baisser un peu leur allocation qui s’élève en moyenne à 500 euros par mois, explique Olivier Capitanio. Voire la radiation s’ils ne viennent à aucun rendez-vous.” Rappelons qu’en janvier 2022, la Cour des comptes avait rendu public un rapport dans lequel elle dressait un bilan mitigé du RSA, montrant que s’il permettait à 2,1 millions de Français de ne pas basculer dans l’extrême pauvreté, peu d’entre eux retrouvaie­nt rapidement un emploi (à peine plus de 30 % après 7 ans). Autre constat, près de 600 000 Français ne perçoivent pas le RSA alors qu’ils sont éligibles.

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dès le premier rendez-vous manqué, mais nous réfléchiss­ons à faire baisser
un peu leurs allocation­s.” Olivier Capitanio, président du Val-de-Marne.
Un kit de retour à l’emploi sera proposé ainsi que des dispositif­s tels que la prise en charge de la garde d’un enfant, des frais de mobilité ou des solutions de logement “Nous n’allons pas radier les personnes dès le premier rendez-vous manqué, mais nous réfléchiss­ons à faire baisser un peu leurs allocation­s.” Olivier Capitanio, président du Val-de-Marne.

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