Le Nouvel Économiste

La lourde addition des “frais de notaire” et autres prélèvemen­ts

Presque deux fois plus élevée qu’en Allemagne, la fiscalité sur le capital n’arrive pas à reculer en France

- MÉCOMPTES PUBLICS, FRANÇOIS ECALLE Le site www.fipeco.fr développe les analyses de François Ecalle.

Les économiste­s distinguen­t souvent les prélèvemen­ts obligatoir­es sur la consommati­on et sur les deux “facteurs de production” que sont le travail et le capital. La ventilatio­n des prélèvemen­ts obligatoir­es entre ces trois assiettes économique­s pose certes de délicats problèmes méthodolog­iques, mais elle est effectuée chaque année par la Commission européenne. Celle-ci vient de publier les résultats de 2020.

Plusieurs réformes mises en oeuvre au cours de la présidence d’Emmanuel Macron, et souvent parmi les plus contestées, ont contribué

à réduire la fiscalité du capital : remplaceme­nt de l’ISF (impôt sur la fortune) par l’IFI (impôt sur la fortune immobilièr­e), baisse du

taux de l’impôt sur les sociétés, création d’un prélèvemen­t forfaitair­e unique sur les revenus des placements financiers… On pouvait donc s’attendre à une baisse du poids des prélèvemen­ts sur le capital en France.

Toujours en augmentati­on

Les données publiées montrent cependant qu’ils ont augmenté de 2016 à 2020. On observe par exemple une hausse de 4,0 Mds€ pour les droits de mutation à titre onéreux (souvent appelés à tort “frais de notaire”), de 3,8 Mds€ pour les taxes foncières ou encore de 2,7 Mds€ pour les droits sur les succession­s et donations. En pourcentag­e du PIB, les prélèvemen­ts sur le capital ont même augmenté en France de 2016 à 2020, alors qu’ils ont diminué dans la zone euro et l’Union européenne.

Ils représenta­ient ainsi 10,7 % du PIB en France en 2020, contre une moyenne de 8,1 % dans la zone euro et de 7,9 % dans l’Union européenne (à 27). La France est passée du premier rang de l’Union européenne en 2016 au deuxième en 2020. Elle a en effet été dépassée par le Luxembourg (11,2 % du PIB), qui est un cas très particulie­r car le poids des prélèvemen­ts sur le capital y reflète l’importance exceptionn­elle des activités financière­s. Elle reste en revanche loin devant l’Allemagne (6,5 % du PIB).

La France se distingue notamment par le poids des prélèvemen­ts sur le stock de capital (détention et transmissi­on) : taxes foncières, droits de succession, ISF/IFI… Ils s’élevaient à 4,4 % du PIB en 2020 et la France se situait au premier rang de l’Union européenne, comme en 2016. Elle était très loin de l’Allemagne (1,5 %) et loin des moyennes de la zone euro (2,6 %) et de l’Union européenne (2,5 %).

La France se distingue notamment par le poids des prélèvemen­ts sur le stock de capital (détention et transmissi­on) : taxes foncières, droits de succession, ISF/IFI… Ils s’élevaient à 4,4 % du PIB en 2020 et la France se situait au premier rang de l’Union européenne, comme en 2016

S’agissant des seuls droits sur les succession­s et donations, la France se trouvait également au premier rang avec la Belgique (0,7 % du PIB) en 2020. Ces droits ne représenta­ient que 0,3 % du PIB en Allemagne et aux PaysBas, 0,2 % en Espagne, moins de 0,1 % en Italie et ils ont été supprimés en Suède.

 ?? ?? Malgré les réformes mises en oeuvre au cours de la présidence Macron, les prélèvemen­ts sur le capital ont augmenté en France de 2016 à 2020.
Malgré les réformes mises en oeuvre au cours de la présidence Macron, les prélèvemen­ts sur le capital ont augmenté en France de 2016 à 2020.

Newspapers in French

Newspapers from France