Cluster17, une autre vision des sondages politiques L’institut mise sur la clusterisation, dont le principe est de réunir les électeurs en fonction de leur système d’opinion
Fondé en novembre 2021 à Montpellier, Cluster17 est un laboratoire d’études de l’opinion qui produit des analyses et des baromètres hebdomadaires sur l’élection présidentielle de 2022. Son originalité ? La clusterisation, dont le principe est de réunir les électeurs en fonction de leur système d’opinion. “Les catégories sociales traditionnelles et les logiques de classes ne fonctionnent plus pour expliquer les votes. Le modèle qui veut que les ouvriers votent à gauche et que les classes moyennes et supérieures plébiscitent le centre et la droite n’est plus opérant depuis les années 1980 et en particulier les années 2000”, explique Jean-Yves Dormagen, président de Cluster17.
En France, le clivage gauche-droite étant de moins en moins explicatif et les coalitions électorales, par exemple pour Emmanuel Macron, de plus en plus transversales, le nouvel institut propose une segmentation du paysage électoral par “clusters”. L’objectif étant de “renouveler des catégories d’analyse devenues obsolètes. Nous avons travaillé sur un principe de segmentation de l’électorat à partir des systèmes d’opinion. Le postulat de départ de Cluster17 est donc d’affirmer que ce qui compte sur le plan politique, ce sont les opinions des électeurs sur les grands clivages de société”.
Parmi les thèmes particulièrement clivants : l’immigration, la présence de l’islam dans la société française ou encore le féminisme. Des pôles sont ainsi constitués, et comptent des catégories comme les “identitaires”, les “multiculturalistes”, les “eurosceptiques”, les “réfractaires”, etc. Au total, 16 groupes divisés sur des thèmes de société essentiels ont ainsi émergé. Car s’ils appartiennent à la même classe sociale, des individus peuvent aussi être en désaccord sur le plan idéologique. Par exemple, “les catégories populaires comprennent plusieurs types de systèmes d’opinion : une fraction souvent syndiquée est dite ‘solidaire’ et continue de voter pour la gauche, des radicaux anti-système qui votent également pour la gauche radicale, mais également des groupes populaires ‘réfractaires’ et anti-migrants, qui votent donc plutôt pour Marine Le Pen”, conclut Jean-Yves Dormagen.