Le Nouvel Économiste

L’eau sans calcaire et sans chlore fait débat

Le président du Sedif, André Santini, tente de convaincre préfecture et maire de Savigny-le-Temple du bien-fondé du procédé expériment­al

- PAR FABIEN HUMBERT

Comment débarrasse­r l’eau courante du calcaire ou du chlore et ainsi la rendre plus pure ? Le Sedif ( Syndicat des eaux d’Ile- deFrance) pense avoir trouvé la solution idéale avec le procédé d’osmose inverse basse pression ( OIBP) et souhaite équiper ses trois usines de traitement de l’eau de surface basées à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), Neuilly-sur-Marne ( Seine- Saint- Denis) et Méry- surOise (Val-d’Oise). Mais le syndicat présidé par André Santini voulait auparavant expériment­er la technologi­e sur son site pilote d’Arvigny, à Savigny-le-Temple. Sauf que la préfecture de Seine-et-Marne et l’édile de la ville, Marie-Line Pichery, ont freiné des quatre fers en invoquant des incertitud­es au niveau de l’impact écologique du procédé. Pas de quoi faire reculer l’ancien ministre. “Nous allons les rencontrer et les convaincre”, affirme André Santini.

Aller plus vite que la réglementa­tion

Il faut dire qu’il a de sérieux arguments à faire valoir. “Cette technique

de filtration membranair­e ultra- performant­e permet d’éliminer tous les éléments, et notamment les microparti­cules, indésirabl­es de l’eau potable de nos près de 4 millions d’usagers : le chlore, le calcaire, les plastiques, les résidus médicament­eux, les pesticides, ou encore les perturbate­urs endocrinie­ns, explique celui qui est aussi maire d’Issy- les- Moulineaux ( Hauts- deSeine). Ainsi, au nom du principe de précaution, le Sedif va au-devant de l’émergence de nouvelles problémati­ques qui entraînera un durcisseme­nt des normes.”

Selon une étude de satisfacti­on menée auprès de ses usagers ( répartis dans 135 villes), 54 % d’entre eux étaient insuffisam­ment insatisfai­ts de la présence de calcaire dans l’eau et 27 % se plaignaien­t de la présence de chlore. Résultat : seulement 65 % des usagers du Sedif boivent l’eau du robinet alors qu’elle est de qualité. Et c’est pour éviter qu’ils ne se tournent vers les eaux minérales, souvent conditionn­ées dans des bouteilles en plastique, ou s’achètent des systèmes de filtration individuel­s, que l’accent a été mis

sur la purificati­on en amont de l’eau. L’idée étant qu’il vaut mieux traiter directemen­t les eaux tirées à 97 % de la Seine, de la Marne et de l’Oise ( 3 % des nappes souterrain­es donc) et donc de mutualiser les coûts.

Générer des économies dans les foyers

Selon le Sedif, une économie de 100 euros net par famille et par an sera réalisée, notamment sur l’achat de dispositif­s anticalcai­re, voire le rachat d’appareils électromén­ager détériorés et devenus inutilisab­les. Les investisse­ments pour la collectivi­té seront tout de même importants. “Sur un budget de 2,5 milliards d’euros sur 10 ans, au- delà du 1,1 milliard d’euros consacrés à sa gestion patrimonia­le sous maîtrise d’ouvrage publique, le Sedif prévoit d’investir 800 millions pour la production d’une eau plus pure, sans calcaire et sans chlore. Cela représente environ 1 euro par mois et par habitant sur la durée de vie de l’installati­on”, explique André Santini. Le financemen­t se fera classiquem­ent pour partie

grâce au prix de l’eau et pour partie via les marchés financiers.

“L’OIBP, technique de filtration membranair­e ultraperfo­rmante, permet d’éliminer les éléments indésirabl­es tels que le chlore, le calcaire, les plastiques, les résidus médicament­eux, les pesticides ou les perturbate­urs endocrinie­ns”

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de la ville ont freiné des quatre fers en invoquant des incertitud­es au niveau de l’impact écologique du procédé.
Le Syndicat des eaux d’Ile-de-France voulait expériment­er la technologi­e sur son site pilote d’Arvigny, à Savigny-le-Temple. La préfecture de Seine-et-Marne et l’édile de la ville ont freiné des quatre fers en invoquant des incertitud­es au niveau de l’impact écologique du procédé.

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