Se baigner dans la Seine, une réalité en 2024 ?
Le Siaap va ajouter une étape de dépollution à son usine de Valenton pour accueillir des épreuves des JO et permettre la baignade l’été
C’était une promesse inscrite dans le programme électoral de Jacques Chirac en 1988. Le maire de Paris et futur président de la République promettait de rendre la Seine à nouveau accessible à la baignade. Dans l’émission ‘ La Marche du siècle’ en 1990, il allait encore plus loin en promettant qu’il se baignerait lui- même dans le fleuve qui traverse l’Ile-de-France. Il n’en fut rien. Et s’il est désormais envisageable de se baigner l’été ou quand il ne pleut pas, dans le bassin de la Villette à Paris, il est toujours impossible de le faire dans la Seine.
Mais la tenue des Jeux olympiques en Ile- de- France en 2024 devrait
changer la donne. Anne Hidalgo, l’actuelle maire de Paris et candidate PS à la présidentielle 2022, a en effet promis qu’en 2024, les
Parisiens pourraient se baigner dans la Seine, qui accueillera aussi des épreuves comme le triathlon et le 10 km nage libre.
Un fleuve de moins en moins pollué
Mais est-ce un projet réaliste ? Oui, selon Vincent Rocher, le directeur innovation du Siaap, le service public de l’assainissement francilien : “jusque dans les années 1970, la Seine a été un fleuve très pollué, ce qui a conduit notamment à une baisse de la biodiversité. Mais depuis, des efforts de modernisation considérables ont été accomplis”. Ainsi, les taux d’azote, de phosphore et de carbone ont été drastiquement réduits au fil des années. Dans le même temps, mécaniquement, le taux de bactéries fécales ( qui empêchent la baignade lorsqu’elles sont trop présentes dans l’eau) a lui aussi baissé. Mais pas assez pour permettre aux Franciliens de se baigner sans risques. Ceci même si les infrastructures opérées par le Siaap ont permis de beaucoup mieux gérer le rejet de matières fécales dans la Seine, notamment en cas de pluies.
Une solution ni dangereuse pour la faune et la flore, ni pour les humains
Il fallait donc redoubler d’efforts pour que la promesse de Jacques Chirac devienne réalité. Le Siaap a identifié quatre solutions de traitement : les ultraviolets, l’ozonation, la filtration membranaire, et l’injection d’un biocide ( hors chlore). C’est cette dernière option qui a finalement été retenue après plusieurs années de tests et d’études. Le syndicat intercommunal va donc installer une nouvelle étape de dépollution à l’acide performique (fabriqué sur place à partir de peroxyde d’hydrogène et d’acide formique catalysé) dans son usine de Valenton, qui traite en moyenne 800 000 m3 d’eaux usées par jour. Une solution qui n’est ni dangereuse pour la flore et la faune, ni bien entendu pour les humains. “Ainsi, les eaux de la Seine en aval de Valenton seront accessibles à la baignade pendant les épreuves, promet Vincent Rocher. Et une fois les JO terminés, les Franciliens pourront se baigner l’été dans les bassins pérennisés.” Vivement l’été 2024 !
F. H.
Malgré des taux d’azote, de phosphore et de carbone qui ont été drastiquement réduits au fil des années, le taux de bactéries fécales est encore trop élevé pour se baigner sans risques
“Les eaux de la Seine en aval de Valenton seront accessibles à la baignade pendant les épreuves. Et une fois les JO terminés, les Franciliens pourront se baigner l’été dans les bassins pérennisés.”