Comment le département compte sortir du désert médical
L’espérance de vie y est la plus basse d’Ile-de-France. La faute à la pauvreté, à la pollution atmosphérique et à un déficit d’offre de soins.
En Seine-Saint-Denis, l’espérance de vie des hommes est, selon l’Insee, la plus basse d’Ile- deFrance avec 77,5 ans contre 80,8 dans les Hauts-de-Seine (pour les femmes, elle est dans la moyenne). Et avec + 25 % de décès, le département a été beaucoup plus touché par la covid que le reste du pays. Comment expliquer que la SeineSaint-Denis, qui compte le taux de natalité le plus élevé de France, et 29 % de jeunes parmi sa population, soit un des départements de l’Hexagone où l’on vit le moins longtemps ? “C’est notamment lié aux difficultés sociales persistantes :
un niveau de vie le plus faible de France métropolitaine, des logements plus densément peuplés et/ou insalubres, des habitants qui occupent des métiers avec une pénibilité au travail importante, ou encore une
plus forte prévalence des comorbidités, décrypte Magalie Thibault, vice- présidente chargée des solidarités et de la santé en SeineSaint- Denis. Par ailleurs, dans le département, la moitié de la population est exposée à la pollution atmosphérique qui favorise des maladies chroniques ou de l’appareil respiratoire, les cancers et bien d’autres pathologies.” Et malgré ces problèmes structurels, le département compte le plus faible taux de médecins libéraux d’Ile-de-France ( deux fois moins qu’à Paris) et de médecins spécialistes (quatre fois moins qu’à Paris).
La Seine- Saint- Denis promeut cependant des solutions pour sortir ses territoires du désert médical. Car même si la santé est une compétence de l’État, le département a son mot à dire, par exemple en étant force de proposition. “Nous souhaitons notamment agir sur le cadre de vie et l’environnement des futurs professionnels de santé qui font le choix de s’installer en Seine- Saint- Denis en leur proposant divers services : interprétariat, appui à la gestion administrative, possibilité d’exercer une activité mixte ville/hôpital ou encore mise en réseau des futurs et jeunes professionnels”, énumère Magalie Thibault. Le département peut aussi combler les déficits d’offre de soins grâce à un réseau de 112 centres de protection maternelle et infantile. Ou encore en mettant gratuitement à la disposition des habitants des structures de prévention santé ( CDPS) et des centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD). Mais il s’agit aussi d’aller à la rencontre des habitants les plus éloignés des parcours de soins, via un bus bucco- dentaire qui a déjà prodigué des soins à 2000 écoliers.
F. H.
Malgré des difficultés sociales persistantes (faible niveau de vie, logements insalubres, pénibilité au travail et forte prévalence à la comorbidité), le département compte le plus faible taux de médecins d’Ile-de-France
Bouquet de services pour faciliter l’installation des professionnels, réseau de 112 centres de protection maternelle et infantile, accès gratuit à des structures de santé, bus bucco-dentaire : le département est force de proposition