Le défifi du matelas reconditionné
“Nous avons essayé pas mal de choses : la congélation, les UV, l’ozone, les micro-ondes industrielles, etc. Nous avons finalement opté pour la chaleur sèche”
Difficile aujourd’hui de ne pas penser au recyclage lors d’un acte d’achat. Sauf que cette étape est très complexe dans l’univers du matelas. “C’est un produit difficile à désassembler, il finit souvent incinéré pour faire de la chaleur”, témoigne Cathy Dufour, déléguée générale de L’Ameublement Français. Et il a en effet fallu plusieurs années et beaucoup de R&D à Jérémie Adjedj pour développer, avec son frère, son concept de matelas reconditionnés baptisé “Écomatelas”. Issu d’une famille de matelassiers dans le sud de la France, il travaillait notamment avec les hôtels haut de gamme qui “changent leur literie tous les deux ou trois ans”. D’où l’idée d’un reconditionnement du matelas. Premier défi : l’hygiène. “Nous avons essayé pas mal de choses : la congélation, les UV, l’ozone, les micro-ondes industrielles, etc. Nous avons finalement opté pour la chaleur sèche. Aujourd’hui, le matelas passe dans un tunnel pour être soumis à des jets d’air chaud sec.”
Le matelas est ensuite découpé à l’horizontale pour enlever la partie usée par le temps et les utilisations. “Cela permet d’avoir un pan de mousse complètement intact et dont les propriétés techniques sont encore totalement similaires à un matelas neuf”, assure Jérémie Adjedj. C’est ensuite un complexage de plusieurs matelas et diverses matières qui permettent de redonner une âme au produit final à l’aide de colle, sans composés organiques volatils selon le cofondateur d’Écomatelas. Lors d’une phase de recyclage de la mousse, la colle est en effet un écueil à éviter. “Certains récupèrent et découpent de la mousse en petits morceaux, ils coulent ces chutes dans un pan de colle et annoncent que c’est de la mousse recyclée. C’est une aberration écologique”, alerte le dirigeant d’André Renault, Erec Glogowski. Aujourd’hui, des expérimentations sont d’ailleurs en cours selon Cathy Dufour pour “reprendre la mousse et la faire revenir à son état d’origine liquide”.