Des élus réclament le prolongement de la ligne de métro 10
L’enjeu : desservir des quartiers en plein développement économique et urbain
L’établissement public territorial du Grand Orly Seine Bièvre a voté le voeu à l’unanimité : les 24 communes demandent le prolongement de la ligne de métro 10 alors que les discussions du contrat de plan ÉtatRégion 2021-2027 sur les mobilités doivent reprendre mi-avril. La ligne relie aujourd’hui BoulogneBillancourt, dans les Hauts- deSeine, à la gare d’Austerlitz à Paris. L’objectif est de la poursuivre vers l’est pour rejoindre Ivry puis Vitrysur-Seine, dans le Val-de-Marne, soit au total six nouveaux arrêts. C’est un projet porté depuis longtemps par les élus, et depuis 2016 par l’association La Grande 10, qui fédère des acteurs institutionnels (leVal-de-Marne et les villes concernées, la mairie du XIIIe arrondissement, etc.) et des partenaires économiques autour de la ligne de métro. Et c’est loin d’être une utopie car le prolongement était bien inscrit dans le précédent plan ÉtatRégion et dans sa version révisée par avenant du 7 février 2017. “L’étude initiale qui a été réalisée portait sur la première phase du trajet entre gare d’Austerlitz et IvryGambetta avec 3 stations desservies, rappelle Clément Pecqueux, président de La Grande 10 et adjoint à l’écologie urbaine d’Ivry-sur-Seine. Il faut continuer ces études techniques sur ce tronçon et ouvrir une étude d’émergence sur le tronçon Ivry-Vitry
pour avoir une connexion avec la ligne 15 du Grand Paris Express. Cette ligne est un élément structurant.”
Des centaines d’hectares en cours d’aménagement
L’enjeu est d’autant plus important que cela permettrait de desservir des quartiers en pleine croissance. “Paris, Ivry-sur-Seine et Vitry-sur-Seine ont des zones de développement très importantes. Ce continuum urbain en renouvellement est le plus grand de France et doit accueillir 30 000 étudiants, 60 000 habitants et 100 000 nouveaux salariés”, ajoute l’adjoint au maire.
Il y a d’abord la Zac Ivry Confluences, un des futurs arrêts envisagés pour la ligne de métro 10. En prolongement du quartier d’affaires Paris Rive Gauche, elle doit accueillir sur 145 hectares près de 8 000 logements, des activités tertiaires, des petites et moyennes entreprises, avec l’objectif de créer 18 000 emplois directs et indirects d’ici 2031. ÀVitry-sur-Seine, le site des Grandes Ardoines, en bord de Seine et à 3 kilomètres de Paris, fait le double de taille. Au sud, la Zac Gare Ardoines comprendra 410 000 m² d’activités économiques, dont deux tiers de bureaux, et 229 000 m² de logements. Au nord, sur la seconde Zac Seine Gare Vitry, le programme essentiellement résidentiel prévoit 285 000 m² de logements, complétés par des bureaux et locaux d’activités dédiés à l’emploi productif et artisanal.
Ces zones sont aujourd’hui insuffisamment desservies : “Le RER C rencontre de vraies difficultés d’exploitation, la ligne de métro 7 et le tramway T3a sont sursaturés”, assure Clément Pecqueux. Et les projets en cours, comme la future ligne de bus T Zen 5, entre le XIIIe arrondissement parisien et Choisy-le-Roi, et bientôt la ligne du Grand Paris Express 15, ne compenseront pas les manques. “Il ne faut pas oublier que nous sommes aussi dans un contexte de recul de la motorisation, avec notamment la mise en place de la zone à faibles émissions (ZFE) sur le territoire délimité par l’autoroute A86, ajoute-t-il. Nous avons donc vraiment besoin d’alternatives de transport en commun.”
Travailler à une coalition des projets
Pour se faire entendre, la Grande 10 prévoit d’organiser plusieurs manifestations dans les mois prochains. “Le 30 avril, dans le quartier d’Ivry-port, nous présenterons les partenaires économiques qui nous ont rejoints. Nous nous rendrons ensuite sur le site d’Ivry-Gambetta en compagnie de citoyens engagés pour un moment festif”, indique le président de l’association. Au programme également, une exposition autour de la ligne 10. D’autres mobilisations sont annoncées fin mai et fin juin à l’occasion d’Ivry en Fête, ainsi qu’en septembre lors de la Semaine européenne de la mobilité. Reste que c’est loin d’être le seul projet en lice. Ile-de-France Mobilités, l’autorité
régulatrice des transports, indique que la région “connaît depuis plusieurs années un investissement sans précédent dans les transports en commun et notamment s’agissant des prolongements ou des créations de lignes de métro”. Le Grand Paris Express est toujours en chantier, des opérations de prolongement sont en cours sur les métros 11,12 et 14, des élus réclament de nouvelles stations sur la ligne 1. Le projet de la ligne 10 “a vocation à être considéré dans le cadre de la préparation du prochain contrat de plan État-Région, pour lequel l’ambition – et donc la contribution de l’État – reste inconnue à ce jour”, rappelle également IDF Mobilités. La Grande 10 veut éviter le “piège de la mise en concurrence. J’ai donc écrit à l’ensemble des présidents d’associations porteuses de projets et/ ou les maires concernés pour leur proposer de travailler à une coalition des projets de prolongements, et porter une revendication collective auprès de l’État, de la région et d’IDF Mobilités”, conclut Clément Pecqueux.
Pour se faire entendre, l’association La Grande 10 prévoit d’organiser plusieurs manifestations dans les mois prochains