Faire levier sur les investisseurs
Quoi de plus générique que le terme de “transformation d’entreprise” ? On est pourtant loin du pont aux ânes. Plus que jamais, face aux incertitudes nées d’une succession historique de crises dans un laps de temps court, la question d’une révision des organisations et des modes de production s’impose à tous. D’autant que l’inflation et le changement climatique déploient leurs effets, quels que soient le secteur d’activité et la taille de l’entreprise.
Or les dirigeants d’entreprise peuvent se trouver dépourvus au moment de concrétiser une telle idée. À juste titre, d’ailleurs. Il en va de la définition même de la stratégie à adopter, sans pour autant être contraint de remettre l’intégralité de l’ouvrage sur le métier – si tant est que cette expression venue d’un autre temps soit encore d’usage… Ici, nulle recette “miracle”. Se lancer à corps perdu dans la transformation numérique ou la transition environnementale et sociale peut heurter frontalement la culture de l’entreprise et la déséquilibrer. Tout est question de préparation. Et c’est pour cette raison que faire appel à ses actionnaires – en particulier quand ils sont financiers – doit être le réflexe à adopter pour mieux négocier un virage aussi décisif. La conversion des fonds d’investissement à la transformation numérique et aux critères d’investissement ESG (environnement, social, gouvernance) entraîne dans leur sillage moult cabinets de conseil spécialisés, quand ils ne créent pas leurs propres équipes pour aider les sociétés.
Il existe évidemment une alternative : faire le dos rond. Mais cela revient à nier que les entreprises engagées dans un processus de transformation gagnent en valeur, grâce à leur plus grande agilité. Un tel argument, s’il n’enlève en rien à la difficulté de faire, devrait définitivement convaincre les dirigeants qui hésiteraient encore à franchir l’obstacle.
Charles Ansabère et Jean Rognetta, Rédaction en chef Corporate Finance