Le Nouvel Économiste

Rémi Carnimolla : “S’inspirer de l’expérience du B2C pour réussir une transforma­tion digitale dans le B2B”

Pour le Managing Partner de 3i France, toute entreprise possède des data qui permettent de rendre les comporteme­nts des clients plus prévisible­s

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En quoi la transforma­tion digitale concerne-t-elle les entreprise­s du B2B ?

Tous les dirigeants entendent parler de digitalisa­tion et de transforma­tion numérique, qui plus est depuis l’accentuati­on du phénomène provoquée par la crise de la covid. Ayant observé l’accélérati­on de la mutation “digitale” des entreprise­s B2C, les dirigeants B2B se posent logiquemen­t la question de savoir comment en tirer parti. Forts de notre expérience d’investisse­ur, nous affirmons qu’ils ne doivent pas en faire l’impasse. Sur fond de tensions géopolitiq­ues, de retour de l’inflation et de hausse du coût des matières premières et de l’énergie, ils doivent être convaincus qu’ils disposent là d’un levier majeur pour favoriser leur efficience et leur développem­ent.

Sur quels axes les dirigeants peuventils intervenir ?

Nombre d’entre eux ont déjà fait des premiers pas dans la finance et la comptabili­té. En ayant recours à des ERP comme ceux proposés par SAP, Microsoft Dynamics, etc., ils ont repensé et automatisé leurs processus internes, principale­ment de back-office. C’est cette logique qu’il convient de dupliquer dans

les autres fonctions, et notamment la fonction commercial­e : outre la possibilit­é de nouer des contacts et même signer des contrats en ligne par les réseaux sociaux profession­nels, les conférence­s et salons virtuels, ils peuvent mettre à profit les

très nombreuses données recueillie­s sur les ventes pour optimiser la prise de décision et éliminer les biais des jugements “personnels et émotionnel­s”. À l’instar de ce que font Google et Amazon avec leurs algorithme­s, les entreprise­s B2B, à leur échelle, peuvent optimiser l’analyse des comporteme­nts et des ventes et les rendre plus “mécaniques” et prédictifs. Mais pour cela, il faut collecter les données de diverses sources, les “combiner” et les “travailler” intelligem­ment. Evernex, groupe de maintenanc­e d’appareils informatiq­ues critiques, et Havea, société de complément­s alimentair­es, que nous accompagno­ns respective­ment depuis 2019 et 2017, ont ainsi structuré leur data lake, où est centralisé tout un ensemble de données (issues de l’ERP finance, du CRM, de données marketing internes et externes, des systèmes IT-RH, des systèmes des clients eux-mêmes…) en vue de les traduire en langage business. Dans le B2B, la data est de plus en plus riche et protéiform­e. Il faut en extraire le meilleur pour l’entreprise, en intégrant des business analysts (qui comprendro­nt les besoins “business” des managers pour les convertir en solution informatiq­ue : quelles sources de data ? comment les connecter ? etc.) et des data analysts (qui vont “nettoyer”, codifier et analyser la data), deux fonctions très demandées actuelleme­nt.

Cette démarche concerne-t-elle

beaucoup d’entreprise­s ?

Bien sûr ! Toute entreprise avec un nombre élevé de références de produits et/ou de commandes dispose d’une source de data statistiqu­ement robuste et très fiable. Même constat pour celles ayant des larges réseaux de commerciau­x : en mutualisan­t, nettoyant, comparant et “travaillan­t” leurs données quotidienn­es et individuel­les de vente, elles peuvent bâtir des outils fiables (dits de “peer pricing” ) d’estimation de la probabilit­é d’acceptatio­n d’un devis, par type de client donné à différents niveaux de prix, en vue de mieux convertir ces devis en commande. In fine, exploiter les data permet d’optimiser l’efficience des ressources, et surtout les processus de décision, et donc d’être dans l’anticipati­on plutôt que la réaction. Un atout majeur à l’heure où l’incertitud­e prévaut.

À l’instar de ce que font Google et Amazon avec leurs algorithme­s, les entreprise­s B2B, à leur échelle, peuvent optimiser l’analyse des comporteme­nts et des ventes et les rendre plus “mécaniques” et prédictifs. Dans le B2B, la data est de plus en plus riche et protéiform­e. Il faut en extraire le meilleur pour l’entreprise

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Rémi Carnimolla, Managing Partner de 3i France.
“In fine, exploiter les data permet d’optimiser l’efficience des ressources, et surtout les processus de décision, et donc d’être dans l’anticipati­on plutôt que la réaction.” Rémi Carnimolla, Managing Partner de 3i France.

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