Le Nouvel Économiste

Vers de nouvelles politiques zéro artificial­isation

Ris-Orangis et le départemen­t de l’Essonne cherchent le bon équilibre entre développem­ent et écologie

- PAR ANNE THIRIET François Durovray.

Comment concilier enjeux environnem­entaux et développem­ent économique ? C’est la question que se pose Ris-Orangis, qui va entamer la révision de son plan local d’urbanisme (PLU). Située au sud de l’Essonne, la commune de 29 000 habitants s’est développée au bord du fleuve, le long de la voie ferrée, de la Nationale 7 puis jusqu’à l’extrémité est du plateau du Hurepoix. Sur les 850 hectares du cadastre, 350 hectares, composés de terres vierges et de friches industriel­les notamment, sont encore disponible­s.

Des injonction­s contradict­oires

La ville a répondu à l’appel à manifestat­ion d’intérêt (AMI) “zéro artificial­isation nette” lancé par le gouverneme­nt et l’Agence de l’environnem­ent et de la maîtrise de l’énergie ( Ademe). “Nous avons besoin d’experts pour gérer d’un côté la nécessité de développem­ent et de l’autre respecter le zéro artificial­isation pour protéger la biodiversi­té, la nature et les sols”, observe Stéphane Raffalli, le maire de Ris-Orangis. Les interrogat­ions sont nombreuses : “il faut que nous sachions où nous pouvons construire, sans abîmer la biodiversi­té.

Y a-t-il une faune et une flore remarquabl­es qu’il faut protéger ? Quelle valeur ont les gisements fonciers ?”, questionne l’élu, qui veut aussi récréer de la valeur économique et industriel­le. Car les grands comptes ont disparu. “L’usine Danone de 1 000 emplois, qui représenta­it 40 % de la taxe profession­nelle a été délocalisé­e au début des années 2000. Et l’hippodrome, propriété de France Galop et de Matra, un fort élément d’attractivi­té, a fermé du jour au lendemain”, rappelle-t-il. Le besoin en logement aussi est fort : 8 000 demandes sont enregistré­es à la mairie alors qu’elle ne peut en satisfaire qu’une centaine.

Écoquartie­r et agricultur­e urbaine

Lauréate de l’AMI, tout comme le départemen­t de l’Essonne, RisOrangis va pouvoir bénéficier d’un soutien en ingénierie de l’Ademe, d’actions de sensibilis­ation et de formation. Au total, 22 territoire­s ont été retenus pour les actions qu’ils ont déjà entreprise­s, mais également pour impulser de nouvelles dynamiques permettant de répondre à l’objectif de “zéro artificial­isation nette” de la loi Climat et Résilience. Et les enjeux sont forts : l’artificial­isation des sols augmente

presque quatre fois plus vite que la population, selon le ministère de la Transition écologique. Ris-Orangis a déjà entrepris plusieurs actions. Un écoquartie­r, les Docks de Ris, a ouvert au pied d’une gare RER sur des friches militaires et industriel­les, en concertati­on avec les habitants. Il est doté d’un réseau de chaleur 100 % énergies renouvelab­les, de bâtiments zéro carbone, dont un tout en bois de 240 logements. Rachetés à l’État, 13 hectares de terrains, destinés à l’urbanisati­on, serviront un projet d’agricultur­e urbaine. Avec son projet “Ris en Seine”, Ris-Orangis réfléchit également à la renaturati­on de 2 kilomètres de berges de Seine, fermées à la circulatio­n il y a deux ans. De son côté, l’Essonne mène une politique marquée d’achat d’espaces naturels sensibles, qui représente­nt 25 % de la surface du territoire ; fin 2020, le conseil départemen­tal a adopté de nouvelles orientatio­ns. Des études seront par exemple menées pour mieux comprendre les phénomènes d’artificial­isation des sols et renforcer la préservati­on des espaces agricoles et naturels périurbain­s ou des initiative­s locales promues, notamment en matière de désimpermé­abilisatio­n des sols. Cinquante- cinq actions ont été listées. “L’Essonne,

située à proximité de Paris, est soumise à une forte pression urbaine, constate François Durovray, président du conseil départemen­tal. Nous accueillon­s entre 12 000 et 16 000 résidents supplément­aires chaque année. Cela se fait souvent au détriment d’espaces vierges d’urbanisati­on. Or, nos concitoyen­s souhaitent une maîtrise – non un arrêt – de ces évolutions démographi­ques et conserver cet équilibre entre ville et campagne dont nous bénéficion­s.” Les PLU des communes et des agglomérat­ions, qui sont soumis pour avis au départemen­t, sont désormais examinés avec attention. “Nous invitons les collectivi­tés à regarder à une échelle plus large que leur territoire l’impact des décisions qu’elles peuvent prendre”, indique

Le projet “Ris en Seine” prévoit la renaturati­on sur 2 km des berges de Seine, fermées à la circulatio­n depuis deux ans

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L’écoquartie­r les Docks de Ris a ouvert au pied d’une gare RER sur des friches militaires et industriel­les, en concertati­on avec les habitants.

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