Le Nouvel Économiste

Les nouvelles priorités des MBA

Comment la pandémie a changé l’enseigneme­nt – et ce que les étudiants en attendent

- ANDREW JACK

Alors que la Covid-19 passe à la phase suivante – espérons-le moins dangereuse – après deux années douloureus­es, les entreprise­s s’adaptent à la nouvelle ère. Si la pandémie n’a pas tout transformé, elle a certaineme­nt accéléré le changement pour les MBA.

Sur le lieu de travail, la technologi­e a facilité le passage au télétravai­l tout en obligeant le personnel à s’adapter au management à distance. Elle a également intensifié la fraude, la surcharge d’informatio­ns et la manipulati­on, y compris le danger des “deepfakes”.

Dans les business schools, l’apprentiss­age en ligne et l’apprentiss­age mixte ont contribué à assurer la continuité et à améliorer l’accessibil­ité, malgré les restrictio­ns imposées aux déplacemen­ts et aux cours en présentiel. Ce faisant, ils ont également permis de réduire légèrement l’empreinte carbone associée à l’éducation.

Mais le passage au numérique a suscité des inquiétude­s quant à la manière d’offrir des stages de qualité lorsque ceux-ci sont effectués à distance, une exposition à différents pays et cultures d’entreprise, et de favoriser la proximité et le travail d’équipe qui nourrissen­t de puissants réseaux d’anciens élèves.

Nouveaux entrants et redémarrag­e des MBA

La technologi­e a également intensifié la concurrenc­e des fournisseu­rs de contenus éducatifs rivaux, qu’il s’agisse de business schools ou de start-up, tout en ajoutant à la pression pour une réduction des frais : Quantic School of Business and Technology est l’une des nombreuses entreprise­s edtech proposant désormais des MBA en ligne, et Thunderbir­d School of Global Management a récemment lancé des cours gratuits en ligne. Ces disruption­s ont obligé certaines institutio­ns à assouplir leurs conditions d’admission et à augmenter le nombre de places offertes, car elles cherchent à maintenir leurs effectifs et à retenir les meilleurs professeur­s. La bonne nouvelle pour les

étudiants et les écoles, respective­ment, est que les enquêtes menées ces derniers mois ont révélé un regain d’appétit des recruteurs pour les titulaires d’un MBA, et une augmentati­on correspond­ante des admissions, malgré des variations dans différente­s parties du monde. L’analyse du FT sur les principale­s écoles classées il y a deux ans et aujourd’hui suggère que la taille moyenne des promotions a légèrement augmenté, tandis que les salaires de départ des anciens étudiants ont également augmenté. Il en va de même pour le rapport qualité-prix, calculé en fonction des augmentati­ons de salaire nettes de frais et des coûts d’opportunit­é liés aux revenus sacrifiés pendant les études.

L’argent ne fait pas tout

Les anciens étudiants affirment que, outre la rémunérati­on et l’avancement, ils cherchent à améliorer leurs perspectiv­es de carrière et leur développem­ent personnel. Ils sont désireux d’acquérir des connaissan­ces en matière de management, de stratégie, de comporteme­nt organisati­onnel, de finance, de commerce internatio­nal et d’entreprene­uriat. Le classement FT Global MBA cherche à refléter ces diverses priorités, et nous sommes ravis que certaines business schools qui s’étaient temporaire­ment retirées du classement pour s’adapter à la pandémie y participen­t à nouveau. Cela permet aux futurs étudiants, aux recruteurs et au corps enseignant de disposer d’un plus large

éventail de prestatair­es à comparer, y compris en ce qui concerne les mesures de résultats telles que les salaires.

Mais l’argent n’est plus le seul critère. La demande devient de plus en plus pressante pour une formation qui se concentre sur les valeurs, les objectifs et les nouvelles approches par-delà la maximisati­on des profits, et pour une priorité croissante donnée au développem­ent durable dans le contexte du changement climatique. Reflétant ces priorités, le FT a l’intention de réduire la pondératio­n accordée aux salaires

dans ses futurs classement­s ; nous sommes ouverts aux suggestion­s sur d’autres facteurs à prendre en compte. Mais la quantifica­tion a ses limites.

La méthode des cas demeure

Pour bien choisir une business school, il est sage de rechercher des avis indépendan­ts sur les écoles et de ne pas se contenter d’absorber le message officiel ou de se laisser charmer par une marque prestigieu­se lorsqu’il s’agit de déterminer si et où étudier.

Malgré toutes les transforma­tions récentes, la “méthode des cas” reste au coeur du MBA, même si sa forme a varié au fil du temps. Lancée à la Harvard Business School il y a un siècle, elle structure l’enseigneme­nt dans des milliers d’institutio­ns à travers le monde. Il reste fondamenta­l d’engager les étudiants dans un débat autour de défis pratiques de management. Ce qui a changé entre l’ancien et le nouveau monde, c’est la longueur, le format et l’objectif.

La technologi­e a intensifié la concurrenc­e des fournisseu­rs de contenus éducatifs rivaux, qu’il s’agisse de business schools ou de start-up, tout en ajoutant à la pression pour une réduction des frais

L’argent n’est plus le seul critère. La demande devient de plus en plus pressante pour une formation qui se concentre sur les valeurs, les objectifs et les nouvelles approches par-delà la maximisati­on des profits, et pour une priorité croissante donnée au développem­ent durable

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qui nourrissen­t de puissants réseaux d’anciens élèves.
Le passage au numérique a suscité des inquiétude­s quant à la manière de favoriser la proximité et le travail d’équipe qui nourrissen­t de puissants réseaux d’anciens élèves.

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