Le Nouvel Économiste

Le casse-tête des ZFE-mobilité

Pour les grandes entreprise­s dont une partie de la flotte a vocation à circuler d’une agglomérat­ion à l’autre, la seule solution consiste à s’aligner sur les contrainte­s les plus fortes

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La mise en place de zones à faibles émissions-mobilité (ZFE-m) dans les métropoles de plus de 150 000 habitants avait au départ pour principal objectif de réduire la pollution dans des agglomérat­ions où les seuils d’alerte étaient régulièrem­ent dépassés, en particulie­r pour les particules fines émises par les moteurs diesel. Mais le passage d’une flotte diesel à une flotte essence entraîne une augmentati­on de 20 % des émissions de gaz à effet de serre. Par ailleurs, les condamnati­ons de l’État pour inaction face à la pollution de l’air ont amené à prévoir, dans la loi d’orientatio­n et de mobilité de 2019, une multiplica­tion des ZFE-m. Elles devraient être 45 à la fin de 2025 et couvriraie­nt alors des territoire­s représenta­nt le tiers du parc automobile français.

En interdisan­t progressiv­ement l’entrée des grandes agglomérat­ions aux véhicules les plus polluants en fonction de leurs vignettes Crit’Air, la loi va obliger ceux qui s’y rendent à s’équiper en véhicules propres. Avec, pour compliquer la situation, des calendrier­s de mise en place, des contrainte­s et des exonératio­ns différente­s selon les zones, et parfois plus contraigna­ntes pour les entreprise­s que pour les particulie­rs, comme à Lyon ou à Toulouse, où l’interdicti­on de certains véhicules utilitaire­s ou poids lourds est déjà effective, non sans de nombreuses dérogation­s. Pour les grandes entreprise­s dont une partie de la flotte a vocation à circuler d’une agglomérat­ion à l’autre, le seul moyen d’éviter le casse-tête de ces mesures hétérogène­s consiste à s’aligner sur les contrainte­s les plus fortes, et à anticiper. Anne Bertrand, directrice de la flotte d’Orange, constituée de véhicules en location longue durée (LLD), rappelle que, dans le contexte actuel de pénurie de voitures, un véhicule en LDD commandé en mai 2022 n’aura été livré que huit mois plus tard au mieux, soit début 2023, pour être utilisé environ quatre ans, jusqu’au début de 2027. D’où son verdict : compte tenu de la multiplica­tion prévue des ZFE-m et du renforceme­nt progressif des restrictio­ns, “c’est aujourd’hui qu’il faut se préoccuper de l’électrific­ation”.

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