Le Nouvel Économiste

Non aux déchets du BTP dans le bocage du Gâtinais

Les habitants s’élèvent contre un projet de décharge de 1,8 million de tonnes à Thoury-Férottes. Décision préfectora­le attendue fin février.

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Les habitants ont appris la nouvelle en octobre dernier grâce à une associatio­n locale, Environnem­ent bocage Gâtinais. La société Docks de Limeil-Brevannes (DLB), filiale d’Eurovia basée à Bonneuil- surMarne, dans le Val- deMarne, a prévu d’ouvrir une décharge d’une capacité de 1,8 million de tonnes de déchets, pour une durée de quinze ans, au lieu-dit “Les Justices”, dans le village de Thoury- Férottes, au sud de Montereau- Fault- Yonne. “Nous avons appris à cette date l’ouverture d’une phase de consultati­on publique pour un projet d’installati­on de stockage de déchets inertes. Ce n’est pas une procédure avec enquête publique, mais une procédure allégée. Après la consultati­on publique et la consultati­on des mairies, le dossier déposé en préfecture est analysé par le préfet dans un délai de trois mois”,

indique Arnaud Eymery, président de l’associatio­n Stop décharge Gâtinais, qui a été créée par des habitants inquiets des conséquenc­es environnem­entales de cette décharge à ciel ouvert.

Ce qui préoccupe les riverains de Thoury-Férottes mais aussi, à proximité, ceux de Voulx et de Chevryen-Sereine ? “Il y aura des déchets de chantiers de BTP, par exemple, et des déblais des chantiers du Grand Paris Express, mais nous n’en connaisson­s pas la proportion”, ajoute le président de l’associatio­n. Les habitants

s’interrogen­t aussi sur la présence annoncée de métaux lourds comme l’arsenic, le cuivre, le mercure, le plomb, ou de sulfates.

1 700 signatures contre la décharge

Les champs où la décharge sera aménagée sont par ailleurs des zones de biodiversi­té importante­s, qui risquent d’être mises à mal. “La Ligue de protection des oiseaux (LPO) et des naturalist­es locaux ont constaté la présence d’une soixantain­e d’espèces, dont certaines sont protégées,

regrette Arnaud Eymery. Nous contestons les analyses en matière d’eau, que nous estimons trop légères. Nous avons également beaucoup d’inquiétude­s sur le prix de l’immobilier : le passage de 20 à 40 camions quotidienn­ement entraînera des nuisances sonores, ce qui risque de dévalorise­r les habitation­s.”

Le projet du Grand Paris Express lui-même suscite quelques réserves auprès des habitants. “Nous sommes destinatai­res des terres [de déblais, ndlr] d’un mégaprojet dont la vocation serait uniquement de relier des grands pôles de compétitiv­ité. Alors que le fin fond de la Seine-et-Marne a droit à un réseau ferroviair­e de mauvaise qualité, où les retards sont fréquents, le centre urbain a droit à son métro automatiqu­e. Il y a deux poids, deux mesures”, estime Arnaud Eymery.

Une pétition a été lancée contre le projet de décharge. Elle réunit à ce jour 1 200 signataire­s en ligne et, en comptant les signatures sur papier, plus de 1 700 personnes au total, assure l’associatio­n, qui a reçu le soutien du président de l’Associatio­n des maires ruraux de Seine-et-Marne. La préfecture doit rendre sa décision d’autoriser ou non la décharge, le 20 février.

“Nous sommes destinatai­res des terres [de déblais] d’un mégaprojet dont la vocation serait de relier des grands pôles de compétitiv­ité, alors que le fin fond de la Seine-et-Marne a droit à un réseau ferroviair­e de mauvaise qualité. Il y a deux poids, deux mesures.”

A. T.

“Le passage de 20 à 40 camions quotidienn­ement entraînera des nuisances sonores, ce qui risque de dévalorise­r les habitation­s”

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Les signataire­s de la pétition craignent pour la biodiversi­té, importante dans les champs où la décharge sera aménagée.

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